Epilogue
Ma mère avait vraiment la main leste. J’en ai pris des baffes. Je dois bien avouer aussi qu’elles étaient très largement méritées. Mais ça n’allait jamais plus loin qu’une baffe ou deux, ou trois tout au plus, si c’était vraiment grave. Rien de bien méchant, en quelque sorte. Je ne peux pas dire avoir été traumatisée par cela.
Ma mère me disait plus tard, que j’étais celle de ses cinq enfants qui lui avait donné le plus de mal. Je la crois volontiers. Je n’aurais pas voulu m’avoir comme enfant. J’étais vraiment infernale, je n’avais peur de rien et j’osais tout avec un culot monstre.
Mon enfance a été heureuse, partagée avec mes deux sœurs. Tous ces souvenirs sont de bons souvenirs.
Ma famille n’était pas une famille de riches, mais nous n’avons jamais manqué de rien. Nous avions toujours ce qui se faisait de mieux. Le logement était agréable et confortable. Ma mère avait tout l’équipement ménager moderne dont elle avait besoin.
A cette époque, on ne gaspillait pas. On réparait, on recyclait, on n’achetait que le nécessaire.
Les enfants s’amusaient avec peu. On n’était pas submergés par l’abondance de jouets, on en avait quelques-uns, mais sans excès. C’était notre imagination et notre créativité qui remplaçaient les jouets. En ce qui me concerne, l’imagination me faisait rarement défaut, je dirais même qu’elle était plutôt débordante dans mon cas.
Les enfants étaient bien plus indépendants et avaient beaucoup plus de liberté. Quelle mère laisserait aujourd’hui son enfant de six ans aller à l’école, seul, à pied, en parcourant un long trajet ? Elle serait vite jugée comme mauvaise mère. Je suis presque sûre que certaines personnes alerteraient même les services sociaux pour manquement à son rôle parental.
On dit souvent que les enfants sont moins indépendants, parce qu’aujourd’hui les dangers sont plus grands. N’est-ce pas plutôt que les parents sont plus inquiets et donc plus protecteurs ? Il est vrai que la communication est telle actuellement, que le moindre fait divers à l’autre bout du monde est connu immédiatement, de quoi largement augmenter le sentiment d’insécurité des parents.
La liberté que nous avions à cette époque, nous a permis plus tard de prendre rapidement notre totale indépendance, et de nous forger aux aléas de la vie.
Nous étions beaucoup plus insouciants, probablement bien moins préoccupés des problèmes des adultes que le sont les enfants maintenant. Les parents ne partageaient pas avec les enfants les problèmes des grandes personnes. En quelque sorte, ils nous protégeaient en nous laissant dans l’ignorance.
J’espère simplement que les enfants d’aujourd’hui pourront garder dans leurs mémoires, des souvenirs d’enfance aussi agréables que les miens le sont.
Ce récit a pour simple but de faire découvrir à mes petits-enfants, et à d’autres enfants éventuellement, ce qu’était une enfance dans les années sixties sans téléphone portable, sans jeux vidéo et sans ordinateur. J’espère les avoir intéressés, et peut-être même amusés.
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