Chapitre 18
Toulouse, dix ans plus tôt
*** Explicite ***
Le taxi s’arrêta pour déposer ses clients dans une petite rue du quartier du Busca, proche du canal du Midi. Le couple attendit que le véhicule ait tourné au coin de la rue avant de se diriger vers une propriété ceinte d’une haute grille, quelques dizaines de mètres plus loin.
— Tu es toujours bien d’accord, demanda l’homme à sa compagne ?
— Oui, mais tu restes avec moi.
L’homme pressa le bouton de l’interphone, un spot s’éclaira au dessus d’une camera. L’interphone grésilla quelques secondes.
— Monte-Cristo, prononça l’homme en guise de présentation.
La porte se déverrouilla dans un claquement sec.
Une allée dallée menait à la villa proprement dite, située au milieu d’un vaste jardin arboré.
La double porte était accessible par une volée de marches de pierre. Un homme en tenue de majordome les attendait à l’entrée.
— Si vous voulez bien me suivre, le vestiaire est sur votre gauche.
L’homme et la femme confièrent leurs manteaux à une jeune femme habillée en soubrette.
— Par ici, je vous prie.
Le majordome les mena vers un grand salon où plusieurs couples devisaient autour d’un vaste buffet. Les hommes portaient des complets sombres, quelques uns étaient en smoking. Les femmes étaient toutes vêtues de robes à la coupe audacieuse, certaines très courtes, d’autres longues et fendues. Un serveur leur proposa une coupe de champagne, puis leur guide les conduisit vers un petit groupe au milieu duquel un homme menait la conversation. Il s’interrompit en les voyant arriver.
— Mes amis, je vous présente Maître Pujol-Lacrouzette, mon notaire et sa charmante compagne.
Il prit le poignet de la femme pour un délicat baise-main.
— Je vous en prie, pas de Maître ce soir, appelez-moi Jacques, et voici mon épouse, Béatrice.
La femme offrit un élégant sourire en complément de cette présentation.
Comme son mari le lui avait demandé, elle portait une robe de satin rouge, largement décolletée sur le devant, laissant le dos nu. Un simple regard suffisait pour voir qu’elle ne portait rien dessous.
— C’est votre première soirée parmi nous, reprit l’hôte. J’espère que l’ambiance et la compagnie seront à votre goût. Je vous invite à profiter du buffet et faire connaissance avec mes invités. Certains ne seront peut-être pas des inconnus pour vous. Je vous ferai découvrir la maison dans quelques minutes, si vous le voulez bien.
Suivant ces recommandations, l’homme et la femme déambulèrent de groupe en groupe, captant ici et là un regard appuyé ou un sourire engageant. Certaines femmes avaient des robes si largement ouvertes qu’elle offraient généreusement leurs poitrines aux regards appréciateurs. Jacques salua un homme accompagné d’une grande femme à l’allure androgyne, il le présenta à Béatrice comme « un confrère ». La femme déshabilla Béatrice du regard, avant de lui susurrer :
— Je suis à toi quand tu veux, ma chérie.
Comme son mari s’éloignait déjà, elle n’eut pas à répondre, mais capta un petit signe de la main.
— Tu ne trouves pas que ces gens sont bizarres ?
— Qu’est-ce qui te parait bizarre ? répondit Jacques.
— Cette… femme là, qui me drague ostensiblement, et puis ces autres femmes, qui sont pratiquement seins nus ?
— Ah oui, peut-être, c’est plutôt plaisant à regarder, non ?
D’autres couples étant arrivés après eux, il y avait maintenant une bonne trentaine de personnes dans le salon. Béatrice remarqua que certains commençaient à se diriger vers les autres pièces du rez-de-chaussée ou montaient à l’étage.
— Tu veux aller voir, demanda son mari ?
Comme il prononçait ces mots, leur hôte se glissa entre eux et les prit chacun par un bras.
— Vous vous demandez ce que ces gens vont faire à l’étage ? Venez, je vais vous guider.
L’escalier était large, avec un palier intermédiaire. Un couple y était enlacé, la main de l’homme remontant sous la robe largement retroussée d'une femme rousse.
Au premier, un vestibule desservait 4 pièces et un corridor. Des couples étaient debout à l’entrée de deux des chambres, observant ce qui se passait à l’intérieur. Des bruits caractéristiques étaient perceptibles, soupirs et gémissements de femmes, halètements d’hommes en rut. Dans l’ombre du corridor, une femme accroupie pratiquait une vigoureuse fellation à un homme en smoking. Une coupe de champagne à la main, il versait régulièrement quelques gouttes sur son sexe, que la femme aspirait goulument.
