Chapitre 40
Paris
Ange regarda encore une fois sa montre. 5h45, il prit son portable et appela chacun de ses subordonnés pour s’assurer que le dispositif était bien en place sur chaque lieu.
Rassuré, il attendit encore quelques minutes avant de prendre le micro de sa radio tactique.
— Ici Ruban 1, à tous les groupes, on se met en mouvement. Rendez-compte lorsque vous êtes en place.
Depuis la voiture banalisée, le commandant vit les équipes pénétrer dans l’immeuble haussmannien.
— Ruban 2, en place face à la porte.
— Ruban 3, escalier sécurisé.
— Ruban 4, en place à l’arrière.
Ange se retourna vers les deux journalistes assis à l’arrière.
— On y va, je vous rappelle les consignes. Vous restez toujours derrière moi, et pas de photos des visages, ni du suspect, ni de mes gars.
— Vous nous l’avez répété trois fois ce matin, on a compris, Commandant, répondit Julie agacée.
— Je risque très gros sur ce coup, je ne peux me permettre aucun risque avec vous.
— J’apprécie votre sollicitude, mais on a déjà vécu des situations plus dangereuses, vous le savez.
— Je n’en doute pas, mais pas sous ma responsabilité.
Ange ajusta son brassard avant de sortir son arme et de se diriger vers la porte cochère. Demange suivait derrière les journalistes en serre-file.
Arrivé sur le palier sur 6e étage, Ange visualisa le dispositif. Deux hommes casqués, abrités derrière des boucliers, protégeaient le porteur du bélier. Deux pas derrière, arme au poing, le leader du groupe attendait pour s’élancer à l’intérieur.
Ange regarda sa montre une dernière fois. 6h01.
— On entre, annonça Ange dans la radio.
Immédiatement, la serrure vola en éclat sous le choc de la masse.
Les quatre hommes se ruèrent à l’intérieur, investissant chaque pièce du petit appartement.
La première pièce à gauche de l’entrée était un petit séjour, une pièce encombrée de matériel informatique, de revues empilées, de boites de pizza et de canettes de bière. Aucune présence humaine.
En face, une petite kitchenette, un simple coup d’œil suffit à constater qu’elle était vide, et encore plus sale que le séjour.
— Tu ne bouges pas, les mains dans le dos ! entendit Ange dans la radio et dans le couloir.
Le policier se précipita vers la pièce du fond, pendant que l’équipe d’intervention sécurisait les autres espaces.
Ange pénétra dans une chambre au décor angoissant, posters représentant des hommes en tenue de combat, lourdement armés, insignes nazis, armes blanches habillant les murs et quelques étagères.
Sur le lit, un jeune homme était maintenu immobilisé par deux hommes de la BRI.
— Nangis ? vous êtes en état d’arrestation. Passez-lui les menottes.
— Il n’y a personne d’autre dans l’appartement.
— OK, descendez ce gars à la voiture, pas de photos, pas de contacts. Demange, tu appelles la DRPJ et tu demandes une équipe de la scientifique pour m’embarquer tout ce matos. Entre temps, tu restes sur les lieux. Demande au commissariat du quartier de t’envoyer deux gars. Je rentre avec les journalistes. Passe-moi les clés de la voiture.
— Bien commandant, mais moi je fais comment ?
— Tu connais la RATP ? Rentre Avec Tes Pieds.
Dans le feu de l’action, Ange avait oublié et Julie et le photographe. Ce dernier photographiait l’appartement sous tous les angles. Julie restait fascinée par les pièces SS accumulées dans la chambre.
— Je savais que ce genre de fêlés existait, mais je n’imaginais pas que ça puisse aller aussi loin.
Le téléphone du commandant vibra dans sa poche.
— C’est Franck. On a notre gars. Il a essayé de filer à notre arrivée, mais les Pandores avaient bien bouclé le secteur.
— Parfait, ramenez-le à Versailles. Fait ce qu’il faut avec les gendarmes pour fouiller la baraque et saisir tout ce qui peut avoir de l’intérêt. Il faut que j’appelle les autres. Au fait, on a Nangis.
— Bien Chef.
Ange raccrocha mit fin à la communication pour appeler Marie.
— Ici Ange, on a coffré Nangis. Comment ça se passe pour toi ?
— On a le gamin, mais le papa n’a pas apprécié. Il voulait appeler son avocat et voir notre mandat. Je lui ai rappelé que l’on était en France.
— Parfait, tu fais saisir tout le matériel informatique utile et tu rappliques à Versailles. J’y serai dans une demi-heure.
Le commandant se retourna pour avertir les journalistes.
— Je pense que vous en avez assez vu. On rentre.
Ils commençaient à descendre quand le téléphone vibra à nouveau.
— Bratanic, dit une voix essoufflée. On l’a eu, mais il nous a fait courir ce fils de pute. Ses copains ne nous ont pas vraiment aidés, je dois dire, ce qui lui a laissé le temps de filer par derrière. Ce con a couru vers la Seine, il s’est retrouvé coincé au bord de l’eau.
— Respire un peu. Tu laisses les collègues secouer un peu les squatteurs et tu rentres avec Rommel. Il y a des éléments à récupérer sur place ?
— Tu parles, un vrai dépotoir, juste bon pour un coup de lance-flammes et les bulldozers.
— Cherche quand même téléphone et ordis.
— OK. À tout à l’heure.
Dans la voiture, Ange installa Julie à ses côtés. Laissant la banquette arrière au photographe.
— Alors, vous avez de quoi boucler votre article ?
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