Les bons points
Si tu avais de bonnes notes, la maîtresse distribuait des bons points, c’était une sorte de petits tickets. Dès que tu avais dix bons points, tu les échangeais auprès de la maîtresse contre une belle image, souvent de fleurs, de papillons ou d’oiseaux. Mais si tu n’étais pas sage, elle reprenait les bons points. Tous les jours, j’avais des bons points grâce à mes notes, et tous les jours, elle me les reprenait à cause de mes bavardages. De ce fait, j’avais très peu de belles images.
Un jour, j’ai eu le premier prix de camaraderie. J’en étais très fière et ravie de le montrer à ma mère. Elle m’a répliqué aussitôt : « Ça pour avoir des copines, tu en as, mais pour la sagesse, c’est autre chose ». J’étais un peu déçue, c’était un premier prix quand même.
J’adorais lire, on avait quelques livres de bibliothèque rose ou rouge à la maison, mais j’avais déjà tout lu plusieurs fois. J’empruntais des livres à la bibliothèque de l’école. Celle-ci était installée dans le bureau de la directrice, une dame âgée et très sévère. Je tremblais toujours avant de frapper à sa porte, mais l’envie de lire de nouveaux livres était plus forte. Je prenais mon courage à deux mains, et j’entrais. Elle me laissait choisir mes livres, sans oublier de me faire, au passage, la leçon sur mon indiscipline. A chaque fois, j’espérais qu’elle n’en saurait rien, mais c’était raté, elle était au courant de tout. Je lui promettais d’être sage, promesse que je ne tenais pas bien sûr.
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