Avant de commencer à raconter l'exploration des bonheurs interdits, l'accusée sonde son public. Au premier rang, Monsieur Thomas n'est pas le seul homme dont elle ait décliné les avances, mais d'entre tous, il est celui qui la rebute le plus.

Caroline n'a jamais pu sentir cet individu et elle s'étonne finalement très peu de le retrouver aux premières loges pour condamner les actes auxquels il aurait, en toute sincérité, rêvé de se voir convié. En sa présence, Caroline a toujours ressenti un sentiment de malaise. Derrière son large sourire hypocrite, il émane de son être un mélange de malveillance et de petites piques assassines décochées à la moindre occasion. Il aurait été un piètre invité. Trop content d'y toucher et malgré tout infiniment honteux, il fait partie de ces personnes qui se laissent faire jusqu'au moment où ils retournent leur veste pour reprocher à l'autre l'inconvenance des plaisirs partagés "à l'insu de leur plein gré".

"Est-il là pour se venger, pour que plus personne ne puisse obtenir ce que je lui ai refusé, ou pour me posséder par procuration en visionnant les scènes qu'il aurait désiré vivre ?", se demande Caroline SKy. Quoi qu'il en soit, nul doute que la morale et la conduite exemplaire de Monsieur Thomas l'ont placé parmi ceux qui se sont fait un devoir de regarder les vidéos insoutenables de l'enquête et qu'il les a visionnées sans rechigner, s'épanchant de toutes les larmes de son corps devant l'indicible, quitte à finir déshydraté.

Cachés au fond de la salle, Caroline est soudain chagrinée d'apercevoir John et Hervé : ces hommes qu'elle a quelque peu aimés pendant un temps. Eux aussi sont venus se baigner avec elle sous la cascade. Caroline note qu'ils sont accompagnés de leurs épouses. "Les lâches ont préféré ne pas contredire leurs femmes plutôt que de défendre leurs opinions. Leurs couples vont donc toujours aussi mal.", pense Caroline en imaginant la scène qu'elles feraient si elles savaient. "À moins qu'ils aient réussi à s'infiltrer et à faire détruire quelques enregistrements compromettants. Ce serait malin et finalement pas si étonnant de leur part." se ravise-t-elle. En tout cas, leurs regards sont loin d'être hostiles, contrairement à ceux des mégères qui les accompagnent. Pourtant, si elles savaient les plaisirs qu'elles lui doivent ! "Soit elles sont trop prudes pour avoir su profiter de ce qu'elle a appris à leurs maris, soit elles pensent que le mode d'emploi leur est venu par la force du saint esprit.", pense Caroline avant de recommencer à balayer la salle des yeux et de se pétrifier dans le regard de Diego.