Chapitre 8 : Seule et heureuse

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La vie à la maison avait beaucoup changé, mon frère a eu son premier enfant, il vivait à Angers. J’adorais passer du temps chez eux et m’occuper de mon adorable neveu.

Mon père avait obtenu sa pré-retraite à 55 ans, il vivait 6 mois à Veules seul, 6 mois à Orgeval avec ma mère.

Ma sœur était maintenant dans une maison spécialisée car mes parents vieillissant ne pouvaient plus la porter, ma mère y passait donc beaucoup de son temps et s’était aussi trouvée un petit job d’assistante communication et responsable d’animations dans une maison de retraite.

Caroline allait bien, après avoir passé une période horrible dans la première structure dans laquelle elle était. Mes parents avaient trouvé un endroit plus loin de la maison mais où elle semblait heureuse. Le personnel s’occupait très bien de Caroline et mes parents venaient la voir chaque jour. Peu de personnes placées dans ce genre d’institution profitent d’une telle « chance ». Nos parents sont exceptionnels. Ce sont des gens extraordinaires. On a vraiment de la chance de les avoir.

De mon côté, plus de pression, plus de chantage, plus de maux de ventre incessants, je savais à ce moment là que j'étais enfin libérée de mes relations toxiques.

Ma nouvelle vie pouvait commencer.

Après une petite semaine de repos, j'entamais mon nouveau travail : Assistante de Direction dans une petite PME à Ecquevilly, à cinq minutes de chez mes parents. Les patrons étaient un couple d'une cinquantaine d'années qui avait l'air, à l'entretien, d'être très sympas et professionnels.

Tout démarrait sous les meilleurs auspices.

Lors de mon premier jour, Mme Jacquot me présenta à toute l'équipe : Emilie, la première Assistante, Pierre, Gilles, les ingénieurs et Antoine, un technicien. Pierre était le compagnon d'Emilie, bien que de dix ans son ainé. Le courant est tout de suite passé avec l'équipe.

Emilie était une belle fille, grande, brune, avec un caractère bien trempé. Gilles s'approchait de la trentaine, il était grand, brun, très mince, il avait un visage très agréable. Il avait un humour noir que j'aimais beaucoup, il me faisait rire. Pierre avait la trentaine, il paraissait gentil, il avait de très beaux yeux bleus mais son regard était tantôt glacial, tantôt rieur,je n'arrivais pas trop à le cerner, je n'aimais pas sa façon de traiter Emilie. Antoine, lui, était jeune, il avait mon âge. Il me faisait un peu penser à mon meilleur ami Damien. Hyper intelligent, drôle, un peu blague à froid, éternel adolescent. Je me suis vite aperçue que ces quatre-là n'étaient pas que des collègues. Le midi, ils mangeaient ensemble, et ils se retrouvaient régulièrement le week-end pour diner les uns chez les autres, sortir en boite ou au pub.

Je fus tout de suite intégrée à l'équipe, nous déjeunions chez Mc Do, chez Flunch ou dans une petite crêperie à côté de l'entreprise. On riait beaucoup, notamment à nous moquer de nos horribles patrons. Ces deux-là étaient, tout compte fait, quand on apprenait à les connaitre, deux spécimens rares de la bêtise humaine.

Monsieur Jacquot était aussi petit qu'elle était grande, et aussi potelé qu'elle était maigre. Il ressemblait à un roquet et elle à Rantanplan. Monsieur Jacquot n'aimait personne, il était à jamais insatisfait. Devant les clients, il était comme le bouffon du Roi, devant nous il se comportait comme un petit chef sans envergure. Ils nous traitaient tous comme des moins que rien donc aucun de nous ne le respectait. Sans l'équipe, il n'était rien, et nous le savions, alors à chaque remarque le ton montait. Pierre et Gilles n'avaient pas peur de lui parce qu'ils étaient bien plus compétents que lui et il ne pouvait pas se permettre de se séparer d'eux. Nous, nous avions sa femme qui temporisait les relations parce qu'elle aussi avait besoin de nous au bureau.

Madame Jacquot était plus bête que méchante. Elle avait des étoiles dans les yeux quand elle regardait son petit mari devenir tout rouge de colère et montrer son autorité auprès des ingénieurs. Je pense qu'elle en avait un orgasme, elle croyait fermement au charisme d'huitre de son cher époux. En revanche quand celui-ci s'en prenait à elle ou quand elle voyait qu'il allait trop loin avec Emilie et moi, ses oreilles devenaient toutes rouges et un : "Bon mainenant ça suffit Bernard, tu vas finir par te debrouiller tout seul !" sifflait de sa petite bouche. Bernard tournait alors ses petits talons de petit homme blessé et s'en allait bouder dans son bureau en marmonnant je ne sais quoi contre sa pauvre femme meurtrie par ses propos blessants.

Vous l'avez compris, ces gens étaient à eux tout seuls, une caricature de ce qu'il y a de pire dans l'espèce humaine. Bêtes, méchants, aigris... On a passé des sales quart d'heures, ils ont réussi à nous mettre dans tous nos états mais je pense que sans leur bêtise, nous n'aurions pas été aussi proches et nous n'aurions jamais autant ri lors de nos soirées. Lorsque je repense à Gilles en train d'imiter Bernard qui le houspille, j'en ris toute seule devant mon ordinateur.

Gilles avait une petite-amie, Amélie, une fille super sympa, nature, qui lui ressemblait. Il formait un très beau couple.

Emilie est devenue ma meilleure amie. Comme je le pressentais, elle a quitté Pierre, qui selon moi allait terminer comme Bernard. Or Emilie était loin de ressembler à Nicole.

Antoine, lui, avait une vie compliquée. Il avait eu une petite fille non prévue avec Elise mais il n'était selon moi déjà pas prêt à être en couple, alors papa...

Antoine et moi passions la plupart de nos vendredis, voir nos samedi soirs ensemble. Le plus souvent, nous étions tranquillement installés chez nous et nous discutions par message. Et d'un coup l'un ou l'autre disait qu'il s'ennuyait et trente minutes plus tard, on partait en virée, en boite, au billard, en soirée. On était comme les deux doigts de la main. Notre relation n'était pas du tout ambigüe, nous étions très proches mais uniquement amis. Lorsqu'Emilie a quitté Pierre, elle nous a rejoint, mais elle cherchait surtout des "rencontres" quand Antoine et moi cherchions seulement à nous amuser et à sortir de notre quotidien.

Un week-end je les ai tous invités à Veules. Antoine, Elise, Gilles et Amélie sont repartis de bonne heure le dimanche midi mais Emilie et moi sommes allés boire un verre à Dieppe avec Manu, un de mes amis de Veules dans un pub dont le gérant était un de ses amis. Manu était un habitué et connaissait beaucoup de monde dans le pub. Lorsque nous sommes arrivés il était attablé avec deux copains, Franck et Shérif.

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