Sur cette amertume, bon vent !

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J'ai relu tous les mots et tous les maux qu'ils expriment impriment mon humeur.

Je me trouve sans idée : j'ai cessé de t'écrire. Mon regard te met à terre.

Est-ce que je t'aime encore ? Non, je ne t'adule plus : tu es tombé de mes nues.

La maternité semble avoir eu raison de mon ingénuité.

Je sais que je suis plein de choses : un roc, un vaisseau, mais aussi nombre de pages blanches.

Je refuse ! Je refuse de m'occuper pendant que tu cours les sept mers.

Voilà des années que je dégringole et les humeurs chagrines ne m'ont pas quittée.

Tu es en mer, tu reviens pour repartir aussitôt.

Mer cruelle, amer destin.

***

Tu touches terre ce soir, et le retour ressemble au départ.

Dans ta folle course sur les vagues, où vont tes pensées ?

Où sont les mots doux que je t'avais réclamés ?

Ceux-là qui cimentent notre union depuis le début.

Les miettes de notre romance passée ne suffiront pas, hélas.

Tu touches terre ce soir, mais le retour ressemble au départ.

***

Je vis dans une solitude délirante.

Le temps est long, tordu et biscornu, et l'avenir n'est qu'un amas de brumes.

Opacité.

Cet endroit déborde de vin, et ma main est incertaine.

Ce soir, mes pensées se perdent et je peine à savoir quels mots aimables ou tranchants poser ici.

De faibles lueurs d'espoir éclairent de sombres desseins.

Tout ceci est affligeant.

Tes départs égratignent mes sentiments et l'anneau de paix n'est plus à mon doigt.

Rarement, le soir, je mange à la faim que réclame mon corps.

Je demeure déchirée de souffrances à panser.

Quel épuisement retient ma main, quand l'écriture se fait rare ?

***

Eté de Méditerranée : saison en enfer. Crevante solitude dans cette vie de devoirs.

Tombée dans une impasse, dans le fond d'un trou, de la boue jusqu'à la taille.

Mes mains ne touchent pas le bord de la fosse où je me suis égarée.

A présent, je sais : femme de marin, c'est pas pour moi.

Ces épreuves sont-elles les étapes nécessaires vers une vie plus noble ?

Serais-je moins pauvre d'avoir été si misérable ?

***

Impuissance morbide. Femme de marin. Pas pour moi.

Je suis pauvre de voir tes absences marcher sur mes rêves.

Tu ne comprends rien de la flamme qui s'éteint, ni sa préciosité.

Je tends la main pour la saisir.

Cette plume écroulée court sur toutes mes pages blanches.

Je ne resterai pas ici, à subir tes départs et tes retours.

Elle murmure ce que je suis : un roc, un vaisseau, toujours à l'assaut des lames les plus écumantes.

Quelque chose s'approche, et je m'extrais avec lenteur.

Je m'accroche à l'écriture, brûlant zéphir.

Que ça change ! L'ancre, les voiles, la boussole !

Je n'ai rien à attendre de toi.

Sur cette amertume, bon vent !

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