Chapitre 13

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Passer ces quelques jours chez Maria me permit de me reconcentrer sur moi-même. Je réussis à répondre aux questions existentielles que je me posais. Je savais exactement ce que j’avais à faire pour retrouver mon fils et j’étais déterminée.


– N’oublie pas que je suis là, si tu as besoin.

– Merci Maria.


Après avoir dit au revoir à l’ensemble des personnes qui vivaient sous ce toit, je fis un tour en ville pour trouver des cadeaux. Une robe pour Élise et une livre d’histoire sur Kelnya pour Ben. De retour au château, c’est Océane qui m’accueillit, les enfants étant à l’école. Mais je ne rentrais pas immédiatement à Glenharm. J’avais promis à Stephania de venir la rencontrer, chez elle. Après une demi-journée d’avion, j’arrivais à Bérandis, Capital de Carandis. Une voiture me récupéra à l’aéroport pour m’emmener au palais de Stephania.


– Bienvenue Elena, m’accueillit-elle avec un grand sourire.


En dix ans, son palais s’était agrandi. Il y avait une toute nouvelle aile, de plus grands jardins, mais surtout une serre chauffée proche de l’entrée. Elle me conduisit dans un salon où son mari et ses filles jouaient ensemble sur la télévision.


– Papa ! rouspéta Luna. Arrête de tricher.

– Je ne suis pas un tricheur, rétorqua Dany, le mari de Stephania.

– Si tu es un tricheur, enchérie Lyra. Tu as trollé Luna.

– Je ne suis pas un tricheur, les filles. Je suis un PGM, vous des noobs, c’est tout. Vous allez devoir rush plus souvent, mes chéries.

– Qu’est-ce qu’ils racontent ? rigolais-je.

– Ne les écoutez pas. Dany parle dans son langage de geek. Enfin, de joueur professionnel.

– Je vois. C’est pour ça que je n’ai rien compris. Il n’a pas changé à ce que je vois.

– Malheureusement non. Il ne m’aide pas avec le Reinaume, mais il joue beaucoup avec nos filles. Je ne peux pas lui reprocher ça. Et ça me fait plaisir de les entendre dire que c’est un tricheur. Car pour avoir joué avec lui, je vous le confirme.

– Tant qu’il n’est pas totalement absent de votre vie et s’occupe quand même de vos filles, c’est le principal.

– Vous avez bien raison. J’ai une assistance, Mia, pour m’aider dans les affaires du Reinaume donc ça ne me dérange pas.


Elle attendit que la partie se termine avant de les prévenir de notre présence. Dany sauvegarda son jeu, éteignit la télévision et s’approcha.


– Votre Majesté, bienvenue en Carrandis, me salua-t-il.

– Merci, Votre Majesté. Vos Altesses, vous êtes ravissante.


Comme à chacune de nos rencontres, Lyra se cachait derrière sa mère. Elle n’avait que sept ans et je la comprenais. Luna quant à elle me salua, souriante, et m’interrogea rapidement sur mon fils, en rougissant. Stephania m’invita ensuite à rejoindre ma chambre temporaire, où mes affaires avaient été emmenées.


– Combien de temps aller vous rester ? me questionna-t-elle

– Je pense repartir demain soir.


Elle s’assit à côté de moi, sur le lit et me questionna sur moi-même. Parler avec Stephania était facile. Elle avait toujours su m’écouter et répondre correctement à mes interrogations, et surtout concernant ma relation avec Ben. Même dix ans plus tard, elle respectait la promesse de sa mère, de m’aider si j’en avais besoin. Pour me rassurer, elle évoqua sa propre relation avec Luna qui testait les limites de sa mère. Finalement, nos deux adolescents n’étaient pas si différents que ça. L’un comme l’autre cherchait à défier l’autorité, à trouver les limites de leurs parents, à trouver leur place.


– Essayer de le prendre à son propre jeu. Il n’est pas content de manger que vous ? Laissez-le manger de son côté, seule. Mais en cuisinant lui-même. Vous verrez, il reviendra vite manger en même temps que vous.

– Ça semble être une bonne idée, je testerais.


Durant le dîner, je compris ce qu’avait voulu dire Stephania. Luna cherchait sans cesse à réfuter tout ce que sa mère disait, même si c’était vrai. Luna ressemblait bien plus à mon fils que ce que je croyais, tandis que Lyra restait la petite fille timide que j’avais toujours connue. En dehors de ses jeux, Dany était un père protecteur et attentif au moindre besoin de ses filles, même si ça ne semblait pas toujours plaire à Stephania. Une fois dans ma chambre, je pus appeler ma femme. Elle fut contente de me savoir en Carrandis, prête à rentrer.


– Il faudra qu’on parle des enfants à ton retour. Il ne leur reste qu’un mois de cours et il faut les inscrire avant le début des vacances scolaires.

– Le collège privé est très bien, Océ. Il est celui qui répondra le mieux à leurs capacités.

– Et s’ils ne veulent pas ?

– Tu as choisi le collège où tu étais ?

– Non.

– Alors eux non plus. Je pourrais envisager de les laisser choisir pour le lycée ou pour une formation professionnelle. Ils sont encore trop jeunes pour choisir un collège.

– Je comprends ta réflexion. Tu veux que je commence à remplir les documents et tu signes à ton retour ?

– Faisons comme ça. Merci mon amour.


Le lycée privé, conseillé par la Directrice des jumeaux, était celui qui allait les aider à progresser et à s’épanouir. Pourtant, je savais déjà que nombreux seraient ceux qui critiqueraient notre décision, pensant que nous les enverrons dans ce collège d’élite uniquement parce que nous en avions les moyens. Ce qui n’était évidemment pas vrai.

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