3. De chaos et de prisonniers

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L'autre ne sut où errer.

Tout ce qui était lui appartenait au même titre qu'à Jumistelle. N'étaient-ils pas né en même temps ? N'étaient-ils pas les mêmes ? Un futur Désencré et adorateur de l'autre s'exprimera sur cette étrangeté durant l'ère XI. Quelle étrange chose que la volonté...Que ce soit chez le misérable mortel ou chez la Toute Puissante, tous réclament le contrôle absolu en même temps que le hasard contrariant. Si l'autre existait n'était-ce donc pas par la propre volonté de Jumistelle ? Ou n'était-elle que la preuve de son imperfection, cette portion infime d'elle-même qu'elle ne parviendrait jamais à contrôler ?

Tant de question sans aucune réponse mais une seule conclusion : rien n'était plus absurde que la Volonté.

L'autre ne fut jamais traversé par de telle réflexion. L'autre existait et rien n'était plus important que cela.

Puisque tout sauf cela était soumis à la plume vicieuse et enjouée et Jumistelle, l'autre n'eut d'autre choix que de se faire monde. Comment cela devint un monde ? Comment se présentait-il depuis l'extérieur ? Personne ne le sut peu importe les âges. Certains disaient qu'il était parallèle à Ce Coté régie par les écrits de Jumistelle et donc il fut appelé l'Autre Coté. D'autres affirment qu'ils s'agit d'une femme cachant un univers sous sa peau noire comme la suie.

Mais quoiqu'il en soit l'autre devint un monde. Tel que cela fut avant de devenir monde, cet endroit ne respectait aucune règle. Ce monde fut tout et rien à la fois. Tout ce qui existait de Ce Coté existait dans l'Autre mais nul doute que ce qui était dans l'Autre Coté n'existait pas nécessairement dans le Coté que tous connaissaient. Et ce monde était évidemment désencré, libre de tout caprice de Jumistelle et de sa terrible Flamboyance.

Très vite l'autre fut envahit d'êtres étranges. Des esprits sans corps naquirent en son sein, des âmes sans pensée, vulgaires essences apparurent du chaos, les choses apparaissaient sans jamais disparaître, fusionnaient, se métamorphosaient...Sans temps, ni espaces tout était proche et loin à la fois et tout était vivant et mort en même temps puisqu'ils ne pouvaient que naître et jamais disparaître. Au final il se trouve que l'Autre Coté obéissait bien à une règle et une seule : la pensée de ses résidents.

Et au bout d'un moment, les êtres de Ce Coté commençèrent à pénétrer dans l'autre, soit parce qu'ils furent chassés ou bien qu'ils y vinrent par eux-même pour d'obscures raisons. Face au chaos, beaucoup devinrent des êtres innommables, corps déformés et esprit fous. Une partie miraculeuse et infime fit de ce chaos une part d'eux-même et devinrent les souverains de ce monde. Ils obtinrent pouvoir et immortalité. Ils y créèrent leur propre palais par leur seule imagination, palais qui s'étendaient à l'infini et qui en s'entremêlant les uns les autres donnèrent naissance à des espaces absurdes labyrintheux.

Mais ces êtres règnant sur le chaos s'ennuyèrent assez vite et voulurent revoir le monde. Mais cela ce revela impossible, ils étaient prisonniers du monde dont ils étaient les rois.

L'un de ces rois prisonniers entendit un jour, comme à son habitude, les hurlements des âmes chassées de Ce Coté et qui n'avaient pu faire du chaos une partie d'eux-même. À ce moment-là, une pensée amusante lui vint. Bien que ce monde était fait de chaos et que tout y était possible, les hurlements des Damnés avaient tous approximativement la même consonance. Aussi il nomma sa chère prison d'infini Nir.

Néanmoins, parce que Nir était chaos et tout ce qui n'était pas volonté de la Volonté, il fut inévitable que cet autre monde empiète sur celui dédié à ceux qui n'étaient pas immortels et omnipotents, les Cycliques.

Ainsi, il arrivait que certaines créatures souveraines de Nir sortent de ce monde par une brèche dans le sein de leur mère-monde. Ou encore que Nir, sous sa belle apparence trompeuse s'unisse à un Cyclique et que de leur union naisse une Hérésie désencrée.

Peu importe la manière, il semblait que Jumistelle serait à jamais importunée par l'autre.

Aussi elle créa de multiples histoires, des cultes et des paladins, des êtres dévouées à sa volonté pour chasser Nir, tuer les Hérésies et bouter les souverains du chaos dans leur prison-palais.

Sous cette oppression, Nir au sein de chaos s'éloigna le plus possible des Cycliques et de Jumistelle. Cela se dirigea au plus loin dans le monde, aux limites de la carte que Jumistelle avait élaboré pour son univers. Ici il n'y avait pas encore de Cycliques. Nir s'installa dans le petit recoin et observa.

Pendant tout ce temps, le chaos sortait de son sein, le monde autour de Nir changea sans jamais inquiéter la Volonté car beaucoup trop loin de là où se portait son intérêt.

Grossière erreur.

Pendant des siècles, Nir vit naître à ses pieds la Vallée des Autres.

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