L’endroit où ils arrivèrent était spacieux et lumineux. On aurait dit un bureau à première vue, sans doute à cause de la table sur laquelle étaient posées un encrier et une plume.

• Où sommes-nous ? Interrogea la princesse
• Dans la salle des portails, répondit le souverain. Regarde autour de toi, toutes ces sphères alignées au sol devant les murs : ce sont des portails, et chacun d’eux mène vers une destination précise.
• Nous n’avons pas de salle comme celle-ci au palais. Pourquoi ? Demanda Aéléa
• Effectivement, pour la simplet bonne raison que nous ne possédons pas autant de portails. Ne tardons pas, allons à la rencontre de notre amie !
• Votre amie, corrigea Aéléa, je ne la connais pas encore !

Ils furent interrompus par un garde qui entrait dans la pièce. Ce dernier les conduisit auprès d’Ellendil, la souveraine du royaume.

Ellendil était une reine droite. Elle était âgée d’au moins mille ans, ce qui introduit dans l’âge sage chez les Elfes.

Malgré son âge, la reine avait toujours sa beauté d’antan : ses cheveux roux n’avaient pas été ternis par le temps, ses grands yeux dorés étaient encore vifs et scintillants de malice ; sa fine bouche était relevée en un sourire en coin bienveillant.

Ce jour là, elle portait une longue robe jaune-orangée qui mettait en avant sa chevelure et ses yeux. Elle était assise quand ils entrèrent ; elle se leva, et la jeune princesse remarqua que la grande minceur de la reine accentuait sa taille allongée.

Ellendil prit la parole :

• Bienvenue à toi, Lundril, souverain du peuple Sylvestre !
• Je te remercie de ton accueil, Ellendil.
• Que me vaut ta visite, mon ami ?
• Un sujet des plus important dont j'ai à traiter avec toi. Avant tout, laisses-moi te présenter ma fille, Aéléa, qui m'est revenue il y a peu.

Cette dernière s'avança et salua la reine d'un signe de tête.

• Bonjour à vous, reine Ellendil, déclara-t-elle.
• Bonjour à toi, jeune Aéléa, répondit la vieille Elfe, puis se tournant vers son invité : Parlons de ce pourquoi tu es ici, mon ami !
• Un nouvel ennui, un homme, qui sème le trouble dans notre monde.

 Pendant que le roi exposait son plan, Aéléa se perdit dans ses pensées. Elle se dit que si tout les souverains des 5 royaumes elfiques acceptaient ce projet, elle pourrait se porter volontaire...Ellendil accepta de coopérer, et promit de faire circuler le message dans tout le royaume, le plus rapidement possible.

 Le père et sa fille partirent ensuite chez Eldar, souverain des Déserts. Par chance, Ewin, roi du royaume des Mers était là aussi, réglant un problème de frontière avec son voisin. Ils ne virent pas leur ami et sa fille entrer dans la grande salle du trône.

• Eh bien ! intervint Lundril, toujours ces ennuis de frontières ? Depuis toutes ces années ?

Surpris, les deux monarques se retournèrent, puis rejoignirent leur ami et l'adolescente à grands pas.

• Lundril ! s'exclama Ewin avec enthousiasme, mon cher Lundril !
• Ravi de te revoir, Ewina ! répondit l'interpellé en riant.
• Cesse de me ridiculiser devant des jeunes filles !
• Aéléa n'est pas n'importe quelle jeune fille, figure toi !
• Et qui est-elle ? interrogea Eldar
• Ma fille !
• Comment ne l'ai-je pas deviné ! s'exclama Ewin, elle a ton regard !

Lundril leur raconta dans quelles conditions il avait retrouvé sa fille, puis exposa une fois encore son projet de mission.

• Tu m'excuseras, mon cher ami, déclara Ewin quand Lundril eut fini de parler, mais je trouve ton idée absurde, aussi ne laisserais-je pas les jeunes gens de mon peuple se sacrifier.
• Réfléchis-y encore, implora le roi Sylvestre.

Sur-ce, ils partirent, avec pour seul réconfort le consentement du roi Eldar.