Chapitre 5
Edward regardait par la fenêtre circulaire de sa chambre et la lueur du jour brillait. Il songeait au reste de son voyage dans Les Profondeurs. Il admirait la bienveillance de ces gens de la cité et le dépaysement total par rapport à son chez soi.
Cassandra se réveilla en douceur et aperçut l'homme de dos, debout et pensif. Edward sans se retourner, déclara :
- J'ai maintenant notre objectif principal. Nous devons trouver la cité de nos ennemis mais avant tout nous irons plus vite avec des montures.
Cassandra encore assoupi, protesta :
- Doucement ! De quelle cité parlez-vous ?
Edward annonça :
- J'ai eu vent de précieuses informations en discutant avec cet aubergiste. Malheureusement c'est chercher une ville bâtie sur les eaux sans aucune autres indications. J'ai bien peur que cela puisse prendre des lustres.
Cassandra s'alarma :
- Vous rigolez ? Vous voulez trouver une cité inconnue dans ce labyrinthe et une fois que vous y serez, vous les attaquerez seul ?
Edward opina :
- Absolument. A moins que vous avez un plan plus élaboré ?
Cassandra soupira et répliqua :
- Quelle folie. Espérons pouvoir profiter encore de ce paysage.
Les deux compagnons descendirent les marches de l'escalier et ils passèrent juste devant l'aubergiste qui sourit et confia :
- Vous vous en allez déjà ? Dans ce cas je ne vous retiendrez pas plus longtemps. Si jamais vous repassez, j'aurais toujours plaisir à vous accueillir.
Edward salua l'homme :
- Merci pour tout. Nous y songerons à l'avenir.
Ils s'éloignèrent et s'engouffrèrent dans les artères d'Oritia. En cette matinée, la ville était plus calme et quelques enfants s'amusaient à jouer avec des bâtons de bois dans les ruelles. Tandis qu'un homme debout sur un ponton jouait de la lyre et chantait en s'inspirant de l'environnement qui s'offrait à lui.
Ils contournèrent les bâtiments et Edward repéra enfin le marchand de montures. Un homme avec un chapeau en tissu. Son commerce se désignait par une petite grange en brindilles et à côté, un champ de carottes et de radis. Il vanta ses animaux de course :
- Ohé étranger ! Si vous cherchez quelque chose de très rapide et agile, c'est seulement ici que vous trouverez des « Eclaireurs «. On les appelle comme ça car elles s'élancent à vive allure et sont d'une endurance d'acier.
Edward analysa les créatures de plus près, elles avaient un dos aplati et de couleur orangée ou bleutée, une double crête les coiffait. Leurs quatre pattes recouvertes par des griffes d'aciers.
Il accepta l'offre convaincante du marchand :
- Je vous achète une seule monture.
Le marchand se réjouit :
- Vous ne regretterez pas votre achat.
Il amena la monture équipé d'une selle lourde en cuir et Edward testa la bête. Il s'agrippa sur sa croupe et la jugea parfaite. Il invita Cassandra à monter et elle le rejoignit en se positionnant par l'arrière.
Edward se rua à la sortie de la ville et les sabots de la monture, fouettèrent le sol. Il s'élança au-delà d'Oritia dans d'autres contrées.
***
L'Eclaireur galopait sur des kilomètres déjà à travers ce désert. Ses pattes laissèrent des empreintes dans le sable à chaque pas. Une bourrasque soufflait et poussait les grains les sables. Le berceau désertique esquissait quelques cactus et des rochers à l'horizon. Parfois quelques dunes s'exposaient à leur vision. Edward du résister à l'ardeur du climat.
Il devait s'arrêter afin de ne pas trop épuiser la monture. Cassandra fît un saut hors la monture et ses pieds s'enfoncèrent dans l'amas de sable. Edward jeta en même temps un coup d'œil à la localisation. Difficile de voir avec les rayons du soleil qui le brûlait les yeux. Il dû abandonner sa veste pour supporter ce temps affreux.
Ils prolongèrent leur progression en s'enfonçant de plus en plus dans le paysage. Un grognement alarma Edward près d'un canyon. La fuite n'était pas envisageable avec l'Eclaireur encore essoufflé. Il dégaina sa fine lame d'acier et sans attendre, des ombres de bêtes surgirent.
Des chacals avec une rangée de crocs et un filet de sang coulaient de leurs gueules. Une meute de quatre animaux affamés prêt à chasser leurs proies.
Une des bêtes au corps décharné, fonça sur Edward. L'homme s'engagea dans une lutte acharnée, en essayant de la taillader. Elle était vive et une de ses griffes lacéra son épaule droite. Il serra les dents et roula sur le côté en attaquant de nouveau.
