Chapitre 9

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Le lendemain, Lisa se rendit à l’atelier pour retrouver Salai. Léonard irrité, les regarda s’isoler. Il tourna la tête, contrarié, alors que Salai, prenait la main de la jeune femme pour passer dans la pièce qui servait de chambre.

A l’abri des regards, Lisa prit l’initiative, embrassa Salai avec fougue. Pour ne pas perdre la confiance qui l’habitait, elle lui demanda de chercher un endroit où ils pourraient se voir seul ce jeudi. Un coin discret et intime. Salai un sourire jusqu’aux oreilles, avait le lieu tout trouvé. Il lui donna l’adresse. Il s’agissait d’un petit logement qu’un ami pouvait lui prêter, non loin de l’atelier.

Ce jeudi-là, Lisa par un courrier prétexta un empêchement à Léonard que cela arrangea. Des travaux en cours sur l’anatomie humaine lui réclamaient toute son attention. Un corps fraichement arrivé qu’il devait disséquer. Salai ne prépara pas d’excuse puisqu’il savait que Léonard ne solliciterait pas ses services pour cette tâche.

Lisa arriva avant Salai. La chambre, puisqu’il s’agissait d’une chambre, était petite, sombre. Il était évident qu’un homme seul vivait ici. L’endroit paraissait certes propre mais il y régnait quelque chose de sordide. Lisa se sentit bien moins à l’aise avec sa décision. Ce lieu n’était pas propice à ce qu’elle pensait faire. La culpabilité la rongeait déjà. Elle n’avait pas le droit. Pas comme cela. Froidement. Elle s’excusait les baisers donnés dans l’emportement d’un instant. Elle refusait d' être cette femme qui programmait son adultère. Elle n’eut pas le courage d’attendre Salai. Elle remit son voile qu’elle avait pris la peine d’enlever et dévala les escaliers, pressée de fuir le soudain étouffement qui lui serrait la gorge. Perdue dans ses pensées, elle ne vit pas Salai qui montait. Quand il comprit que Lisa partait, il descendit les marches quatre à quatre pour la rattraper.

« Lisa. Lui dit-il en attrapant son bras.

- Laissez-moi.

- Je ne comprends pas…

Le regard qu’elle lui lança était un regard de pure souffrance. Il lâcha son bras comme électrisé par sa douleur.

- Lisa….

- Non. Dit-elle en l’arrêtant de la main. Je ne peux pas… »

Elle tourna les talons et sortit de la ruelle déserte pour rejoindre la place fourmillante. Il la regarda s’éloigner.

Lisa avait besoin de se confier. Albina semblait être la bonne personne. Elle la convia à déjeuner avec son fils un midi. Anna s'occupa des enfants afin que les deux femmes puissent discuter en toute intimité.

« Tu te souviens de l’amie dont je t’ai parlé.

- Laquelle ?

- Celle qui a embrassé un autre homme.

Albina ne répondit pas, elle se contenta d’écouter.

- Eh bien, elle voudrait peut-être aller plus loin.

Albina se leva du banc où elles étaient assises, fit quelques pas, puis revint faire face à Lisa.

- Cette amie n’existe pas n’est-ce pas ?

Lisa leva les yeux et les baissa aussitôt ne pouvant supporter le poids du regard de son amie.

- Je m’en doutais. Dit-elle.

Elle se rassit, posant sa main sur celle de Lisa.

- Ecoute, je n’ai pas de conseil à te donner mais…Juste, fait attention, tu pourrais tout perdre.

- Je sais. Souffla-t-elle

- Je comprends tu sais. Nous n’avons pas la meilleure des conditions. Mal mariées, avec des hommes plus vieux….

Albina repoussa une mèche rousse derrière son oreille.

- Pauvre de nous. Pouffa-t-elle. Tu ne seras pas la dernière.

Albina tapota la main de Lisa dans un geste qui se voulait rassurant. Lisa la remercia d’un demi sourire hésitant. Anna les interrompit en annonçant :

« Un monsieur Caprotti vous demande Madame »

Un nom qu’elle n’avait jamais entendu. Elle se leva adressant un signe de tête en excuse à son amie. L’homme était de dos, regardant par la fenêtre. Elle le reconnut et une sorte de panique l’envahie. Anna sur ses talons, elle garda le contrôle.

« Que faites-vous là Salai ?

- Vous êtes partie si vite la dernière fois. Dit-il sans même se retourner.

- Je dois vous demander de partir.

Elle ne savait pas où elle trouvait la force. Tout ce qu’elle voulait s’était ses mains sur elle, sa bouche contre la sienne, sa chaleur la réchauffant. Elle se retourna sur le son des pas d’Albina qui entra dans la pièce. Salai se tourna lui aussi. Jetant un rapide coup d’œil à la jolie rousse puis à Lisa. Le regard douloureux. Il se courba en une révérence sèche. Et lança avant de partir.

« A jeudi Ma Dona. »

Albina l’œil espiègle, rempli de sous-entendu, lui demanda :

« C’est lui n’est-ce pas ? »

Lisa n’avait nul besoin de répondre.

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