Chapitre 4
Assis sur une souche, Josh regardait avec envie les discussions des mercenaires. Il était trop loin pour entendre ce qu’ils se disaient ; mais il les voyait rire, parler avec animations, trinquer, se coller des tapes dans le dos. Un esprit de camaraderie qui n’avait mis que quelques heures à s’installer. À les voir ainsi, il ne se serait jamais douté qu’ils ne s’étaient jamais parlé avant ce jour.
Était-ce le fait de côtoyer la mort au quotidien qui resserrait ainsi leurs liens ? Josh n’avait jamais cherché à se rapprocher de ses collègues, et même ici, il avait préféré prendre son repas seul, loin des autres marchands qui s’étaient regroupés pour discuter.
Que leur aurait-il dit, de toute façon ? Parler pour parler était inutile. Zemus aimait s’écouter et il avait trouvé un public, tant mieux pour lui.
Son assiette vide, Josh alla la rincer et la mettre à sécher sur un torchon. Inutile de s’attarder, surtout qu’ils prendraient la route tôt, demain matin.
Il regagna son chariot, déplia ses couvertures et se confectionna un lit rudimentaire. Les nuits étaient encore fraiches, malgré l’arrivée du printemps, et il ne s’étonnerait pas de découvrir du givre au réveil. Il tapota un sac qui ferait office d’oreiller, se glissa sous plusieurs épaisseurs de couvertures, ferma les yeux. Il percevait encore les éclats de rire qui perçaient le silence de la nuit, et les lueurs mouvantes du feu dessinaient des ombres sur la toile du chariot.
Tant de gaieté lui serrait le cœur, mais il n’aurait admis pour rien au monde qu’il les enviait.
*****
Lysabel fronça les sourcils. Josh rejoignait déjà son chariot ? La soirée était à peine entamée. Il ne s’était pas mêlé aux autres, ça collait avec le bref aperçu qu’elle avait eu de son caractère. Elle hésita un instant. Devait-elle le rejoindre ? Il serait en sécurité, dans le camp et aucun autre mercenaire n’avait l’air de s’inquiéter. Les autres marchands discutaient en petits groupes, avec de grands gestes qui faisaient voler leurs capes colorées. Pourquoi Josh…
Une main s’agita devant elle.
— Tu rêvasses, Lys ?
Elle écarta le gêneur d’une tape.
— Dégage, blondinet.
— Je m’appelle Kith. C’est pas compliqué à retenir, non ? rétorqua-t-il en croisant les bras.
— Si tu me cherches tu vas me trouver, menaça-t-elle en se levant à moitié.
Jamila gloussa.
— Laisse, Lys. Tu ne vas pas te battre à chaque petite provocation, non ?
— C’est une Massilienne, lança Vertille, sa compatriote. Évidemment qu’elle va passer son temps à se battre, n’est-ce pas, Io ?
Le mercenaire leva les yeux au ciel et Lysabel nota la ressemblance de leurs uniformes, brodés de l’écusson du Lion Rugissant. Vrai qu’ils étaient quatre à être de cette compagnie, les deux Atlantes, Io et Abby, la Cinquiènne.
— C’est Lysabel, répondit-il avec un haussement d’épaules. Pourquoi croyez-vous qu’elle a échoué là ?
Lysabel retint une réplique acerbe. Io ne comptait pas parmi ses alliés et elle ne tomberait pas dans le piège d’une provocation si évidente. Elle préféra se lever et partir se coucher. Rien ne l’obligeait à fraterniser avec les autres mercenaires, après tout. Il s’agissait d’un simple travail. Son cœur se serra alors qu’elle regagnait le chariot de Josh, déjà endormi.
Sorenn lui manquait.
Annotations
Versions