Chapitre 16

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Loubens-Lauragais, Haute-Garonne

Philippe et Ange regardaient les feuilles sortir de l’imprimante. En deux minutes, ils eurent en main l’analyse sanguine complète ainsi que la note d’accompagnement signée du biologiste.

Ange laissa les données scientifiques à son ami et se concentra sur les notes.

— GHB et benzodiazépine, pas étonnant que Mélodie ne se souvienne de rien, commenta le policier.

— Oui, elle a eu de la chance de s’en tirer sans plus de dommages, les concentrations sont encore assez élevées, compléta Philippe.

— Quoi qu’il en soit, je ne peux pas garder cette affaire sous le manteau. Je dois en référer au Parquet. Je suis désolé pour la réputation du couvent, mais je pense que le procureur décidera d’engager des poursuites. Il peut confier l’enquête aux gendarmes du coin, mais je pense que je peux le convaincre de me laisser continuer à la mener.

— Je pense que ce serait préférable pour tout le monde. Je te laisse passer tes coups de fil. On se retrouve pour le dîner.

Ange regagna sa chambre pour appeler le substitut de permanence. Un samedi soir, en fin juillet, il ne devait pas y avoir foule dans les bureaux.

Le policier n’ayant pas encore eu l’occasion de travailler dans ce secteur, préféra auparavant appeler la PJ de Toulouse pour obtenir les coordonnées du Parquet compétent.

— Commissaire Segafredi, passez-moi l’OPJ de garde je vous prie.

— Lieutenant Lopez, que puis-je faire pour vous Commissaire ?

Ange ne s’était pas encore vraiment habitué au vouvoiement imposé par la hiérarchie, un dommage collatéral imputable à la fonction.

— Bonjour Lopez, la soirée est calme à Toulouse ?

— Rien que de la routine, pas de problème sérieux pour le moment.

— Bien, tant mieux, j’aurais besoin que vous fassiez quelques recherches dans les fichiers. Béatrice Moreau, née en 1975 ; jusqu’il y a neuf ans, elle préférait se faire appeler Mélanie et habitait Labège. J’aimerais que vous cherchiez un peu ce qu’on pourrait avoir sur elle. N’hésitez pas à chercher du côté des mœurs, prostitution, clubs louches… J'ai aussi Mario Da Costa, jardinier, domicilié à Sorèze, Tarn.

— Pas de problème, Commissaire, je m’y attelle tout de suite. Est-ce que je peux me permettre de vous demander ce qui motive cette demande, sauf votre respect ?

— Je ne peux pas trop entrer dans les détails et j’en sais encore très peu, mais la femme a été agressée sexuellement et droguée la nuit dernière. J’ai été impliqué par hasard. Je vous expliquerai lundi. Et j’aurais aussi besoin que vous m’indiquiez les coordonnées du substitut de permanence sur le sud du Tarn.

— Ne quittez pas Commissaire, je regarde ça tout de suite.

Ange patienta quelques instants, puis l’OPJ lui annonça :

— Claire Parayre, du Parquet de Castres, c’est elle qui est de garde ce week-end. Je vous envoie les coordonnées par texto.

— Merci Lopez, si vous trouvez quelque chose de sérieux sur cette femme, envoyez moi un résumé par mail demain matin. Sinon, on verra ça lundi.

— Pas de problème, bonne soirée Commissaire.

Le numéro arriva quelques secondes plus tard. C’était une ligne directe en 06.

— Claire Parayre ? Désolé de vous déranger un samedi soir, Commissaire Segafredi, du SRPJ de Toulouse.

— Il n’y a pas de mal Commissaire, je suis de permanence, pas en week-end. Je ne pense pas que nous ayons eu l’occasion de travailler ensemble.

— En effet, je ne suis à Toulouse que depuis quelques semaines et j’aurais préféré une façon plus élégante pour faire connaissance.

Ange relata en détail les événements de la journée. La magistrate l’écouta avec attention, avant de demander pourquoi les religieuses n’avaient pas fait appel à la Gendarmerie locale.

— Et bien, à vrai dire, je ne sais pas trop. Je crois comprendre que les Sœurs ne souhaitaient pas que ce qu’elles prenaient pour une simple mésaventure ne soit connue dans la région.

— Si je comprends bien ce que vous m’avez expliqué, on parle d’une femme droguée et violée. Ce n’est pas vraiment une simple mésaventure.

— Je suis tout à fait d’accord avec vous, c’est pourquoi je vous appelle. Etant donné que j’ai été involontairement mêlé à cette affaire, je sollicite votre aval pour conduire les investigations.

— La Brigade de Recherche de la Gendarmerie ne va pas apprécier qu’on leur retire le pain de la bouche.

— Ils ne sont même pas encore au courant. Vous ne leur enlèverez rien.

— Bon, après tout, c’est vous qui aurez à gérer ça le cas échéant. Allez-y, je vous donne quarante-huit heures pour qu’on y voit un peu plus clair. Je ne veux pas vous apprendre votre métier, mais j’aimerais déjà savoir qui est vraiment cette Béatrice ou Mélanie Moreau.

— C’est bien entendu par là que nous allons commencer. Je vous souhaite une bonne soirée. Je reprendrai contact avec vous dès lundi.

— N’hésitez pas à me faire part de toute information dès que possible. Je travaille demain, vous pouvez passer me voir !

Après avoir raccroché, Ange regarda sa montre. Dix-huit heures quarante-cinq, une heure de plus en Grèce, il avait le temps d’appeler Julie avant le dîner.

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