Le linoléum
Tous les trois mois à peu près, ma mère cirait le linoléum de la salle à manger. C’était un gros travail, ça lui prenait la journée.
Elle décapait les dalles puis les astiquait avant de passer la cire avec la cireuse, une énorme machine lourde qui avançait en faisant des cercles. On n’avait pas le droit de toucher à la machine. On en avait pas trop envie non plus, elle était trop grosse et sûrement plus lourde que nous. Ensuite, elle faisait briller toute la surface avec un chiffon de laine. Le sol devenait un vrai miroir et très glissant.
Quand on rentrait de l’école et que ma mère avait ciré, les patins étaient obligatoires. C’étaient des morceaux de tissu de feutre épais en forme de grande semelle qu’on mettait sous nos pieds et on glissait avec comme à la patinoire. Ma mère ne manquait jamais de patins, elle en avait de toutes les tailles pour tout le monde.
Le jeu était de faire avec les patins de superbes glissades au travers de la salle à manger et forcément, à un moment, on tombait et laissait des grandes rayures sur le sol brillant.
Ça finissait toujours par une baffe de ma mère.
Annotations