Chapitre 37
Versailles
Boris avait à peine entrouvert la porte du bureau, faisant un signe de la main à son patron. Ange le rejoignit immédiatement, acquiesçant rapidement à la demande de Julie. Il avait le sentiment d’avoir été maladroit avec la jeune femme, mais l’excitation de la chasse passait avant tout. Il était certain que si le jeune geek était intervenu ainsi, c’est qu’il avait quelque chose d’urgent à partager avec lui.
Le commandant contourna les bureaux inoccupés pour rejoindre le coin où son limier était de nouveau concentré sur les écrans. D’un geste, Boris lui indiqua la zone dans laquelle il avait juxtaposé quatre petites fenêtres dans lesquelles les lignes s’affichaient au rythme de la conversation.
— Ils sont connectés. Ici c’est White Power, le chef. Rommel, c’est le punk à moto. Mad Dog, c’est le fils à papa et le dernier c’est White Horse, le gars du haras.
Ange parcourut rapidement les lignes affichées sur l’écran.
— On dirait qu’il nous manque un oiseau pour avoir la bande au complet.
— Oui, celui qu’ils appellent Croix de Feu. Et si je comprends bien, ce serait le seul à ne pas être passé à l’acte.
— Tu peux les localiser ?
— Au travers de la messagerie, non, mais je peux vérifier si leurs téléphones bornent.
— OK, vas-y.
Boris lança une nouvelle application et une carte de la région parisienne s’afficha sur un second écran. Le policier entra les numéros des portables des quatre suspects. Trois points s’allumèrent rapidement, concentrés sur le quart sud-ouest. Quelques clics et il devint clair que les localisations correspondaient bien aux adresses connues, le Vésinet, les Mureaux, les Bréviaires. Seul le chef manquait.
— Il a surement coupé son portable, mais je vais vérifier autrement.
Une nouvelle fenêtre s’ouvrit dans laquelle Boris entra une séquence de chiffres.
— C’est l’adresse de sa ligne Internet. Même s’il est connecté sur Tor, je vais voir s’il y a du trafic sur sa ligne. Bingo, ça bouge chez lui. Qu’est-ce qu’on fait ?
— Tu surveille la conversation, si le dernier se connecte, tu te débrouilles pour le localiser. Appelle Ivo et demandes lui de rappliquer. Moi j’appelle le Proc. On monte un dispositif pour les choper demain matin.
Pendant que Boris appelait son second, Ange retourna dans son bureau pour appeler le magistrat. Il se cala dans son fauteuil et prit quelques minutes pour laisser retomber l’excitation.
— Bonsoir Monsieur le Procureur, je sais qu’il est tard et je vous prie de m’excuser de vous appeler à cette heure, mais nous avons clairement identifié et localisé le groupe qui a très vraisemblablement tué ces malheureuses femmes. Je souhaiterais monter une opération dès demain matin, pour les cueillir tous en même temps.
— Vous avez bien fait d’appeler. Cette affaire est prioritaire. Vous avez mon accord bien entendu. Voyez avec le commissaire Dupré pour qu’il mette à votre disposition tous les moyens nécessaires. Pas question qu’ils nous filent entre les doigts.
— Très bien, Monsieur, je vais lancer l’opération immédiatement. Il me reste un point à voir avec vous.
— Allez-y !
— Je préviens les journalistes ?
— Je pense qu’ils vous en voudraient de les avoir tenus à l’écart, ils vous suivent depuis le début, mais êtes-vous en mesure d’assurer leur sécurité absolue ?
— Julie Delmas a travaillé dans des zones de conflit, je pense qu’elle saura gérer la situation.
— Je vous laisse faire au mieux, gilet obligatoire, et essayez de limiter les photos en action !
— Entendu, Monsieur. Je vous appellerai demain matin pour vous tenir informé.
Il était près d’une heure du matin lorsque le Serbe put rejoindre ses deux collègues. Ange lui fit un bref résumé, il avait déjà entendu l’essentiel directement de la bouche de Boris. Il lui relata l’entretien avec le procureur et son intention de monter une opération d’envergure pour arrêter les quatre membres identifiés en même temps.
À cette idée, Ivo leva la main pour interrompre son chef de groupe.
— Si je peux me permettre, chef, je ne crois pas qu’il soit possible de mettre sur pied le dispositif nécessaire en si peu de temps. Il va nous falloir des renforts si on doit opérer à quatre endroits différents. Il nous faut aussi reconnaître les lieux plus en détail et élaborer un plan précis. On ne peut pas faire ça en trois heures. D’autant que la moitié du groupe est encore au lit !
Derrière ses écrans, l’informaticien opinait.
— Je peux les garder sous surveillance en pistant leurs mobiles. S’ils ne se doutent de rien, ils ne les laisseront pas à la maison.
— Tu as raison, reconnut Ange, je suis sûrement trop pressé de mettre la main sur ces salopards. Ivo, je te laisse mettre en place un plan de surveillance des domiciles de ces quatre lascars. Dès la première heure, tu demandes à Ledoux s’il peut nous prêter deux ou trois de ses gars et tu organises le repérage des domiciles. Boris, tu nous communiques le moindre mouvement et toutes les conversations que tu peux enregistrer. Moi, je vais contacter la gendarmerie de Rambouillet pour qu’ils s’occupent de Le Callec’h. Ensuite, j’irai dormir quelques heures. La journée va être longue. Je vous encourage à en faire autant.
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