Chapitre 32
Versailles
Boris avait reparu en milieu d’après-midi. Il avait bien meilleure mine que le matin. Ange lui laissa le temps de prendre connaissance de ses messages, certain qu’il voudrait approfondir les informations transmises par le journaliste allemand. Après une demi-heure, le commandant appela le jeune homme.
— Tu m’as l’air plus en forme que ce matin. Tu as dormi un peu ?
— En milieu de journée, ce n’est pas très calme dans mon immeuble, mais j’ai pris un cachet et j’ai roupillé quatre heures. La douche n’était pas du luxe non plus.
— Tu as pu jeter un œil aux infos que nous a fait passer Julie ?
— Rapidement, oui. Ça confirme ce que j’avais commencé à renifler sur le net. Je vais pouvoir cibler un peu plus mes recherches. C’est des vrais barjos ces gars là. Il faut qu’on les arrête rapidement, sinon, on peut s’attendre à découvrir de nouveaux cadavres. Le meurtre d’une femme étrangère serait une sorte de crime rituel, une initiation pour se faire admettre dans le groupe.
— Il faut, en priorité, identifier les membres de cette bande. Ils sont combien selon toi ?
— Difficile à dire, ils ne publient pas la liste des adeptes, mais à partir des échanges, je dirais qu’ils sont au moins six actifs. On en connait deux.
— Tu sais s’ils se rencontrent de temps à autre ?
— Je n’ai rien lu qui le laisse entendre. Ils se lancent des défis et postent les preuves, le tout noyé dans une dialectique suprématiste débile.
Ange resta un moment songeur. Qu’est-ce qui pouvait pousser un jeune de bonne famille à adhérer à de telles conneries, et surtout à passer à l’acte ? Il était trop jeune pour se souvenir de cette période, mais son père lui avait parlé des heures sombres des années 80. Action Directe, les Brigades Rouges, la bande à Baader avaient tenté de déstabiliser l’Europe libérale avec des assassinats sauvages, mais il y avait derrière ces attentats un semblant d’idéologie, certes dévoyée. Mais là, tuer au nom d’une identité, d’une culture à protéger ? Ça dépassait son imagination. Il revint à la réalité. Il devait traiter cette affaire comme toutes les autres, en se concentrant sur les éléments factuels.
— Tu as reçu quelque chose des Renseignements ?
— Je dois voir un collègue. Ces gars là ne laissent pas trop de traces. Je peux passer ça en note de frais ?
— Je me fous des moyens, on a carte blanche pour démonter ce réseau. Collez leur des traceurs, mettez-les sur écoute, piratez leurs ordis, mais trouvez moi les noms de ces types.
— OK, chef, je m’y remets tout de suite. Je serai sans doute absent pour le debrief du soir. Je reviendrai plus tard pour sniffer le dark web.
— Tu me tiens au courant dès que tu as quelque chose, à n’importe quelle heure.
— Ça roule.
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