~ 3. Trou Noir ~
2023, 《 Le Mélomane 》
Lenny Addams :
Sous un ciel éteint se perd mon âme tourmentée, foudroyée par son terrible rejet. Le mélomane, sur un mélodie funeste fredonne les paroles de nos noces funèbres. Les regrets dansent dans son regard mordoré, mon pianiste s'affole et ne m'aime plus comme lors de ces nuits folles. On s'adorait, tendresse et caresses envolées, sur ses lèvres se dessinent des mots empoisonnés. J'ai parsemé sa peau hâlée de mes baisers, de ma dévotion volatile, de mon admiration subtile et de mes maux incompréhensibles. Je lui ai offert mon amour invincible mais dans les bras d'une étoile obscure, il se prélasse en ignorant mes tourments.
Que suis-je à ses yeux, désormais ? Les fautes m'enlacent dans une étreinte dramatique, le monstre aux canines acérées s'efface et s'endort dans les méandres de ma folie purpurine. Je suis un aliéné épris d'un homme au cœur brisé. Entre mes doigts, j'ai froissé cet organe atrophié ; il est à moi, mon joyaux fissuré, éclaté en morceaux aiguisés. Ils me lancèrent la peau lorsque ma lune opaline embrasse un usurpateur aux iris abyssaux. J'ai égaré l'écrin de mon bijou, la rage nourrit mes idées, mes envies meurtrières et suicidaires. Dans un tombeau glacé, mon pianiste, pour une éternité, nous nous reposerons. Main dans la main, comme autrefois, lorsque ta raison te guidait dans mes bras impatients de te câliner.
Les bleus sur ta peau seront aussi beaux que ma tendre cruauté. Dans un soupir, tes désirs murmurés seront ma propriété, mon ultime souhait avant que ne se déverse le flot de mes pensées assassines. Et dans la mort, notre amour ne sera que magnificence et folle décadence.
Si mon cœur est un trou noir, il absorbera chacun de tes râles d'agonie pour aimer davantage ton visage aux traits fatigués.
Dans la chaleur des enfers, ton sourire m'éblouira comme les flammes incandescentes qui ont ravagées le nid douillet – geôle enflammée – qui a vu naître notre passion inespérée. Je t'ai aimé, adoré, dès l'instant où nos regards se sont croisés, il y a tant d'années. Comment oublier les notes sublimes de nos ébats endiablés, lorsque, dans l'obscurité apparaît ma fascination en souvenirs prohibés ?
Mon pianiste, le sang s'épanchera, ta supernova disparaîtra pour retrouver l'étreinte de mes bras. Dans mon esprit, ton corps alangui est aussi sucré que ma splendide vésanie.
Joue-moi une douce symphonie.
Aime-moi pour une tendre accalmie.
Tue-moi de tes doigts, je serai toujours à toi.
Rejoins-moi, dans l'ombre nous deviendrons de maudits rois.
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