Ch 2 (2/2) [Réécris]
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Udiir se tenait devant une caverne, cette scène lui était familière, trop familière. Il observa ses vêtements et son corps : petit et trapu, ses habits étaient en lambeau. Il comprit bien vite qu’il rêvait, encore. Ou plutôt il revivait un de ses plus mauvais souvenirs.
Une violente sensation d’énervement monta en lui. Il détestait quand les esprits s’insinuaient ainsi dans ses rêves pour le convoquer. Il planta ses pieds dans le sol et parla d’une voix forte qui laissait transparaître toute sa détermination.
« Esprits, je suis à votre écoute, formulez donc clairement votre requête au lieu de vous cacher derrière des illusions. »
Sitôt ces paroles prononcées, un puissant rugissement se fit entendre. La silhouette d’une immense créature se dessina devant l’entrée de la grotte. Un ursidé d’une taille titanesque se tenait à présent devant Udiir, qui ne s’en effraya pas. Il savait très bien à qui il avait à faire. L’ours, à présent à moins d’un mètre de lui, se dressa sur ses pattes arrière. On aurait cru voir une fourmi face à une montagne. L’animal prit la parole, sa voix venait de partout à la fois.
─ Chaman Udiir il faut te réveiller, les éléments et moi avons à te parler.
─ Maintenant mais...
Udiir n’eut pas le temps de finir sa phrase, Ursun s’effaça avec la caverne comme happé par l’ombre. Le jeune homme flottait à présent dans une obscurité totale. Quatre silhouettes humanoïdes l’entourèrent, mais, malgré la situation Udiir n’avait pas peur, il connaissait les entités qui l’entouraient.
Udiir voulut parler, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Alors les voix des quatre esprits résonnèrent comme un coup de tonnerre.
─ REVEILLE TOI UDIIR !!
Le jeune homme fut arraché à son sommeil. Il crut plonger dans un bain d’eau glacée. Il toussa violemment, comme s’il avait échappé à la noyade. Udiir se redressa, et en titubant, sortit de sa maison. S’avançant sur le plateau rocheux de sa demeure, il se dirigea vers la partie la plus au nord.
À cet endroit du plateau se dressaient quatre monolithes disposés en cercle. Sur chacune des pierre, des symboles et des runes étaient gravés. La surface du cercle était composée d’une plateforme d’obsidienne lisse.
Pour le commun des mortels, ce cercle monolithique n’était qu’une curiosité de la nature engendrée par l’érosion, mais pour Udiir, la vérité était toute autre. Pour lui, ce cercle symbolisait le centre de son univers, la définition de son être.
Udiir se plaça au centre du cercle. Il ferma les yeux et inspira profondément comme il avait l’habitude de le faire pour communier avec les éléments. Le jeune chaman écarta les bras dans un geste très solennel et d’une voix aussi puissante que le tonnerre il clama :
« Esprits de l’air, de l’eau, du feu et de la terre, moi Udiir Al’Dann, chaman d’Ursun j’ai entendu votre appel, et devant vous je me présente maintenant. »
Le vent se leva, de violentes bourrasques commencèrent à tourbillonner autour d’Udiir. Puis la foudre frappa à plusieurs reprises autour du chaman et le tonnerre rugit. La terre trembla, l’eau jaillit de la montagne, tel un geyser, un violent feu fusa des fissures du sol entourant le cercle.
Et aussi vite qu’il était apparu, le chaos ambiant se calma. Le feu se concentra en une flamme unique au pied du monolithe Sud, les tremblements de terre se regroupèrent au monolithe Nord, l’eau au monolithe Ouest et enfin la tempête choisit l’Est. Les quatre forces de la nature changèrent alors d’apparence, prenant une forme humanoïde : les esprits des éléments s’étaient matérialisés.
La terre avait pris la forme d’une silhouette maternelle au large ventre, dont le corps était composé de terre et de cristaux rocheux. L’eau s’était matérialisée sous une apparence féminine faite d’eau liquide et de vapeur. La tempête, elle, avait choisi une incarnation masculine : son buste était un tourbillon de nuages zébrés d’arcs électriques, dont émergeait, au sommet, un semblant de visage opaque serti d’une paire d’yeux bleu orage crépitant de foudre. Le feu quant à lui s'était transformé en un guerrier en armure de flammes et de magma, armé d’un espadon à lame fine, au regard aussi lumineux que l’astre solaire lui-même.
Les quatre esprits fixaient Udiir d’un regard sévère. Ce fut la terre qui parla la première :
─ Udiir Al’Dann nous t’avons convoqué pour discuter de tes actes et de l’avenir de cette terre.
L’incarnation de la terre-mère avait parlé avec force et sérénité, sa voix provenait des profondeurs du sol elles-mêmes.
─ Que voulez-vous dire, mère Gaïa ? demanda alors le jeune chaman.
Le feu prit la parole à son tour, sa voix faisait l’effet d’un brasier colossal.
─ Ce que « NOUS » voulons dire, jeune chaman c’est que dans peu de temps tu devras sortir de l’ombre et mettre en pratique ce que nous-t-avons enseigné.
À ces mots, Udiir se raidit, sentant des sueurs froides couler le long de son dos. Il reprit la parole.
─ Sous-entendez-vous que je vais devoir faire connaître mon existence au reste du royaume ?
─ Les amazones alliées au Chaos ont créé un second front un peu plus à l’est d’ici, l’ennemi se rapproche de la montagne, Udiir, de ton village. Il est temps de te demander ce que tu veux faire de tes dons et de ton existence. Rester ici toute ta vie ou bien découvrir ce que tu es.
Ainsi avait parlé la tempête. Ses paroles furent tel un roulement de tonnerre, et avant qu’Udiir ne puisse répliquer, les quatre esprits disparurent dans le même chaos qu’ils étaient apparus.
Udiir tenta de les invoquer à nouveau mais les éléments restèrent sourds à ses appels. De rage le jeune chaman frappa le sol de ses poings, ses yeux brillèrent d’un vif éclat et la foudre frappa de concert avec lui. L’impact du coup fissura le sol.
À présent à genoux, Udiir releva la tête, c’est seulement à cet instant qu’il ressentit derrière lui trois présences familières. Avant qu’il ne puisse se retourner, il en eut la confirmation par une voix féminine qu’il ne connaissait que trop bien.
─ Udiir ? Tout va bien petit frère ?
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