Mon monstre à moi
On connaît tous un monstre, de près ou de loin. Cruel, abject, grand ou gros. Certains cachent leur jeu et pointent le bout de leur nez lorsque plus rien ne bouge, lorsque la nuit est tombée. D'autres n'ont cure des apparences, et arborent leurs dents au grand jour.
Oui, nous connaissons tous un monstre, qu'on le sache ou non.
Le mien, en revanche, il n'est pas méchant. Il m'aime énormément. Parfois joueur ou taquin, il sait me faire rire et me fait des câlins.
Il ne vient pas tous les soirs, et personne d'autre ne le voit. Lorsqu'il est là, c'est tout un rituel. Il attend que Maman soit couchée, tapi dans l'ombre, il est caché. Il guette. Moi, je retiens mon souffle, je ne fais pas de bruit, l'oreille tendue.
Il ne faut pas réveiller Maman.
Lorsque tout est silencieux, il sort lentement de sa cachette. Sous son poids, le lit grince. Sa main glisse dans mes cheveux, puis il me serre dans ses gros bras. Il m'imprègne de son odeur, comme le font parfois les chats. Immobile, j'attends que le jeu commence. Je sais que c'est parti lorsque sa bouche me chatouille. J'ai peur, quelques fois, mais jamais longtemps car ses mains me caressent avec attention.
On ne fait jamais de bruit, le silence nous entoure. Lui, moi, la nuit.
Au matin, il disparaît pendant que je suis endormie. Au réveil, il redevient Papa, et puis moi, je continue ma vie.
Comme je vous l'ai dit, il n'est pas méchant, mon monstre à moi...
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