extrait du chapitre 57 de "L'invisible"
Madame la proviseure principale, ma motivation, principale, est de suivre la ligne directrice qui nous amène au diplôme, qui nous amène en classe préparatoire, qui nous amène en école, qui nous amène au travail puis à la reconversion avant une retraite bien méritée en attendant la fin, car sans ça il n'y a pas de vraie vie, la vraie vie d'à côté, celle de nos rêves, de nos véritables aspirations, de nos envies, de nos désirs, de sentir notre cœur battre quand l'être aimé nous rejoint ou disparaît, de donner la vie, de répandre l'amour derrière cette couverture sociale, celle qui nous définit, celle qui restera dans les mémoires, les rapports et les notes, tout ce qui recouvre notre véritable essence faite de passion, de chair et de sang, notre … humanité. Alors, madame, ce qu'il en est vraiment, ce n'est pas cette éducation obligatoire jusqu'à 16 ans, c'est juste cette prise de conscience qu'à chaque seconde, je sais, madame, que je suis tout simplement vivante, et que cette force me guide, efface toutes les contraintes et motive chacun de mes gestes, de mes caresses à l'être aimé, de la Foi qui anime mon esprit et mon âme, loin de la futilité matérialiste capitaliste moderne qui nous est enseignée, loin des programmes de compétences à acquérir, il s'agit tout simplement de sentir, d'écouter, de suivre et de faire grandir ce qu'il y a de plus pur en nous, ce qui nous définit, le meilleur de nous-même, notre inspiration. Posez-vous la question. Qu'est ce qui vous inspire ? Pour quoi êtes vous prête à donner votre vie au lieu de vous priver de votre temps, de suivre le programme qu'on a tatoué sur votre destin. Quelle est votre véritable inspiration ? Qu'en est-il vraiment ? Parce que moi, c'est juste l'amour. Celui qu'on doit trouver, celui qu'on doit défendre, celui pour lequel on est prêt à tout, même s'il faut se cacher derrière un rôle de théâtre tragique, celui de l'existence que vous nous proposez, avec ses actes et sa dernière page, sans suite. Où en est-vous avec l'amour ? Où en êtes-vous avec votre humanité ? Ce n'est pas à moi de vous le dire. Vous pouvez trouver la réponse toute seule, il suffit de regarder sur votre boîte à lettres en rentrant chez vous ce soir. Combien y a-t-il de noms inscrits sur cette petite porte de votre vie ?
Annotations
Versions