Chapitre 6

3 minutes de lecture

 Ce malade m'a offert un pendentif avec un magnifique renard en plaqué or et des petites pierres semi-précieuses. Il a dû dépenser une vraie fortune ! Lui qui bosse comme un fou juste pour se payer ses études. Oui, je sais, c'est censé être gratuit. Mon oeil ! Entre les frais d'inscription, le matériel, les livres, les sorties éducatives, les repas, et j'en passe. Sans compter ceux qui louent une chambre ou un studio sur le campus ou dans la ville pour éviter de se lever à cinq heures du matin pour prendre le bus ou le train, et de se coucher vers minuit (ou plus) après être rentrés et avoir fait leurs devoirs.

 Matt et moi avons de la chance, nous vivons chez nos parents, proches de la fac, mais nous sommes peu de veinards. Il n'empêche qu'il finance ses études en travaillant au MacDo. Il veut faire des économies pour s'offrir un PC gamer, tout en payant un loyer à ses parents (à son initiative), et en payant les frais vétérinaires de son lapin. Et là, il a tapé dans son maigre pécule pour m'offrir le pendentif sur lequel j'ai craqué quand on est passés devant en ville.

 J'ai l'air fine moi avec mon album photo scrapbooké qui retrace notre amitié depuis l'école primaire. Vu son sourire, ça lui plaît, mais je me sens mal ! Tout ce que ça m'a coûté, c'est du temps et l'impression des photos (oui, bon, si on veut être tâtillon, il y a aussi l'album, les stickers, la peinture etc.).

  • Je... je me sens nouille là...
  • Bah pourquoi ?
  • Matt, tu viens de m'offrir un cadeau qui a dû te coûter un mois de salaire, et moi je débarque avec mon pauvre album photo...
  • Tu rigoles ? T'as pris du temps que tu n'as pas pour me faire un cadeau personnalisé qui me suivra toute ma vie et qui me rappellera toujours nos délires ! Et quand tu seras riche et célèbre, ça vaudra de l'or !!
  • T'es con !
  • Hey ! Je ne rigole pas ! Un jour tes oeuvres seront exposées, tes goodies partiront comme des petits pains, plein de gens s'arracheront tes prints et tes vidéos feront des millions de vues ! Et tu oublieras que je t'ai offert ce pendentif. Si ça se trouve, tu m'oublieras tout court.
  • Jamais.
  • T'en sais quoi ?
  • T'es mon meilleur ami, mon confident, celui qui est là dans les bons et les mauvais moments, qui connaît tous mes secrets, avec qui j'adore faire du camping... Celui que je cherche des yeux dès que j'arrive à la fac, avec qui j'adore sortir, étudier, rire, penser, danser, pleurer, manger... Tu as même déjà dormi dans mon lit tellement je te fais confiance !
  • Bah voilà, tu me fais chialer. J'exige un câlin.

 Et bien sûr, il a eu son câlin. Je me sens bien dans ses bras, mais ça je ne lui avouerai jamais. Il prendrait peur. Je ne veux surtout pas le perdre.


  • Matt, dis, ça te dit pas que demain on aille à Cultura ? J'ai des trucs à acheter pour ma boutique en ligne. Comme ça tu pourras aussi choisir quelques bricoles pour tes cours. C'est moi qui offre !
  • OK. Vers quatorze heures, ça te va ?
  • Yep ! Et on ira se prendre un bubble tea après avec des gaufres.
  • Pourquoi pas, on pourra juste passer au Carrefour avant s'il-te-plaît ? J'ai des petites courses à faire pour la semaine.
  • No problem. Tu manges avec nous ce soir ? Dis oui !!!
  • Oui, avec plaisir. J'adore les petits plats de ta maman. Laisse-moi juste appeler mes parents pour les prévenir.
  • Bien sûr ! Passe-leur le bonjour de ma part si tu veux bien.
  • Mais oui, comme toujours voyons !

 Ce soir, c'est lasagnes maison, miam ! Un plat réconfortant au milieu des gens que j'aime le plus au monde. Comment ne pas me sentir mieux après ça ? Après manger, Matt et moi ferons la vaisselle, comme chaque fois qu'il mange à la maison, et ensuite soirée jeux de société ! Avec un peu de chance, il dormira ici pour éviter de prendre la route trop tard. Il a déjà prévenu ses parents que ça risquait d'arriver et qu'il enverrait un SMS à sa maman pour leur dire ce qu'il en est.

 Mon anxiété baisse, mes sourires sont de plus en plus vrais, et j'ai envie de peindre ce moment si parfait. Je sors mes aquarelles, mon carnet, et j'immortalise cette soirée. C'est moins précis qu'une photo, c'est vrai, mais plus authentique je trouve. Et ça me permet de travailler ma peinture. J'aime tellement ce genre de parenthèse de vie, un peu comme une bulle figée dans le temps et surtout gravée dans ma mémoire. J'espère en vivre encore plein dans les années qui viennent.



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