La fille du moulin 

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Je la regardais souvent, depuis la fenêtre de ma serre, dans le jardin.

C’était une grande serre, qui couvrait la moitié du terrain cultivable, mais dans laquelle il ne poussait quasiment rien. On y trouvait trois malheureuses tomates encore épargnées du mildiou, et quelques carottes de la taille de mon index.

Le plus souvent, je n’allais pas dans la serre pour entretenir les cultures, mais juste pour la regarder, elle, la fille du moulin.

Mystérieuse, elle vivait seule, isolée dans son moulin à eau, qu’elle entretenait tant bien que mal. Le fleuve était à sec depuis quelques années déjà, et le flanc Nord du moulin tombait en ruines, mais elle avait tenu à y rester.

Je la voyais, tous les matins, caché dans ma serre, qui partait au travail pour rénover tant bien que mal le vieux bâtiment.

J’avais mille fois envisagé de lui parler, d’aller la voir, de faire connaissance, mais la peur et l’angoisse me clouaient sur place, dans ma serre, face au moulin à eau.

Un soir de tempête, alors qu’il y avait beaucoup de vent, des bourrasques violentes qui balayaient les arbres, couchant les fleurs et les buisson sur son passage, une lumière s’alluma dans le moulin.

Je suis sortie dans l’obscurité, attiré par cette belle lueur flamboyante, quand j’ai compris que c’était un incendie. Un simple feu, attisé par la tempête, qui léchait avidement les abords du moulin.

Alors je suis sorti de chez moi et je me suis mis à courir, bravant le vent et la chaleur, jusqu’au moilin en face de chez moi.

J’ai crié, longtemps, j’ai cherché, j’ai soulevé, j’ai pleuré jusqu’à ce que les secours arrivent.

Quand je me suis reveillé sur un lit d’hopital, les images des flammes dansant sur le batiment me sont revenues à l’esprit. J’ai crié à nouveau, et un soignant est venu :

- Allons, allons ! Calmez vous. Vous êtes en sécurité.

Je lui ai demandé où était la fille, et il a répondu :

- Jeune homme, vous étiez seul dans ce moulin.

Je me suis laissé tomber sur le lit, peinant à respirer.

J’avais inventé la fille du moulin. Elle n’avait jamais existé. Fils unique, ayant perdu ma mère il y a sept ans, vivant seul dans une cabane avec mon père, je souffrais cruellement de solitude. Je m’étais inventé une amie.

Les semaines suivantes, j’ai entrepris de restaurer le moulin à eau, et depuis la fenêtre près du fleuve à sec, je regardais ma serre en riant.

Quoiqu’on puisse en dire, la fille du moulin était avec moi, à mes cotés pour toujours.

Puis j’ai ris, et je suis parti vers le champ en lui tendant la main.

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