Les magasins
Au moins une fois par semaine, le samedi après-midi souvent, on allait en ville. D’ailleurs, je ne sais pas vraiment ce qu’on allait y faire. On allait dans les magasins. J’adorais cela.
Mes sœurs et moi, on jouait à la vendeuse : « Et cela vous aimez, vous voulez l’acheter ? ». On touchait à tous les articles en rayon, mais vraiment à tous, tous les articles sans exception. Dans les magasins de vaisselle, ma mère nous prévenait « Attention, vous ne touchez pas, ça casse », et naturellement, on touchait à tout quand même. Les vraies vendeuses exaspérées nous tombaient dessus : « On ne touche pas » ou bien « On regarde avec les yeux, pas avec les mains ». C’était comme cela tout l’après-midi.
De temps en temps, ma mère en avait assez de notre cinéma et nous promettait une baffe, voire nous la donnait. Mais ce n’était pas grave, on se tenait sage cinq minutes, puis on recommençait. Parfois même, on se chamaillait pour savoir laquelle allait jouer le rôle de la vendeuse.
Quel courage elles avaient, jamais ma mère ne nous aurait laissées chez ma grand-mère pour pouvoir faire seule tranquillement ses courses. Non, non, on y allait tous ensemble, même si on leur pourrissait leur shopping.
Souvent elles rencontraient des bonnes femmes et elles babillaient longtemps ensemble. C’était long, on en avait marre. On faisait des bêtises jusqu’à ce qu’elles se disent au revoir. Il faut dire que ma mère était une vraie pipelette et qu’elle connaissait beaucoup de monde. Et même si elle connaissait peu la personne, elle avait l’art de lier la conversation. Elle était particulièrement sociable. Ma grand-mère était plus discrète.
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