Voler comme un oiseau

Une minute de lecture

Les soirs d’été, on s’installait sur le balcon de la salle à manger. Enfin balcon, c’est beaucoup dire. Les baies vitrées s’ouvraient par deux grandes portes fenêtres sur une petite margelle de trente centimètres de profondeur et un garde-corps à barreaux. La vue était très belle, on découvrait la ville, le port, les falaises avec le vieux château et la mer. Les mères discutaient d’un balcon à l’autre toute la soirée. J’adorais m’asseoir sur la margelle, enserrer mes joues entre deux barreaux et passer mes jambes et mes bras entre les barreaux de chaque côté. J’avais l’impression d’être complètement dans le vide, de voler comme un oiseau, d’autant plus qu’au troisième étage, la hauteur était déjà assez importante.

Le port normand où j’habitais avait connu un débarquement des troupes alliées lors de la Seconde Guerre mondiale. Pas le grand débarquement du 6 Juin 1944, non, un premier débarquement le 19 Août 1942 avec des troupes canadiennes essentiellement, une répétition en quelque sorte pour celui du jour J. Une vraie tuerie, les Allemands postés dans les blockhaus en haut des falaises avaient littéralement massacré tous les Canadiens qui débarquaient sur les plages. Des leçons ont été tirées de cet échec pour mener à bien, plus tard, le grand débarquement de 1944.

Lors du vingt-cinquième anniversaire de ce débarquement, la ville et le Canada avaient organisé des commémorations, mais surtout un spectacle grandeur nature du débarquement. La reconstitution des événements était fidèle, des centaines de bateaux militaires de toutes tailles approchaient du rivage pour débarquer. Les artificiers avaient simulé les bombardements avec des fusées éclairantes et les bruits assourdissants des canons. Le balcon de l’appartement était l’endroit idéal, on a pu suivre tout le spectacle. Toutes les familles étaient postées à leurs fenêtres. Le spectacle était magnifique et très impressionnant, mais on n’oubliait pas non plus que la réalité avait fait beaucoup de morts.

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