Lucas, petit gars âgé de douze ans, assis au bord de l'étang, observait l'échassier. Sur le rivage, la grue cendrée déployait son plumage, prête à s'envoler. Les curieux polissons, cachés dans les fourrés, se préparaient à lui jeter des graviers pour l'effrayer. Haut comme trois pommes, Lucas ne supportait plus les méchancetés dont ses camarades faisaient preuve. Il s'empressa de saisir un morceau de roseau pour signaler leur présence à l'élégant oiseau.

Devant la beauté de ses ailes déployées, il s'imagina voyager sur son plumage, petit Nils dans d'autres contrées. Dans ce livre d'images, il puisait des idées pour conter ses propres histoires. En ce bel été où les couleurs orangées se mêlaient aux tons acidulés, il puisait un peu de bonheur dans ces tendres couleurs. Dans ses mains, un cahier à spirale, carnet de route où il étalait et déballait au fil des pages, des esquisses de cette nature sauvage.

Ses yeux croquaient avec gourmandise chaque paysage. Lucas découvrait les subtilités de tous ses personnages, la coccinelle longeait les pétales brodés d'un mûrier, le lézard se prélassait sur les pierres dorées et l'abeille butinait la lavande violacée. Au creux de ses mains se cachait une noisette. Il l'avait ramassée dans la forêt où vivait la chouette. Puis l'enfant viendrait la planter dans un pot dès qu'il franchirait la porte de la serre. Ce lieu magique où sa maman créait des plantations, belle éphémère sortie de terre. Le lierre tapissait les entrées agrémentées d'élégantes roses trémières.

Lucas s'impatientait de découvrir le regard de sa mère quand il entrerait. Derrière ses yeux verts se dissimulaient tant de mystères.