Ch1 (1/2) [Réécris]
Une immense pleine lune brillait dans le ciel nocturne du royaume d’Erganane. La pâle lumière argentée illuminait les flancs de la montagne des éléments. Au pied du massif, formant la frontière naturelle avec le royaume d’Inguadia, pays des amazones, le village du clan Arginanes dormait d’un sommeil profond. Seule une légère brise perturbait le silence de la vallée, ainsi qu’un écho métallique résonnant depuis le sommet du pic.
Là, dans une petite forge située sur un plateau rocheux, logé contre le flanc nord de la montagne, Udiir, le jeune forgeron, poursuivait son œuvre malgré l’heure tardive. Il devait finir cette commande d’épées pour le seigneur du fief d’Arguane. Mais travailler tard ne le gênait pas. Forger était sa passion et il appréciait le seigneur Jayce Marteau-Stellaire ainsi que son fils Mathias. Mener à bien une tâche confiée par cet homme, la rendait plus gratifiante à ses yeux.
Udiir martela l’acier rougeoyant pendant de longues minutes, puis il stoppa son geste. Il inspecta la lame et le plus naturellement du monde, l’empoigna fermement ce sa main nue. Il sentait à peine la chaleur produite par la lame chauffée à blanc. Voyant un défaut, le jeune forgeron se concentra. Aussitôt son poing tenant la pièce d’acier, irradia d’une lueur orangée et s’embrasa. Il se remit alors à marteler sereinement la pièce de métal.
Il fallut une demi-heure à Udiir pour être satisfait de son travail et une heure complète pour empaqueter les quarante épées qu’il avait forgé. Épuisé et couvert de suie le jeune homme s’écroula sur son lit, sans prendre la peine de se déshabiller.
Il fut réveillé par un rugissement familier ; il savait très bien ce qu’il signifiait. Udiir se redressa d’un bond sur son matelas, jetant un regard sur l’horloge accrochée au mur de sa demeure ; il était presque neuf heures du matin et le seigneur Jayce arriverait dans une heure et demie. Le forgeron comprit qu’il n’avait pas le temps de se laver, il se contenta donc de se décrasser le visage et les mains.
D’une main il saisit le paquetage en cuir, contenant la commande, et de l’autre sa tunique en peau d’ours. Enfilant cette dernière à la hâte, il en rabattit la capuche sur son visage. Puis, il dévala les quelques marches, faite de planches, du perron de sa demeure. Devant l’entrée l’attendait la responsable de ce rugissement : Alka, son ourse apprivoisée et amie de toujours. Udiir fixa la selle en cuir sur le dos de sa monture, attacha le paquetage, enfourcha l’imposante bête et la lança à toute vitesse en direction du village, espérant arriver à l’heure.
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