Montagne russe

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On a continué à parler toute la semaine. Du matin au soir et du soir au matin. Moi je n'étais rien, et voilà qu'aujourd'hui je suis la gardienne du sommeil de ses nuits. Je l'aime à mourir. Vous pouvez détruire tout ce qu'il vous plaira, il n'a qu'à ouvrir l'espace de ses bras pour tout reconstruire. Je pense sincèrement qu’on a dû se dire Bonne nuit de toute les façons possibles et imaginables, et j’y repense avec énormément de tendresse, quel qu’en est été le contexte ou l’état d’esprit qu’on est eu à ce moment-là. A vrai dire, c’est une habitude que j’ai envie de garder d’une certaine façon, comme tu as pu le remarquer. Le week-end suivant, nous avions décidé de nous rendre en bord de mer, pour que je te montre un peu la ville. Timidement, tu m’as proposé d’assister à un match de rugby en fin de journée et j’ai accepté. On n’a pas toujours l’opportunité de tester de nouvelles expériences, et j’ai trop souvent refusé ce genre de possibilité. Arrive le samedi matin. Après ton rendez-vous, tu es venu me chercher et on a filé en direction de la cité corsaire. Ça a dû se sentir, mais j’étais vraiment euphorique à l’idée de remettre enfin les pieds chez moi. Et d’autant plus avec toi. Arrivés là-bas, on est allé manger et j’avoue m’y être senti particulièrement mal à l’aise. Tu l’as constaté par toimême, je n’ai rien mangé. Je ne savais pas comment me comporter et j’étais tellement stressée que ma maladie s’est gentiment rappelée à moi. S’en ai suivi une après-midi plus légère. Je me souviens précisément de nous deux marchant sur la plage, un peu fatigués, et cette envie de ne jamais partir de là. J’aurais juste voulu m’allonger dans le sable, les yeux rivés sur l’immensité du ciel, à te tenir la main et à refaire le monde. D’un détour à l’armoire à épices en passant par le café, on a fini par descendre en campagne. Là-bas, j’avais pour idée en tête de t’emmener en intramuros, pour que tu puisses y faire des emplettes et que je puisse dire bonjour à mon ancienne tutrice de stage. On est passé dans ce petit pub atypique qui m’est si familier, puis est venu le temps de partir pour rejoindre le stade. Un peu à la bourre, on a fini par arriver. Tu as repris tes marques quand moi je perdais les miennes. Malgré tout, progressivement, j’y ai trouvé une ambiance assez simple et sympathique. Je tentais de me concentrer sur le jeu, pour comprendre ce qu’on m’en avait expliqué, on parlait avec tes connaissances, on a bu, on a mangé. Un bon moment en somme. Grâce à toi, encore une fois, mon cerveau était resté dans la voiture, me laissant profiter du moment en lâcher prise totale. D’ailleurs, ta petite surprise m’avait beaucoup touché tu sais. Après le match, tu m’as raccompagné jusqu’à chez moi. Avant de me déposer de chez moi, on est allé se promener dans ce fameux parc du premier jour. Honnêtement, j’en ai gardé un assez mauvais souvenir. J’étais morte de trouille. Toute la journée j’avais essayé de te dire ce que je ressentais, et je n’y arrivais pas. J’étais à deux doigts de l’explosion émotionnelle. Tu l’as bien vu et tu as essayé de me libérer de ça (et toi avec), mais c’était peine perdue. Ta mauvaise blague de te cacher alors qu’on était dans le noir a largement participé à mon mal être du moment, et à celui qui a suivi quand je suis arrivée chez moi. Mais je ne t’en tiens plus rigueur, ne t’en fais pas. J’ai fini par craquer en quittant ta voiture, et quelques minutes plus tard, tu recevais une déclaration digne d’un requiem à un amour que je pensais potentiellement réciproque, mais impossible au vu des circonstances. Et ce soir-là, tu m’as mis un râteau. Gentiment, avec toute la délicatesse et l’empathie dont tu es capable. Mais à ce moment précis, tu m’as dit non. C’est déjà assez incroyable que tu acceptes que cette partie de moi souffre. Cette phrase m’a tellement énervé : c’est normal putain. Quand on aime quelqu’un, on l’aime pour ce qu’il est, tout entier. Tes souffrances en font partie. Et tu n’as pas à en porter le poids tout seul. Tes mots m’ont énormément marquée, touchée. T’es con toi, sans rire. Qu’est-ce qui t’a pris de me dire des mots pareils ? On ne m’a jamais dit des choses comme ça … Et toi tu arrives, tu poses tes guirlandes sur mon cœur, tu branches et tu me dis Hey regardes, un sapin de Noël ! « Je sais pas … J’imagine que tu es peut-être triste et je suis désolé pour ça, mais malgré tout ce que tu as pu me raconter sur tes difficultés, tes envies, tes rêves, gardes quand même à l’esprit que t’es une fille très chouette Louise. Et franchement, je pense sincèrement que tu ne peux que progresser, et dans la bonne direction. Donc peut-être que tu es arrivé un tout petit peu tôt. Mais en tout cas, t’as eu le cran d’affronter ça et je pense vraiment que t’es une fille bien. T’es vraiment une fille chouette. Faut vraiment que tu gardes ça en toi. » Parmi ces vocaux, il y a un passage qui aura agi comme une flèche en plein cœur : Dans l’échelle de trop tôt, c’est peut-être trop tôt dans ma vie si tu veux. C’est pas trop tôt genre on s’est connu et tout va trop vite entre nous, c’est peut-être trop tôt dans mon échelle de vie. Peut-être que si on s’était rencontré un an plus tard, une fois que j’aurais guérit de tout ça, peut-être que la donne aurait été tout autre. Je ne sais pas. J’ai vraiment eu l’impression d’être dans une mauvaise comédie romantique à ce moment précis. Mais je pense que tu comprends largement pourquoi. A l’inverse, ces mots m’avaient vraiment fait du bien, comme le reste en fait. Je vais encore insister là-dessus, mais s’il y a bien une qualité chez toi que je souhaite que tu ne perdes jamais, c’est ça : ta sincérité. Elle fait de toi quelqu’un de formidable. Avoir mis les choses à plat à ce moment-là, savoir où était tes limites affectives, ça m’avait énormément rassuré même si encore aujourd’hui, je n’ose pas toujours me comporter comme j’aurais envie de le faire (dans le respect de ses fameuses limites). Ça m’embête beaucoup d’ailleurs d’être une fois de plus mon propre problème.

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