Chapitre 9 (4/4)
L’aventurier ne put répondre que par un murmure d’approbation. De son côté la guerrière naine s’était littéralement statufiée devant la démonstration de force de la reine.
Elle déglutit bruyamment, Artha dut l’entendre, car elle se tourna vers elle. La souveraine posa son regard glacé sur l’aventurière. Un court dialogue silencieux sembla avoir lieu entre les deux femmes. Puis la naine baissa son bec-de-corbin, comme si elle hissait son drapeau blanc. Artha esquissa un sourire puis ordonna à ses soldats de mettre les aventuriers aux arrêts avant de les soigner.
Plusieurs minutes plus tard, l’agitation fit place au calme. En apparence, tout du moins, les gardes et les aventuriers ne pouvaient dissimuler leur nervosité à la vue d’Udiir. À la suite de sa démonstration de force, aucun d’eux n’osait croiser son regard, encore moins tenter de l’affronter.
Le chaman était assis sur le perron de la maison de ses parents. Il observait les soldats du seigneur Jace et de la reine surveiller la quarantaine d’aventuriers attachés et assis à même le sol.
La famille d’Udiir ainsi que Mathias Star-Hammer étaient réunis autour de lui, sur le qui-vive. Finalement, Artha et le seigneur Star-Hammer s’avancèrent vers le jeune forgeron.
-Je pense que nous avons une conversation à terminer. Dit la reine.
Udiir acquiesça, mais sa mère et son père exigèrent de prendre part à la conversation. La reine ne voyait pas comment elle aurait pu refuser au vu des événements.
Le groupe se rendit à la grande salle de réunion du village. Une bâtisse en bois de conifère et de granite blanc. La reine fut escortée par les deux plus hauts gradés de son escouade, une mage de bataille en robe écarlate et une paladin en armure argentée. Tous prirent place autour de la table de réunion, la reine et ses subordonnées prirent place d’un côté et Udiir à l’opposé. Ses parents, sa sœur et les deux Star-Hammer restèrent debout tout comme la mage et la guerrière sacrée.
Udiir était légèrement angoissé, les deux femmes qui escortaient Artha ne semblaient pas l’apprécier non plus. Elles dardaient sur lui des yeux remplis d’appréhension et de dégoût. Il ignorait si cela venait de son apparence ou de la démonstration spectaculaire et brutale de ses pouvoirs.
La reine, elle semblait plus étonnée et intriguée qu’écœurée, elle ne perdit pas plus de temps et alla donc droit au but.
-Tout d’abord je tiens à m’excuser pour ce qui vient de se passer Udiir.
-Ce n’est pas votre faute. Assura-t-il.
La paladin martela la table en bois massif.
-Ne parle pas quand tu n’en n’as pas l’autorisation, créature !
Au timbre de sa voix, Udiir se demanda si ce n’était pas une elfe.
-Silpha ! s’exclama Artha, ce ne sont pas des manières ! Il a un nom : Udiir. Je te prierais de t’adresser à lui ainsi.
-Mais…
-Silpha ! La coupa la reine.
Sans rien ajouter, la guerrière se mit au garde à vous. Artha se racla la gorge et reprit :
-Bien, excuse-moi encore pour cela.
-Ne vous excusez pas Majesté, je m’attendais à ce genre de réaction.
La souveraine, visiblement circonspecte, leva un sourcil avant de dire :
-Alors voici ma première question : depuis combien de temps vis tu caché à Erganane ?
-Cela fait dix-sept ans maintenant.
Artha resta impassible, mais ses gardes du corps eurent du mal à masquer leur étonnement. Curieuse de savoir comment il avait fait pour ne pas être découvert plus tôt, la reine lui demanda alors où il s’était caché. Lorsqu’il répondit qu’il avait son refuge dans la montagne, se fut autour de la mage d’intervenir :
-Comment cela est-il possible ? Je croyais que cette montagne était maudite.
Udiir eu un petit rire.
-Seulement pour ceux qui la connaisse mal, mais je vous l’accorde cette la montagne des éléments n’est pas un lieu pour une promenade.
La magicienne et la souveraine plissèrent les yeux visiblement mécontentes de cette réponse.
-Montre-moi. Dit alors Artha.
Udiir ne comprit pas tout de suite.
La paladin martela de nouveau la table :
-La reine exige que tu la guides jusqu’à ta demeure. Blanc- bec !
Face à l’hostilité de la guerrière, le chaman s’efforça de rester de marbre. L’idée de laisser des étrangers entrer dans son domaine, ne lui plaisait gère, mais il supposa que s’il voulait montrer patte blanche, il n’avait pas le choix.
-Soit, mais il vous faudra prendre vos montures.
Roy et Allisya voulurent s’y opposer, mais la reine se montra intransigeante. Moins de cinq minutes, plus tard, le groupe était en selle. Udiir monta sur le dos de sa fidèle Alka. L’ursidé poussa un grognement de bonheur lorsque son cavalier monta sur son dos.
-Donc la rumeur sur ta monture était également véridique. Dit la reine.
-En effet votre majesté.
Les chevaux tremblèrent à la vue du prédateur, mais Udiir ne s’en inquiéta pas. Le forgeron talonna sa monture et ouvrit la marche.
-Ne me perdez pas de vue votre majesté, on se perd facilement sur cette montagne.
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