— Ne craignez rien, murmura l’amphitryon dans l’oreille de Béatrice, rien n’est imposé.
Sa main glissa sur les reins de la jeune femme qui frémit, mais ne se déroba pas.
— Allons voir de plus près.
Sa main se fit plus pressante sur la hanche comme il lui faisait franchir le rideau des voyeurs. Dans la chambre, sur un grand lit, une femme aux longs cheveux blonds était allongée, les jambes largement écartées, totalement nue. Une autre femme, brune, avait introduit deux doigts dans son vagin et la masturbait lentement. De chaque côté, deux hommes, les maris sans doute, caressaient les seins et le corps alangui.
L’hôte prit la main de Béatrice et la dirigea vers la croupe offerte de la brune. Elle la retira vivement, comme si elle s’était brulée.
— Ne crains rien, elle n’attend que ça. Recommence.
Béatrice avança sa main, timidement, pour une caresse rapide sur la fesse ronde. Toute à sa besogne, la femme se cambra d’avantage, pour s’offrir à l’inconnue. L’homme prit doucement le poignet de Béatrice et l’amena délicatement vers le sillon ouvert. La jeune femme sentit l’humidité sur les lèvres, mais n’alla pas plus loin.
— Elles sont belles, n’est-ce pas ? Tu aimes les regarder ?
— Oui, c’est vrai, c’est très agréable et qu’y a-t-il à côté ?
— Allons-y !
Ils repassèrent le rang des couples venus admirer la prestation. Jacques était resté en arrière et les rejoignit alors qu’ils se dirigeaient vers une autre pièce. Les sons qui en sortaient étaient beaucoup plus forts. Une femme criait son plaisir sans retenue. Comme précédemment, sans se préoccuper de son mari, l’homme poussa doucement Béatrice à l’intérieur. Ce faisant, ses mains se firent plus pressantes sur le bas de son corps.
Un homme noir était allongé sur le dos. Une femme d’âge mur chevauchait son membre imposant, ses seins lourds venant fouetter la poitrine de son partenaire en cadence. Un deuxième homme s’efforçait de s’introduire par la porte étroite. Quand il y parvint, la femme poussa un long cri, mélange de douleur et d’extase, écrasant son buste sur celui de l’homme au-dessous d’elle. Alors le deuxième homme commença ses va-et-vient, lentement d’abord, puis de plus en fort, enfonçant son sexe jusqu’aux couilles dans le cul de sa partenaire, qui continuait à l’encourager.
Béatrice était fascinée par le spectacle. Elle avait bien vu quelques films pornos, mais n’avait pas imaginé assister ainsi en « direct » à une telle scène.
— Et ce n’est rien, souffla son chaperon dans l’oreille, après ces deux là, elle en demandera d’autres. Et il y aura toujours des volontaires pour prendre la place.
Tout en murmurant, ses mains commencèrent à s’activer doucement. De la hanche, la droite glissa sur la fesse, tandis que la gauche passait sous son bras, en direction de son sein. Béatrice sentait une bosse grossir dans le pantalon, dans son dos, puis la main s’aventura plus encore, un doigt s’insinuant entre ses cuisses. Elle n’osait pas bouger, tiraillée entre sa conscience qui lui recommandait de quitter ce lieu et son plaisir qui montait doucement en elle.
Jacques brisa le charme en se frayant un passage jusqu’à sa femme.
— Viens, il y a des endroits plus calmes.
Ils explorèrent les différentes chambres. Toutes étaient occupées par des hommes et des femmes, pratiquant le sexe sous toutes ses formes. Dans l’une d’elle, des accessoires rappelaient une salle de torture du moyen-âge. Dans une autre, des trous étaient percés dans une cloison par desquels dépassaient des sexes d’hommes. Quelques femmes, et aussi des hommes, passaient et prodiguaient caresses ou fellations à ces membres anonymes.
Ayant fait le tour des lieux, ils redescendirent pour boire un verre. Autour du bar, toutes les femmes étaient maintenant plus ou moins dénudées, certains hommes également. Les regards se tournèrent vers Béatrice qui se rendit compte qu’elle était la seule femme encore complètement habillée, bien visible dans sa robe rouge. Une femme vêtue d’un simple string s’approcha d’elle et l’embrassa avec avidité. Elle se dégagea et se serra contre son mari.
— Partons d’ici. J’en ai assez vu pour ce soir.
Annotations