Chapitre 29

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Saissac, Aude

Ange avait donné rendez-vous à Samira et son groupe à la gendarmerie de Saissac, après un rapide déjeuner. Il avait ensuite quitté Toulouse pour retrouver Claire Parayre. Le tribunal de Castres se situe au cœur de la vieille ville, au détour d’une petite rue. Le commissaire dut se référer à son GPS pour en trouver l’accès. Il laissa sa voiture de fonction dans la cour, en se faisant reconnaître du planton.

— J’ai rendez-vous avec le substitut Parayre, je n’en ai pas pour longtemps. Je vous laisse ma voiture.

— Mes respects, Commissaire, le bureau des substituts est au 2ème étage.

Le tribunal était installé dans un ancien hôtel particulier du 18ème siècle. Ange gravit un escalier vénérable pour arriver à un étage où les bureaux étaient mansardés. Les lieux lui rappelèrent, avec un peu de nostalgie, le 36 quai des Orfèvres.

Claire Parayre l’attendait en discutant avec une autre personne.

— Voila mon chauffeur. J’ai failli attendre.

Ange regarda sa montre.

— Il est trois heures moins le quart, c’est moi qui suis en avance.

— Ah, si vous le dites. Bon, allez on ne va pas trainer ici, c’est sinistre, et il fait une chaleur à mourir. Vous savez qu’en enquête préliminaire, la perquisition devrait être autorisée par le propriétaire ?

— Oui, je connais le code, mais en l’état, le propriétaire est inconnu et le bâtiment à l’abandon.

— En cas de découverte de preuve, un bon avocat pourrait faire annuler la procédure.

— Je sais, j’en connais une excellente !

— Dans la région ?

— Non, au barreau de Paris. Brigitte de Loubennes. Le nom vous dit quelque chose ?

— Vous êtes sérieux ? Brigitte et moi avons fait une partie de nos études ensemble. Elle a choisi le côté obscur, mais nous sommes restées en contact. J’étais à son mariage avec ce beau gosse, bonne famille, belle carrière, une belle prise. J’ai eu moins de chance qu’elle, regardez où j’en suis, petite parquetière dans un trou perdu à attendre un mari qui risque de se faire trouer la peau au fin fond du désert.

Ange essaya d’imaginer le mariage de Philippe et Brigitte. Il devait y avoir du beau monde.

— Allez, en route, je prends mes affaires et on y va.

Ange appela l’adjudant Massart pour la prévenir qu’ils se mettaient en route.

— Si vous venez de Castres, vous allez prendre par la montagne, par Arfons, et vous allez passer devant les lieux à perquisitionner. Je vous propose qu’on se retrouve sur place. Je laisserai un homme au bout du chemin.

Une grosse demi-heure tard, Ange aperçut la silhouette du gendarme et s’arrêta à sa hauteur.

— Je pense que je pourrais trouver le chemin seul, mais vous n’allez pas rester là ! Montez.

Un peu avant d’arriver au château, deux véhicules de la gendarmerie et une voiture de la PJ étaient arrêtés sous les arbres. Un autre gendarme leur fit signe de se garer au même endroit.

— Merci de laisser votre véhicule ici. Nous préférons ne pas trop dégrader les empreintes de pneus. Nous avons demandé que des moulages soient effectués.

— Bonne initiative, répondit Claire. Je suis le substitut Parayre, du parquet de Castres.

— Mes respects, Madame.

— Bon, où est le reste de l’équipe ?

— Dans la chapelle, Madame, le chemin sous les arbres, sur la gauche du château. Ils vous attendent pour entrer dans le bâtiment principal.

Le gendarme regarda la magistrate s’éloigner avec un regard appréciateur. Elle était diablement séduisante, les fesses serrées dans un jean « skinny », chaussée de petites bottines à talons, un simple débardeur en guise de haut.

— Vous avez trouvé d’autres preuves ? demanda-t-elle à Massart.

— Pas plus que ce que nous avons envoyé hier soir. Vous l’avez reçu ? demanda-t-elle à Samira.

— Quand nous sommes partis du service, je ne les avais pas encore.

L’adjudant précisa pour la magistrate.

— Nous avons trouvé des mégots de cigarettes et de cigare, ainsi que des fragments de verre assez fins, peut-être une flute à champagne. Les plus gros morceaux avaient été ramassés.

— S’il n’y a plus rien à trouver ici, on peut passer au château ? demanda Parayre.

— Oui, bien sûr.

Le groupe se déplaça jusqu’à la porte principale du bâtiment. Comme Ange l’avait constaté la veille, elle était bien verrouillée. Un gendarme s’approcha avec un long pied de biche et força l’entrée.

Ange détecta immédiatement l’odeur prégnante de la fumée de cigare.

— On a fumé ici, il y a peu de temps.

L’intérieur du château était moins délabré que l’aspect extérieur ne le laissait penser. Les pièces étaient encore meublées, quoique de façon assez spartiate. Seul un salon avait fait l’objet d’un peu plus de soins. Deux canapés se faisaient face de part et d’autre d’une vaste cheminée, qui n’avait pas servi depuis longtemps. Ange passa la main sur le cuir, il n’y avait quasiment pas de poussière.

— Je vois des luminaires récents. Pouvez-vous regarder si l’électricité fonctionne ?

Samira envoya un homme au sous-sol.

— Commissaire, vous pouvez monter ? demanda une voix venant de l’étage.

Ange s’engagea dans l’escalier, suivi de la magistrate.

— Regardez, dans cette chambre. Un lit et des draps, plutôt propres. On a dormi ici il y a peu de temps.

— Emballez tout ça et cherchez tout ce qui peut porter des empreintes ou contenir de l’ADN. On n’a pas laissé une brosse à dents dans la salle de bains ?

— On va tout examiner. Ne vous inquiétez pas.

La lumière s’alluma soudainement.

— Il y a un groupe électrogène dans une annexe, cria une voix. On vient de le lancer. Il a démarré du premier coup. Le réservoir est plein.

— Cette propriété parait peut-être abandonnée de l’extérieur, mais on y a séjourné il y a peu de temps, conclut le commissaire.

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