Chapitre 18

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Versailles


Ange venait juste de terminer sa conversation avec le commissaire Costelli, au Vésinet, lorsque le brigadier vint lui annoncer l’arrivée de Julie Delmas.

— Commandant, la journaliste vient d’arriver. Elle est seule, je la conduis dans votre bureau ?

— Oui, merci, mais laisse la porte ouverte !

Instinctivement, Ange jeta un coup d’œil rapide à son antre, et ramassa les documents qui trainaient sur sa table de travail.

— Entrez, Mademoiselle, le commandant vous attend.

Ange se leva pour accueillir la jeune femme, curieusement intimidé. Il savait que la journaliste venait lui faire part de l’avancement de son travail, et il se sentait comme un lycéen face à un examinateur. Il avait bien essayé de se raisonner et de se convaincre qu’il n’avait rien à craindre de cet exercice, un fond d’appréhension revenait à la surface.

— Bonjour Commandant, dit la jeune femme en souriant.

— Il me semblait qu’on s’était mis d’accord pour Ange ou Sega.

— Oui, mais j’adore la façon dont ce pauvre garçon vous parle.

— Ne vous moquez pas du brigadier. Il n’a sans doute pas inventé l’eau tiède, mais il est indispensable au bon fonctionnement du groupe.

— Va pour Ange, je laisse Sega à votre équipe. On n’a pas planqué ensemble.

— Voulez-vous un café ? C’est une des fonctions de Demange, et il est meilleur pour ça que pour le thé.

— Avec plaisir, noir et sans sucre.

Ange interpella le brigadier sans quitter son bureau.

— Jacques ! deux cafés s’il te plait. Noir, sans sucre.

— À vos ordres, Commandant.

— Du nouveau sur cette malheureuse affaire ?

— Nous faisons un point en fin d’après-midi, répondit Ange, si vous avez la patience d’attendre, vous aurez les dernières infos. Et de votre côté ?

— Je dois vous préciser que John a détesté le travail sur les cadavres. Comme vous avez pu le constater, il n’a pas l’âme d’un Capa. J’ai eu du mal à lui faire franchir le périph’ et vous l’emmenez à la morgue.

— C’est dans Paris, répliqua le policier.

— Je vous l’accorde. Il n’empêche, je vais en entendre parler longtemps, et pas que moi.

— Il a fait du bon travail, et j’ai deux équipes qui parcourent l’ouest parisien munis de ses images.

— Cette histoire est terrible. Je dois reconnaître que je suis plus intéressée par le sort de ces malheureuses que par les chamailleries de votre équipe. D’ailleurs, comme je vous l’avais promis, j’ai envoyé quelques messages auprès de confrères qui ont travaillé sur des sujets similaires. Je vous informerai dès que j’aurai des réponses.

— Je vous en remercie. Que voulez-vous dire en parlant des chamailleries de mon équipe. C’est un groupe efficace, nous avons un des meilleurs taux de réussite de la région.

— Votre professionnalisme n’a rien à voir. Je m’intéresse principalement aux rapports humains et je dois dire que vous avez beaucoup de mérite à tenir les rênes d’un tel attelage et à les faire avancer dans la même direction.

— Je serais heureux d’en apprendre d’avantage, mais gardons cela pour plus tard.

— Vous êtes quelqu’un de fascinant, Ange. Je m’attendais à trouver un baroudeur, fonçant tête baissée sur le premier suspect venu. Vous avez aimé la série Braco, avec Jean-Hughes Anglade ?

— Non, pas du tout. Cette police n’existe pas, ou n’existe plus.

— Peu importe, vous êtes très différent. La façon dont vous protégez ce jeune gradé en est un exemple. Vous êtes un leader, un animateur, pas un chef. Vous cherchez à valoriser vos équipiers plus que vous-même. C’est assez rare de nos jours.

— Vous comptez écrire cela ?

— Non, du moins pas en ces termes. Pourquoi ? Ça vous gène qu’on voit voie comme sous cet angle ? La police nationale serait-elle aussi machiste qu’on le dit ?

— Vous ne m’emmènerez pas sur ce terrain. J’essaie d’être humain et juste. Ceci dit, si nous devons intervenir dans des conditions dangereuses, je ne resterai pas en arrière, croyez-moi.

— Je vois que le sang corse bouillonne. Ne le prenez pas mal, il n’y a rien de dégradant dans ce constat, bien au contraire. Lorsque cette affaire sera terminée, et que j’aurai publié mon papier, j’aimerais pouvoir soulever un peu le voile et connaître un peu mieux l’homme qui se cache derrière le fonctionnaire.

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