La belle demoiselle
Tes courbes sont félines, tes hanches graciles et ta silhouette sensuellement charmeuse. Tu sais posséder un galbe parfaitement adapté à mes mains et à mes besoins. Tu ne cesses d’ailleurs de t’en vanter auprès de tes consœurs avec qui la manufacture a été beaucoup moins clémente. Chaque fois que je passe devant toi, tu exposes ton meilleur profil pour attirer mon attention, tel un tournesol en quête du soleil. Tu aimerais que j’use de tes talents bien plus souvent encore que je ne le fais déjà chaque jour en te glissant entre mes lèvres. Tu te dresses si fièrement que tu n’as aucune crainte quant à l’usure progressive que je t’inflige au fil des mois qui s’égrainent. Tu crois que ta chevelure drue et colorée restera à jamais la plus belle. Mais sache que comme toutes celles avant toi et celles qui arriveront après, tu finiras dans les ordures, jetée de ma main sans vergogne ni arrière-pensée. Sans doute trouveras-tu une autre fonction à ce corps sublime auquel tu tiens tant car on recyclera tes restes et on te mélangera même à d’autres que toi, peut-être même à celles que tu dénigrais tant sur l’étagère. Dans tous les cas, petite brosse à dents, tu ne resteras pas la reine de la salle de bains très longtemps.
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