Castres, Tarn

S’approchant de la piscine, encore vêtu de son boxer, le policier déclencha une remarque sarcastique de la nageuse.

— Qui a dit que les anges n’avaient pas de sexe ? Tu as peur qu’il ne s’envole ? Tu ne crains rien ici. Il n’y a aucun vis-à-vis.

Le commissaire n’était pas spécialement pudique et il avait connu des situations plus scabreuses (*), mais il était gêné par cet excès de familiarité contraire à la nécessaire distanciation requise par l’exercice de la fonction judiciaire. Il se dit que finalement, aucun des deux protagonistes n’aurait intérêt à rendre cette information publique.

— C’est bon, tu as gagné. J’arrive.

Claire, les coudes en appui sur la margelle, regarda avec un œil intéressé l’ange achever de se dévêtir.

— Dire que j’aurais pu manquer ça. Maintenant viens me rejoindre.

Il hésita un instant, ne connaissant pas la profondeur du bassin, et préféra descendre par l’escalier roman.

— Tu vois, ce n’était pas si difficile. Je lis tes pensées. Tu te dis que le flic et la proc, nus dans la même piscine, ça ferait jaser dans les couloirs du Palais. Tu as raison, mais je sais que ni toi, ni moi n’allons nous en vanter. Tu es seul, je suis seule, on passe un peu de bon temps ensemble après une journée de travail. D’autres iraient boire des bières, nous on barbote un moment.

— La dernière fois que j’ai pris du bon temps avec une femme dans sa piscine, on l’a retrouvée morte une semaine plus tard, dans cette même piscine (**).

— C’est horrible en effet. C’est ça qui te bloque ?

— Qui a dit que j’avais un blocage ?

Ange plongea pour émerger entre les jambes de Claire. Il remonta en se collant à son buste, son sexe en érection venant se caler entre ses cuisses.

— Tu vois, tu me fais de l’effet.

— En effet ! Laisse-moi juger.

La jeune femme prit le sexe entre ses mains.

— Qui es-tu pour juger ? Ton rôle est de mener les investigations, pas de décider.

— C’est ce que je fais, j’évalue la recevabilité de la preuve.

Se laissant couler, elle prit le sexe maintenant fièrement dressé dans sa bouche avant de remonter.

— On ne m’avait encore jamais fait ça, tu as une sirène dans ta lignée ?

— Mes parents étaient républicains, je te l’ai dit. Je n’ai pas été élevée chez les bonnes sœurs.

— Ne me dis pas que tu as appris ça à l’école.

— J’ai fait de la natation synchronisée quand j’étais ado.

Ange posa les mains sur la poitrine de sa partenaire. Claire avait les seins un peu trop fermes pour être totalement naturels. Il se dit que le chirurgien avait bien travaillé. La forme était parfaite. Ana Polina aurait apprécié (***).

— J’ai faim, déclara Claire.

— Tu avais parlé de tapas ?

— Oui, ça veut dire qu’on va improviser avec ce qu’il y a dans le frigo en buvant sur la terrasse.

Elle sortit de l’eau la première, offrant une vue imprenable sur des fesses harmonieusement dessinées. Elle ramassa son vêtement par terre et l’enfila directement sur sa peau mouillée, laissant les pans flotter derrière elle. Le sexe du policier reprit de la vigueur en la voyant marcher vers la maison, délicieusement impudique et provocante.

Claire désigna un jambon monté sur un support de coupe, emballé dans un torchon blanc.

— Coupe-nous quelques tranches, tu veux bien ?

Elle sortit du frigo un bol de tomates cerises et un bocal de tapenade.

— Je vais faire griller du pain pour des toasts. Tu aimes le fromage basque ?

— Si je te réponds que je ne mange que du fromage corse, tu crois que ça fera « cliché » ?

— Le fromage corse est une arme par destination !

— J’ai un permis. Va pour le basque. Je vois que tu as du chorizo. J’en coupe aussi un peu ?

— Oui, si tu veux. Tu préfères le blanc ou le rouge ? J’ai un Gaillac intéressant, Loin de l’œil ou Lendelel en occitan. C’est un cépage très ancien, originaire de la région. Très minéral. Tiens, ouvre-le.

— Si tu le dis. Je ne suis pas vraiment difficile.

Claire disposa la nourriture sur un plateau et demanda à Ange de l’apporter sur la table basse de la terrasse. Elle-même prit deux verres et la bouteille de vin.

Ange, qui avait noué une serviette autour de sa taille, s’installa dans un fauteuil. Claire choisit une méridienne, les pans ouverts de sa robe laissant tout le loisir au policier de profiter de son anatomie. Dans de telles circonstances, seul un saint aurait pu renoncer au plaisir des yeux et l’ange n’était pas un saint.

Ils restèrent un moment sans rien dire, Ange découvrant le vin avec plaisir et picorant quelques morceaux de jambon et de fromage.

— Tu joues au golf ? demanda soudain Claire.

— Je ne suis pas doué, répondit Ange. Philippe, le mari de Brigitte, a essayé de m’initier sans succès.

— C’est pour ça que tu as mis ta balle dans le rough (****), viens la chercher.

Claire prit une tomate-cerise jaune et la plaça sur son pubis, dans le petit buisson de poils sombres et drus qu’elle avait conservé.

Ange s’exécuta sans se faire prier. Il fit mine de promener sa langue dans toute la zone avant de gober le fruit.

— Pas mal, on va rendre le jeu un plus amusant.

Claire écarta les cuisses pour placer une autre tomate, rouge cette fois, entre ses lèvres, juste sur le clitoris.

Le policier tendit la langue au maximum pour venir embrasser le bouton, tout en avalant le leurre. Ayant dégluti, il s’attarda un moment, pour la plus grande satisfaction de sa partenaire.

— Je voudrais que tu me prennes, maintenant, demanda la magistrate.

— Je suis désolé, j’en ai très envie moi aussi, tu le vois bien, mais je ne peux pas. Il y a une limite que je ne peux pas franchir.

— C’est à cause de ta femme ?

— Non, ce n’est pas ça. Disons que ce ne serait pas « éthique ».

— Je peux te sucer alors, Clinton a dit que ça ne comptait pas !

— Si ça ne compte pas, alors…

(*) Lire « Route 66 » :
https://www.scribay.com/text/506372905/route-66--explicite-/chapter/226071

(**) Lire « Route 66 » :
https://www.scribay.com/text/506372905/route-66--explicite-/chapter/229054

(***) Lire « Route 66 » :
https://www.scribay.com/text/506372905/route-66--explicite-/chapter/248874

(****) L’herbe non tondue, en bordure des parcours de golf