Partie 1 - 5
Les transports, c’est comme le tapis mais assis et sans Pupy. J’ai la tête qui bourdonne un peu. Les changements de pression, ça n’aide pas. La vraie cause de mon mal de tête, c’est cette affaire qui ne m’a pas lâché de la session. Et puis, bien sûr, pour arranger le tout, Mover s’en est mêlé. Il a dû sentir que je n’étais pas dans mon assiette ce matin. Il n’y a pas eu que du mauvais. Curieusement, ma note n’a pas trop baissé. Ça me laisse dubitatif. Il faut que je mette ça au clair.
Je laisse traîner mon regard au hasard pour me changer les idées. Deux rangées plus loin, il y a Marlo. Ça tombe bien. Je lui fais un petit signe. Il acquiesce de la tête. Il accepte le contact. Tant mieux.
C’est un Respot calé sur le même cycle que moi, mais dans un entrepôt un cran en dessous. Il est assez sympathique, malgré son visage exprimant tout le contraire. D’habitude, j’évite de le déranger, il dort souvent dans le transport. Et pour cause, il ne vit pas seul.
« Ta session s’est bien passée, Marlo, je ne te dérange pas ?
— Non. Je n’ai pas eu d’erreur sur trois cycles. Ça me fait du bien. Alyse est aux anges. Mais elle me pousse à faire mieux pour changer d’entrepôt et obtenir un six sur six.
— Un six sur six ?! Elle y va fort ! Vous avez déjà un quatre sur quatre, je sais ce que ça demande comme efforts.
— Oui. Mais d’un côté ça me donne un objectif.
Je laisse un petit instant de silence se glisser. Puis je me lance.
— Marlo, tu n’es pas obligé de répondre. J’ai eu une session vraiment pas drôle, hier. As-tu déjà rencontré le cas d’un cycle corrompu alors que les collaborateurs sont nickel, pas une faute ? Et le lendemain, tout est valide.
La première réponse de Marlo est une expression figée. Il regarde rapidement de gauche à droite. Je le sens stressé. Puis, il se reprend.
— Non, j’ai eu seulement des cas de pannes standards.
— Penses-tu que l’Autre, enfin je veux dire notre binôme, pourrait jouer à simuler des pannes ?
— Quoi ?! Il serait complètement fou de faire ça ! C’est un coup à se retrouver à la surface ! dit Marlo avec un léger sursaut.
— Tu le connais ton binôme ?
— Non. Tu ne devrais pas poser ce genre de question ici, chuchota Marlo en lançant un regard rapide autour de lui. Mais tu peux toujours tenter de le voir lors du croisement des transports.
Je vois son visage se fermer. Le contact est rompu.
— Désolé de t’avoir dérangé Marlo. Je te laisse. »
Sa réponse est à peine audible. Pourtant, elle me hurle au visage.
« Laisse-moi tranquille ! »
De retour à ma place, je n’ai pas eu de réponse, mais de nombreuses questions. Je n’ose pas trop le regarder. Il reste assis, antipathique au possible. Il avait pourtant passé une belle session. Je lui avais gâché son cycle.
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