2022, 《 Viens Avec Moi 》

Sonee Monroe :

Les pensées en ébullition, mon âme part à la recherche des tendres souvenirs. Où sont-ils passés ? Dans une étendue obscure ils se sont égarés. Factices étaient ces amitiés que je pensais indestructibles, nos liens se sont étiolés. Semblables à des cordons de soie, fragiles et pourtant magnifiques, ils se sont élimés.

Lorsque la nuit apparaît, l'écho de leurs injures s'élève dans le vacarme de ma solitude. La douleur renaît, les coups s'échouent sur mon être recroquevillé.

J'aime la beauté des hommes, les courbes sensuelles de leur robustesse. Qu'y a-t-il de mal à ça ? Je les aime désormais en secret, en silence, mon cœur se fait muet. J'ai peur de leur acharnement, de leur méchanceté. Comment ont-ils osé me blesser, ces âmes que je connais depuis tant d'années, et avec qui j'ai partagé tant de moments d'amitié ? J'ai tenté de résister, mes efforts se sont affaissés lorsque, la rage dans le regard, ils se sont emportés. Mes barrières se sont effritées, j'ai perdu mes amis pour un amour qu'ils ont condamné. Il disait m'adorer mais lorsque la vérité a éclaté, sa colère m'a empoisonné. Dans une cage aux barreaux acérés, j'ai été enfermé. Les moqueries et blessures se sont éveillées, jusqu'à me plonger dans un univers de sombres regrets. Comment ai-je pu l'aimer, ou ne serait-ce que le fantasmer ? Dans mes rêveries pleines de naïveté, je l'ai façonné tendre, dessiné en douceur et splendeur. Mes désirs sont maudits, désormais chimères brumeuses qui me hantent le jour et m'empêchent de dormir lors de ces nuits sans lueur.

Et, dans le chaos de ce monde, mon père m'a effacé. Ses regards dédaigneux et ses traits tirés par le dégoût sont les seules images qu'il me laisse entrevoir. Des bribes brûlantes qui me brisent l'âme et la raison. Suis-je devenu fou de ne plus parvenir à m'apprécier à travers les yeux de celui qui m'a adopté pour m'apporter un peu de paix ?

Puis, le brouillard s'est levé lorsqu'une comète gelée m'a enlacé, moi, ce petit être vaporeux, semblable à un nuage égaré dans ce ciel silencieux. Mon cœur s'est ranimé quand il m'a observé, pour ensuite m'admirer telle une merveille oubliée. J'ai inspiré, l'air s'est apaisé et mon esprit s'est calmé. Pourtant, malgré la beauté de mon astre au cœur givrée, mes sourires se font aussi rares que ses éclats de rire.

L'amour nous berce souvent, ma comète brisée m'aide à me relever. Je l'adore à m'en aliéner, mon sauveur aux mille lumières glacées.