La Taverne de la vieille Trogne
Dans mes voyages solitaires
En des terres imaginaires
Mes pas me mènent souvent en un endroit
Fort discret loin des villages, au creux d’un bois.
Sur ce chemin illuminé
Herbes dansantes sentent les blés,
Soleil brillant brûle l’été,
Magie chantante souffle en secret.
Au détour du sentier
Le voilà, mon arbre sacré,
Ses branches me lancent un joyeux bonjour,
Ses feuilles annoncent mon arrivée aux alentours.
Dans son tronc creusé,
Bois dur au cœur tendre,
Amis de longue date m’attendent
Un verre empli à la main.
Dès le seuil ensoleillé,
En ma demeure, je me sens acceptée.
Dans la pénombre de la taverne boisée
Voix connues, parents lointains, amants aimés,
Certains leur destin ont raconté,
D’autres encore n’ont pas fini,
Une pause dans la vie et la non-vie
Pour se voir, se parler, se rencontrer.
Une table ronde près de la cheminée
Une partie de carte endiablée,
Poètes du temps passé,
Jouez, riez, devisez.
Coups d’œil tendres et pétillants de ma parenté
Inspirent joie et bonheur à mon cœur esseulé,
Homme lutin aux rouges joues,
Ancêtre de mon inspiration, je te loue.
Un cortège joyeux envahit les lieux :
Regards bienveillants et mains tendues,
Coule l’hydromel, boisson des dieux,
Moi votre enfant, je vous ai reconnu.
En ma taverne, soyez les bienvenus :
Buvons Thor, Odin et toi Loki,
Et vous tous mes dieux en qui je prie,
Comme il se doit ce poème, je vous le dédie.
De l’un à l’autre, de groupes en tablées
Va et vient le fidèle complice, serein et heureux,
Scalde moderne, gai et curieux,
Apprend et converse d’un sourire amusé.
Toujours ici son siège est réservé,
À la place d'honneur est installé.
Complicité discrète, nous échangeons
Par pacte scellé et dévotion.
Un seul en cette place ne peut entrer
Puis-qu’aucun ne veut lui parler,
Ni le toucher, ni le regarder.
Sur la trogne, devant l’huis
Il attend son aumône, assis :
Une présence, un peu de compagnie.
Seuls contre tous, tous deux meurtris
En silence nous nous retrouvons ainsi.
Ici, voyez chacun de mes amis,
Ceux qui comptent dans ma vie,
Attirés par la lumière
Sur le bord de la fenêtre,
D’autres encore viendront
Leurs vers à leur tour liront,
Gravés dans les murs de ma taverne
De la Vieille Trogne, à tout jamais.
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