Je flotte dans le cosmos, jouissant de mon corps glorieux façonné comme celui du Christ ressuscité, je caresse les étoiles, avant de plonger dans l’océan glacé d’une exoterre. Je retiens ma respiration, comprimé par des centaines de milliers d’atmosphères, perforant les eaux noires à vitesse supersonique, expérimentant la supercavitation avec mon corps d’Apollon.

Je me téléporte dans une vallée ombragée, pour me joindre à une orgie brutale organisée sous des tentes de velours, le sang saturé d’oxygène, de nitreux et de stupéfiants, avant de me retrancher dans une petite villa italienne, sur les bords de la réplique du lac de Côme.

Je me délecte de mes cinq sens et, me faisant la réflexion que ce n’est pas assez, je décide d’en créer cinq cents. Assisté par mes IA, je me laisse aller à leurs suggestions basées sur leurs connaissances encyclopédiques des fonctions sensorielles du monde animal, puisant ça et là dans les œuvres de poésie et de science-fiction pour inventer de nouvelles sensations.

Fort de mes nouveaux sens, sous la forme du Shrike de Dan Simmons, je pars pour une petite excursion d’un millénaire à travers un nouveau cosmos conçu sur mesure, avant de réinvestir le corps simulé d’un mortel, souffrant et ahanant en plein soleil, sur un versant escarpé des Pyrénées. J’inspecte mon baudrier, je replante quelques pitons, et je reprends mon ascension.

Lassé, avisant le ciel bleu, je prends une grande inspiration, puis je me laisse chuter dans le vide, en fermant les yeux, attendant une mort violente qui n’en sera pas vraiment une.