Les autres chacals repèrent la monture et Cassandra, en les assaillant. Elle n'était pas douée pour le combat mais dû faire preuve d'agilité pour ne pas se retrouver à la merci de la créature qui la poursuivait.
Edward fût débordé avec tous ces fauves. La mâchoire du chacal alla se refermer sur lui et il esquiva au bon moment. Il brandit sa rapière vers le bas et blessa la créature au flanc. Elle se déstabilisa et il en profita pour enfoncer sa lame mais un autre chacal se jeta brutalement sur lui.
Cassandra paniqua intensément et la situation était critique. Elle vit Edward se débattre de toute sa force avec la créature en l'affrontant au corps au corps tandis que l'Eclaireur se débattit avec les autres. Si ce combat allait encore endurer comme ça, ils seraient perdus.
Le chacal pesait de tout son poids sur Edward et il sentit ses forces faiblirent. La scène lui parut dramatique. Au fond d'un désert, il agonisait lentement dans le sable tandis que Cassandra ne put rien faire pour lui venir en aide.
Elle tomba justement à son tour et la bête alla planter ses crocs dans sa tendre chair. Elle supplia un répit pour ne pas mourir. La jeune femme ne pensa pas que c'était le moment. L'Eclaireur était recouvert de blessures et se cambrait sur le sol.
Edward retourna la situation en un instant et repoussa la bête puis d'un coup de pied il la fit reculer. Il se releva et se tenu l'épaule droite et de son bras valide, sa rapière accrochait à sa main. D'un élan de folie, il provoqua les créatures qui formèrent un cercle.
- Venez stupides bêtes ! Je vais tous vous découper en morceaux.
Cassandra s'emporta de se sentir finalement futile face à ce désespoir. Elle ferma les yeux et appuya ses mains sur sa tête. Elle s'abandonna dans un état incontrôlé. Le grognement des chacals résonnèrent tout autour d'elle. La présence d'Edward qui para et dansa comme un guerrier avec sa rapière d'argent. Elle ressentit une douleur en elle et le vent souffla à travers sa peau. Tout doucement, elle flotta dans les airs. Etait-ce un rêve, une hallucination ? Elle divaguait peut être.
Une énergie soudaine s'insuffla en elle. Une aura bleutée la recouvra complètement et elle trembla. Un choc très violent repoussa les chacals puis ils furent désintégrés. Une à une les créatures n'étaient plus que des cendres. Un pouvoir l'avait envahi. Pourtant la magie n'existait plus. Quel était alors ce don inconnu ?
Lentement, elle retomba sur le sol et elle toucha terre. Un mal de crâne l'envahit et elle s'évanouit. Epuisée par tant de force déployée.
Edward lâcha sa rapière et accourut sur le corps inconscient de Cassandra. Il la porta et la posa sur la monture qui était encore en vie mais blessée à plusieurs endroits.
Il souffrait lui aussi à cause d'énormes plaies sur son corps. Il marcha dans le désert malgré qu'il fût faible et parfois chuta. Il se remit sur la route avec le courage qu'il lui restait. Edward eut l'impression de délirer. Sa tête n'arrêta pas de ne tourner. Il n'y avait que du vide autour de lui. Il marcha à l'infini et le paysage se répéta sans cesse.
L'homme déséquilibré, bascula à chaque instant de gauche à droite. Cassandra toujours hors d'état était allongée sur l'Eclaireur qui la transportait. Edward cru même apercevoir des silhouettes aux loin. Il songea que ce genre de mirage le mettait en doute. Il n'y aura pas d'autres présences qui auraient pu le sortir d'ici.
Le manque d'eau fût aussi pesant. Il se déshydratait et les provisions s'étaient vite épuisées. Edward manqua de souffle et sa gorge se resserra. Une fois de plus, il revit des silhouettes s'approchaient. Sa vision se flouta partiellement. Ensuite, il entendit quelques voix.
Il ignora ses démons qui le hantèrent. Il se posa enfin plusieurs questions. Etait-ce un bon moment pour mourir ? Qui retrouverait son corps dans un endroit pareil et enseveli par le sable ? Il suffisait d'une créature de plus pour l'achever et dans cet état, il était sans défense.
Il fallait qu'il tienne encore quelques minutes. Son corps allait le lâcher. Le temps paraissait couler lentement. Il serra les poings et tomba à genoux.
Il ne sentit plus ses jambes et avec tout l'espoir, il rampa dans le sable en se mouvant avec la puissance de ses bras. Il se hissa sur le ventre dans ce sol brûlant.
Edward cligna des yeux. Ses paupières se refermèrent et avant de s'endormir, les silhouettes étaient encore là. Ces ombres se rassemblèrent autour de lui et la monture portant Cassandra.
Quelque chose les emmenèrent au fond du désert. Justement cette chose disparut avec eux.
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