Le wagon se traîne sur la voie, dodelinant dans un bruit de ferraille. Ada observe le paysage défiler par la fenêtre. Absorbée par les saisons qui défilent sur cette vallée encaissée.

Un jeune citadin, tatoué des pieds à la tête, vient s’asseoir sur le siège d’à côté. Il sort une mandarine et commence à l’éplucher.

• Pardon, mais je ne supporte pas cette odeur, pouvez-vous aller manger ailleurs ?
• Non mais c’est quoi ce bordel ! Je fais ce que je veux, j’ai payé mon billet !

Il hurle :

• Vous êtes chiants, vous, les vieux, avec vos manies à la con ! C’est pas possible !
• Bravo pour ces préjugés affligeants, mais parlez-moins fort s’il vous plaît, vous allez réveiller le bébé du wagon et je supporte encore moins les cris d’enfants.
• Je fais ce que veux ! Espèce de vieille bique !

Le bambin hurle à présent, ses pleurs surpassent les injures de l’adolescent colérique.

Pour toute réponse, Ada sort ses écouteurs de sa besace, lance sa playlist et tourne la tête vers la vitre.

Le jeune homme se lève et sort finalement du wagon, en furie, lançant à l’auditoire un « Les gens sont vraiment cons et intolérants, c’est pas possible ! » tonitruant.

Elle sourit.

FIN