Saint Daselgan

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MARKUS : Saint Daselgan, c’est un véritable privilège, que dis-je, un honneur de vous avoir sur le plateau aujourd’hui.

DASELGAN : Tout l’honneur est en Ao.

MARKUS : C… certes, je crois… Et puisque vous abordez d’ores et déjà le sujet, permettez-moi d’entamer la première question sans attendre. Vous êtes le seul Pensant à avoir rencontré Ao je pense, me trompé-je ?

DASELGAN : Que neni, quelle idée ! Personne ne peut rencontrer Ao, puisque la rencontre d’Ao est universelle et continue !

MARKUS : Je vous demande pardon ?

DASELGAN : Ao est, jeune freluquet ! Seules ses manifestations peuvent être rencontrées.

MARKUS : Ce sont donc ces dernières que vous avez rencontrées ?

DASELGAN : Certaines d’entre elles, en effet.

MARKUS : Et que vous ont-elles dit que vous pourriez nous relater ici et maintenant ?

DASELGAN : Ao est.

MARKUS : Ao est ?

DASELGAN : Ao est.

MARKUS : Et c’est tout ?

DASELGAN : Cela ne pourrait ne pas être tout, puisque tout est Ao.

MARKUS : Pardon ?

DASELGAN : Ao est en toute chose. Ao, donc, est — ô manifestations, veuillez excuser cet écart de langage dont le seul but était d’éduquer ce pauvre hère…

MARKUS : Vous… vous venez de prier sur scène ?

DASELGAN : La vie est en effet la scène de bien des prières informulées.

MARKUS : S... sauf votre respect, vous n’êtes pas facile à suivre.

DASELGAN : Or je suis assis. Constatez-vous là toute la dualité de nos existences ?

MARKUS : Je… pense que nous allons attaquer la question suivante. À votre disciple Garman Trosnarii, vous avez appris qu’Ao était une notion accessible à toutes et tous, c’est bien cela ?

DASELGAN : Ao est assurément accessible à toute chose du monde, pour être toute chose du monde. Sa conception même est inhérente à la capacité de concevoir des entités se posant les bonnes questions sur l’existence du Grand Tout au travers du prisme de leur cœur.

MARKUS : N’oubliez pas de respirer. Et donc, toutes les choses du monde peuvent concevoir Ao, c’est bien ce que vous dites ?

DASELGAN : Étranges pensées que sont décidément les vôtres. Non, tenter de concevoir Ao n’a aucun sens. Ao est tout, et tout est Ao. Vous êtes donc Ao, et à ce titre, tenter de le concevoir c’est partir du postulat que vous ne vous concevez pas vous-même. Ce que vous analysez en tentant de Le concevoir, c’est Son être au travers du vôtre qui est Lui. Et vice versa. Vous devez absolument en avoir conscience, en être aware si vous voulez. Concevoir Celui qui est, ce n’est rien moins que de l’inception cognitive. Vous me suivez ?

MARKUS : Je vous suis... d'une certaine façon. Je ne sais juste trop ni où ni comment, mais je vous suis.

DASELGAN : C’est fort heureux ! Car la compréhension du Grand Tout est tout de même un peu plus complexe que ces simples concepts que j'ai évoqués.

MARKUS : Nos spectateurs avaient peur de vous l’entendre dire.

DASELGAN : Il n’est nul besoin d’avoir peur, sachez-le. La peur s’éveille à la porte de l’inconnaissance. Or Ao est, je ne pense pas suffisamment le répéter. Et en ce sens, Il est également les réponses à toute chose. Autrement dit, étant vous-même partie intégrante de Lui — comme nous venons de le voir —, il ne se peut que vous n’ayez en vous accès à Ses connaissances.

MARKUS : Vous sous-entendez, si je vous comprends bien — et rien n’est moins sûr —, qu’en acceptant Ao nous avons accès aux vérités du Grand Tout ?

DASELGAN : Vous n’avez même pas besoin de l’accepter, puisqu’Il est. Autrement dit, Sa présence est indépendante de vos états d’âme — fort heureusement, si je puis me permettre. Aussi, vous avez effectivement déjà accès à toutes les vérités du Créé. Et cela, au travers d’une simple constatation…

MARKUS : Une constatation dites-vous ? Quelle est-elle ?!

DASELGAN : Ao est.

MARKUS : J’aurais dû m’en douter…

DASELGAN : Mais vous vous en êtes douté, puisque Ao e…

MARKUS : Sans transition !, revenons-en à notre question initiale : vous avancez donc que tous les animaux sont susceptibles de con… d’avoir conscience d’Ao ?

DASELGAN : Oui, tous les animaux, pour les exactes mêmes raisons évoquées précédemment. Mais également les plantes.

MARKUS : Les… végétaux dites-vous ?

DASELGAN : Bien sûr ! Eux, plus que les mouvants du reste, pour avoir êtes placés sur le monde bien avant ces derniers ! Les plantes connaissent de façon innée l’adage ultime.

MARKUS : Vous parlez de cette phrase qu’il n’est plus besoin de citer ?

DASELGAN : C’est cela. Ao…

MARKUS : Est ! oui, nous avons compris.

DASELGAN : Vous en doutez ?

MARKUS : Admettez que ce n’est pas facile à croire. Vous avancez que, par exemple, lorsqu’une fleur se pose une question métaphysique sur son existence, elle se répond elle-même par…

DASELGAN : Ao est. Oui, c’est cela.

MARKUS : Et un radis ?

DASELGAN : Ao est.

MARKUS : Un haricot ?

DASELGAN : Ao est.

MARKUS : Un buisson ?

DASELGAN : Ao est.

MARKUS : Un arbre ?

DASELGAN : Je s’appele Groot.

MARKUS : Un glaï… pardon ?

DASELGAN : Laissez tomber. Vous comprenez donc pourquoi il est important de respecter les plantes autant que les animaux.

MARKUS : Parce qu’elles font toutes aussi partie d’Ao !

DASELGAN : Exactement, nous progressons. Aussi, lorsque vous dégustez une salade, ce n’est pas la laitue que vous mangez, c’est Ao.

MARKUS : Vous voulez dire que nous serions des… des…

DASELGAN : Des dévoreurs de dieux, oui. Des déicides.

MARKUS : Par Ao, nous sommes donc des monstres !

DASELGAN : Non, des Pensants, c’est pire…

MARKUS : Mais si nous ne pouvons nous nourrir ni d’animaux ni de plantes, comment nous sustenter ? Vous-même, comment faites-vous pour vivre ?

DASELGAN : Que voilà une question cocasse…

MARKUS : Comment cela ?

DASELGAN : Et bien, la réponse à cette question, vous la connaissez !

MARKUS :… ho nooon.

DASELGAN : Ao…

MARKUS : Eeeeeet il est temps de rendre l’antenne ! Merci Saint Daselgan de nous avoir accordé de votre précieux temps, et au plaisir de vous revoir lorsqu’Ao ne sera plus !

DASELGAN : Mais enfin, votre dernière phrase n’a aucun sens ! Comment voulez-vous que… mais, pourquoi appelez-vous le service d’ordre ? Ne vous approchez pas messieurs !... Que faites-vous ? Je vous interdis de… rassoyez-moi !...Non, NON, je ne veux pas partir déjà ! [à partir d'ici, décrescendo dans la voix] Vous avez entendu l’interviewer ? Le pauvre homme est complètement perdu ! Il est de mon devoir de le sauver ! Mais lâchez-moi que malin ! D’ailleurs vous et vos gros muscles, croyez-vous en Ao ? Parce qu’il serait intéressant de…

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