— Alleeez, viens..., insistait la jeune fille en le tirant par la manche.

Sceptique, pas rassuré du tout, il hésitait entre la suivre et gagner en estime dans son esprit, ou partir en courant et passer définitivement pour une tapette. Et devant la fille la plus jolie, mais aussi la plus populaire du collège, en prime.

Le choix était vite fait. Il gonfla ses maigres biceps, et, feignant l'ennui, n'opposa plus de résistance.

— Ok, ok, je viens. Mais quand tu me parlais de rencard, je pensais plus à un ciné tranquille ou à une balade sur les quais... alors que là...

Elle leva les yeux au ciel :
— Ce que tu peux être rasoir comme mec ! Aujourd'hui, je te donne l'occasion de sortir de ta vieille vie de geek, alors profite ! Et puis, ajouta-t-elle avec un sourire mutin, ça sera pas plan-plan comme rendez-vous, t'en fais pas...

Elle se mordit la lèvre et lui lança un regard langoureux. Il se sentit rougir instinctivement et quelques images lui traversèrent la tête. Il était pourtant loin d'imaginer ce qu'elle avait prévu de faire quelques minutes plus tard.

Hier, quand elle était venue le voir dans la cour de récré, il avait cru rêver. Jamais cette fille ne s'était approchée de lui d'une quelconque façon, et pourtant, c'était bien la réalité. Quand elle lui avait parlé, il était presque au septième ciel... Et elle ne semblait pas se moquer de lui, en plus.

Elle lui avait dit qu'elle avait peur de s'ennuyer ce weekend, et si ça lui plairait qu'ils sortent un peu. Bon, pas le top du romantisme, c'est sûr, mais il n'allait certainement pas dire non.

C'était sa seule chance de se démarquer, et il comptait bien en profiter, ne serait ce que pour prouver aux autres que non, il n'était pas juste le puceau coincé de quatrième, le geek asocial du collège.

Il avait donc accepté cette proposition qui semblait tomber du ciel, et noté le rendez-vous.

Et c'est pour cette raison qu'il se trouvait ici, dans ce quartier pourri, flippant et mal fréquenté, mais en charmante compagnie.

Elle lui avait dit qu'elle avait envie de"partir un peu à l'aventure".

A présent, ils étaient en train de s'approcher d'un des bâtiments, le onze visiblement.

-Regarde, s'exclama Sasha. Une fenêtre cassée ! A notre hauteur ! Suis moi, la visite est gratuite aujourd'hui...

Un peu effrayé, il se tourna vers elle, mais, en voyant ses yeux pétillants, il ne put rien lui refuser.

Après tout, pourquoi pas...

En silence, ils enjambèrent la vitre et entrèrent dans les locaux. Mais ils durent bien vite admettre qu'il n'y avait rien de très amusant à voir, d'autant plus que la majorité des bureaux étaient fermés à clef.

Ils ne s'attardèrent pas. Quelques secondes après en être sortis, elle s'approcha doucement de lui et, sur la pointe des pieds, commença à l'embrasser.

Figé de stupeur, il ne réagit pas. Puis, émoustillé, et malgré tout son manque d'expérience, il lui rendit son baiser avec ferveur.

-Tu sais, sous tes airs blasés et je-m'en-fous-de-tout, je te trouve plutôt pas mal, lui avoua-t-elle. Et puis, ajouta la jeune fille en glissant ses mains sous son tee-shirt, t'es assez bien foutu... Suffirait que t'arrêtes de te cacher sous ces vêtements ridicules et puis...

Touché, Matt accentua son baiser et la poussa doucement contre un mur.

C'était le moment, il le savait, il le sentait.

Et Sasha semblait si réceptive à ses caresses, qu'il se sentait trop bien parti pour s' arrêter là.

Un moment, voulant sans doute reprendre le contrôle, elle les fit changer de position.

Il avait désormais une vue presque totale sur le bâtiment d'en face.

Un instant, il leva la tête et regarda rapidement le numéro, peint en rouge sur la façade sale et recouverte de tags.

Brusquement, ses yeux s'écarquillèrent : il venait de voir, en l'espace de quelques secondes à peine, une petite silhouette passer en coup de vent devant l'une des fenêtres, la plus haute. Une seconde plus tard, même scénario mais cette fois, la silhouette était plus grande, plus large.

Il cligna les yeux. Plus personne. Et Sasha qui continuait ses caresses, de plus en plus entreprenantes, de plus en plus plaisantes...

Il fronça les sourcils. Qu'avait-il vu, au juste ? Une personne courant après une autre ? Des fantômes de passage ? Un simple rêve, son imagination qui s'égarait ?

La main de Sasha terminait sa course vers son bas ventre, et taquinait désormais la bosse qui grossissait son pantalon.

Puis, d'un mouvement imperceptible, il haussa les épaules et lui rendit ses caresses.

Après tout, il avait des choses bien plus importantes à faire, aujourd'hui...