Chapitre 3

2 minutes de lecture

Dubrovnik ! Voilà une idée lumineuse. Cela faisait certes un sacré bout de route depuis Zadar alors, étudiant la carte routière, ils programmèrent un arrêt aux fameuses cascades du parc Krka (prononcer Krka). Au petit matin, ils se mirent en quête d’une voiture de location et optèrent pour une petite Fiat rouge, parfaitement adaptée à cette dolce vita low cost.

Ramenés plus vite que prévu à la réalité, ils se retrouvèrent passablement serrés à quatre dans cette boîte de conserve, mais c’était les vacances, la joie de vivre était de mise. Enfin pour trois d’entre eux. Car l’une des passagères était d’humeur maussade. Ils apprirent plus tard qu’elle est toujours d’humeur maussade. Rapidement elle exprima une envie irrésistible de fumer et demanda qu’on s’arrête car bien sûr il était impossible de cloper dans un habitacle aussi réduit. L’équipage avait pris la route depuis moins d’une heure, il entra en négociation pour remettre la pause à plus tard. Malgré des trésors d’arguments pour lui faire prendre son mal en patience, rien n’y fit. Pour ne pas ruiner l’ambiance, ils cédèrent au caprice et stoppèrent la voiture pour que Madame fume sa cigarette. Une heure plus tard, même cirque, son désir impérieux de tabac la submergeait, il fallait s’arrêter de toute urgence. A croire que sans sa dose de nicotine elle eut fait un malaise. A ce rythme ils n’étaient pas près d’arriver à Dubrovnik.

Malgré l’affluence de touristes, pour la plupart Allemands ou venants d’Europe du Nord, la visite du parc Krka leur offrit un moment de félicité. Après de bienfaitrices ablutions dans les cascades, la petite troupe se remit en marche dans la boite à sardines rouge. Cette période de l’année était chargée, la seule route longeant la côte était embouteillée. La Fiat, bloquée. Quand l’usine à tabac eut encore la même exigence, ce fut la goutte d’eau qui mit le feu aux poudres. Le conducteur, un colosse mi-viking mi-notaure, arrêta la voiture sur le bas-côté et… s’en alla !

Interloqués, les passagers assistèrent à la scène. Le gars s’avançait d’un pas décidé vers le sommet du coteau. Il se planta les jambes écartées face à l’Adriatique. De loin, il semblait fixer l’horizon et méditer. Et s’il se jetait du haut de la falaise ? Présageant le pire, ils décidèrent de le rejoindre, en accélérant le pas, puis en courant jusqu’à lui. Ils stoppèrent net leur élan à un mètre du géant chevelu. La main gauche sur la hanche, tenant son engin de la droite, il pissait dans le vide. Il est vrai que le paysage d’une rare beauté incitait à la contemplation. Prudemment ils le laissèrent terminer. Ne jamais déranger une bête quand elle est en situation de faiblesse, c’est dangereux. Puis, les deux amis - le cendrier ambulant n’était pas descendu de la voiture - entamèrent un conciliabule avec l’irascible métalleux pour le convaincre de regagner le mini carrosse italien. Finalement après une longue discussion, le sanguin accepta de revenir à la voiture. Ils firent demi-tour dans une ambiance de mort, et ne virent jamais Dubrovnik.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire ODanglace ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0