L'aurore des Dieux
Quand la flamme sacrée s'éteint
Dans le cœur des hommes peureux,
Nul hère ne se souvient
De ce que nous fûmes nous les Dieux !
Ragnarök, hiver de la foi,
Endort le soleil lumineux,
Plonge le monde dans le désarroi,
Condamne la cruauté du feu.
Le long sommeil divin
Sombre sous la neige épaisse,
Attend paisiblement le printemps serein,
Que le grand éveil renaisse !
Fin des mondes ne parait pas :
L’arbre vénéré secoue ses branches,
Étire ses lourds bourgeons .
Asgard semble en friche !
Délaissées les prairies verdoyantes,
Abattus les forêts aimées,
Croyances inconstantes
Abandonnent les lieux sacrés.
Des glaces la fonte est lente,
Ours patiente en sa tanière
À sa suite, sa famille puissante
Aiguise ses griffes justicières.
De leur puissance s'émerveillent leurs serviteurs,
Réunissent fervents partisans :
Virils guerriers modèrent leurs ardeurs,
Place est faite aux paisibles combattants !
Armes réclament guerres souterraines
Plus subtiles que force et gouaille :
Armures magiques et plumes souveraines
Aussi sûrement protègent que lourdes mailles !
Injustes affrontements apportent déshonneur
Sur le royaume divin nordisant.
Frappe le châtiment sur lâches batailleurs,
Récompense juste sur précieux artisans !
Renouveau de la Terre du milieu
Abritera nouveaux habitants,
Bannis seront les incultes odieux,
Bénis seront les fertiles clairvoyants.
Crépuscule prend bientôt fin,
Ardente nuit s’apaise sur les plaines,
Tremble la flamme bleue des défunts,
L’Aurore des Dieux s'annonce Reine.
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