Le réveil sonne encore et encore. Il sonne tant de fois et si fort que cela tire Rebecca de son sommeil. Marmonnant quelques mots, elle n’est pas encore réveillée. Malgré cela, la jeune fille se lève et sort de sa chambre. En descendant de l’étage, elle commence à sourire. Arrivé sur la dernière marche, elle sourit, croise ses parents et les salue avec enthousiasme.

 Pour Rebecca, ce jour, est très spécial. Elle l’attendait depuis longtemps. Ce sera le plus beau jour de sa vie. Personne d’autre qu’elle ne le sait, personne d’autre qu’elle ne l’a décidé et personne d’autre qu’elle finira la journée avec ce sourire.

 Elle sort de chez elle, fin prête à affronter sa journée. Elle sourit. Elle sourit en sortant de chez elle. Elle sourit au chauffeur de bus. Elle sourit aux passants. Elle sourit à ses camarades. Elle sourit au professeur. Elle sourit encore. Elle sourit toujours. Et elle sourira jusqu’à la fin de sa vie. À chaque sourire qu’elle donne, on le lui rend. Tout le monde aime Rebecca. Qui pourrait ne pas l’aimer ? Qui pourrait ne pas aimer une jeune fille souriante et aimable ?

 Elle était très sociable et avait beaucoup d’amis qui se préoccupaient d’elle. Grâce à elle, eux aussi sourient. Rebecca était comme une grande sœur pour eux. À chaque étape de leur vie, Rebecca était là pour les accompagner. Que ce soit, lorsque Laura avait perdu son téléphone ; lorsque les jumeaux, Nolan et Matthéo se sont fait poursuivre par la voisine, car ils avaient volé son foulard préféré ; ou bien lorsque Thomas s’est fait quitter par sa petite copine ; elle était là. Jamais ils n’imagineraient une vie sans elle.

Certaines fois, Rebecca était introuvable. Cela arrivait fréquemment, plus personne ne s’inquiétait pour elle. On la retrouvait le plus souvent à dormir dans un coin du couloir ou bien à lire ou rêvasser dans une salle de classe. C’était pour elle une sorte de pause sur la vie réelle. Lors de ces moments, elle ne souriait pas. Ou du moins, elle ne souriait pas lorsqu’elle était seule. Quand une personne la visitait, elle reprenait son sourire. Mais un sourire un peu différent. Un sourire plus forcé que d’habitude. Tout le monde savait qu’elle était triste lors de ces moments.

Cela importait peu.

 Rebecca est une personne normale. Elle avait l’habitude de sortir avec ses amies pour faire des boutiques. Elle sortait pendant des heures. Rebecca portait de tout. Que se soient les jeans, les leggins, les shorts ou les jupes en bas ; et les pulls, les vestes en cuir, les robes ou les manteaux en fourrures en haut ; elle semblait toujours ravissante. Sa seule restriction vestimentaire était les manches. Elle n’avait jamais porté des manches courtes. Quelle que soit la saison, elle ne portait que des manches longues. Elle détestait montrer ses bras à d’autres personnes qu’elle. Elle avait peur du regard des autres. Que diraient ils ? Que penseraient ils ? Elle ne pouvait pas le supporter.

 Rebecca était une des plus jolies filles qui existe sur Terre. Des cheveux blonds ondulés encadraient son visage des plus ravissants. Elle avait l’habitude de les attacher parfois en couettes, parfois en tresses. De magnifiques yeux bleus illuminaient son visage. Sa petite tête ronde donnait envie de répendre la paix et l’amour sur toute la planète. Ses petites joues étaient légèrement roses comme si elle était flattée que chaque personne vienne lui parler. Et bien sûr, un sourire des plus rayonnant occupe, occupait et occupera son visage d’ange à chaque seconde de sa vie.

 Beaucoup de personnes l'aimaient. Beaucoup trop. Elle en avait souvent marre d'être aimé. Elle détestait blesser des gens, encore moins des personnes qui l’aiment. Une fois, elle avait imaginé ce que cela fait lorsqu’on se fait briser le cœur. Elle n’avait jamais aimé quelqu’un. Si jamais elle l’avait été, elle aurait directement su conquérir le cœur de l’heureux élu tant elle était charmeuse et attentionée. Elle ne pouvait pas imaginer la douleur ressentie lors d’un refus.

 Cette journée de cours semblait durer une éternité pour Rebecca. Comme tous les adolescents de quinze ans, elle voulait juste se sentir libre et reposée. Elle préférait souffrir plutôt que de réviser ou de travailler. De toutes façons, elle passait les examens brillament. À quoi bon s’acharner, lorsque tout ce passe à merveille ? Rebecca se fichait de ses résultats personnels, ses parents ne lui reprochaient rien. Mais, elle n’hésitait pas une seconde à aider ses amis. Tout le monde à une dette envers Rebecca. Et jamais personne ne pourra l’aider en retour.

 Lorsque la journée de cours fut terminée, elle rentra chez elle. Elle n’attendit pas les personnes avec qui elle avait l’habitude de rentrer. Elle rentra seule. Son père était à l’étranger et sa mère au travail jusqu’à très tard le soir. Elle rentrait seule. Ses parents lui avaient conseillé d’être avec quelqu’un en cas de danger, elle s’en fichait. Elle rentre seule. Le trajet durait 20 minutes et passait par les bois. Elle connaissait le chemin par cœur, elle ne pouvait pas se perdre. Elle était seule. Elle arrive devant sa maison avec le sourire. Le silence pesant l’accueilli. Elle est seule.

Seule.

 Elle monte dans sa chambre, sans un mot, pour rendre ce jour, le meilleur jour de sa vie. Elle le passera seule et avec le sourire.