Dopo l'amore

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« Fabio est mort, Fabio est mort… » se répétait Flavia sans parvenir à y croire.

« Il est mort à cause de moi. Il était parti me rechercher et il a dû commettre une imprudence… »

Accablée par cette idée, elle restait prostrée dans la position dans laquelle elle s’était présentée à Marco, nue sur le canapé.

Son esprit transi avait du mal à réaliser la terrible nouvelle, mais chaque seconde en révélait toute l’horreur.

Les larmes qui s’étaient taries recommencèrent à se répandre librement, alors que le tueur s’éloignait d’elle.

— Je vais prendre une douche, annonça sans ambages celui-ci, se séparant de ses vêtements en les jetant négligemment.

La jeune fille, au son mat de la chemise et du pantalon qui churent près d’elle, lança un regard de biais, entrapercevant le corps nu de son compagnon.

Sa large carrure, tressée de muscles épais, découpait sa silhouette bistre sur les murs blancs du salon.

Son sans-gêne la frappa, mais avait-il vraiment besoin de s’embarrasser de pudeur avec elle, alors qu’elle venait de se donner avec la dernière indécence ?

Il allait certainement éliminer les traces de leur étreinte, comme des souillures indésirables, supposait-elle.

Dans ces circonstances, il n’y avait pas lieu de s’en outrager, elle n’avait que ce qu’elle méritait. Pire, c’était ce qu’elle avait recherché.

Le souvenir de ce qui était arrivé à Fabio abattit ces remords, et elle sombra tout à fait dans le chagrin.

Entre deux sanglots, elle s’assit sur le canapé et rabattit sa robe sur elle en l’agrippant de toutes ses forces.

L’image du visage joyeux de son jeune complice et le souvenir de son naturel optimiste se rappelaient à elle si vivants que c’en était une torture.

Elle comprima ses tempes qui battaient douloureusement. Ça ne pouvait être vrai, ce n’était pas possible ! Non pas qu’elle se fut leurrée sur l’issue probable de tout leur projet, mais il était la vie même, avec sa force de caractère qui lui permettait de garder le sourire en toutes circonstances.

On ne pouvait pas tuer la vie elle-même... Elle sourit amèrement à cette idée contradictoire.

Si, tous mourraient, c’était inéluctable, et jeunes, dans ce milieu féroce.

Le jeune mafieux avait évoqué devant elle son enfance solitaire dans la rue, vivotant d’expédients jusqu’à ce que le capo ne le recueille et lui ouvre de nouvelles perspectives. Certes, celles-ci étaient discutables, mais il avait survécu en échappant au terrible sort de ceux qui jonchaient les trottoirs de sa chère Naples.

C’était l’archétype du scugnizzo, le gamin vif et rusé des rues napolitaines. Ils étaient comme lui des milliers, errant désespérément en quête d’un moyen de subsister, vivant au jour le jour. D’innocentes victimes de la pauvreté. Un seul moyen d’en sortir : se faire criminel.

De victimes, nombreux se muaient en bourreaux. Pour survivre, il fallait oppresser l’autre, le voler, le tuer. L’éternelle lutte des plus faibles qui profitait aux puissants.

Tout ce gâchis la rendait malade.

Son malaise l’empêchait de ressentir l’inconfort de sa position. La fraicheur ambiante ne hérissait pas même sa peau, la chaleur des larmes qui inondaient ses joues formait un rempart contre toute autre sensation.

Un long moment s’écoula avant que le bruit d’une porte qui s’ouvrait ne se fraye un chemin jusqu’à ses tympans. Marco sortait de la douche. D’un bond, elle se hissa jusqu’à l’assise du canapé, où elle se ramassa, tirant sur elle sa robe dans un élan de dignité. Au même moment, elle eut la sensation désagréable de la semence qui se répandait à l’orée de ses cuisses.

Cela était bien vain, car l’homme ne jeta pas un regard sur elle. Pour échapper au profond embarras qui l’assaillait, elle s’engouffra dans la salle de bains.

Alors qu’elle frictionnait son corps avec la dernière énergie, ses pensées erraient de Marco à Fabio.

Culpabilisant de se préoccuper de considérations aussi futiles que sa relation avec le caporegime, elle s’infligea plusieurs gifles cinglantes pour se recentrer sur la peine que lui donnait la mort du jeune mafieux.

« Ingrate ! fille frivole ! » rageait-elle entre ses dents serrées, alors que les coups pleuvaient.

Elle s’effondra enfin à genoux, laissant l’eau et les larmes éteindre le feu de ses joues.

La température fraîchit, le cumulus avait dû épuiser sa réserve d’eau chaude.

Flavia se redressa brusquement et se sécha avec la même frénésie. Malgré cela, son visage restait humide, baigné par les pleurs, indifférent à l’action de la serviette qui s’acharnait.

Enveloppée dans le drap de bain, elle s’aventura à l’extérieur. Un délicieux fumet emplissait l’appartement, accompagné du grésillement de quelque chose qui rissolait dans une poêle.

Le tueur faisait donc la cuisine ! constata-t-elle en pénétrant dans la cuisine, éberluée par le spectacle qui s'offrait à elle.

Celui-ci avait revêtu son élégant ensemble Barbati et faisait frire consciencieusement des sandwichs triangle, préalablement panés.

Décontenancée par cette vision, elle ne put retenir la remarque qui lui vint à l’esprit.

— Comment peux-tu avoir faim après ce que tu m’as annoncé ?

Maniant le manche d’une main pour dorer harmonieusement les deux faces du pain de mie, il se retourna vers elle. Ses yeux de charbon révélaient son agacement.

— Et comment ai-je pu te baiser aussi ? Ça, ça ne t’interroge pas ?

Et il reporta aussitôt son attention sur le plat qu’il préparait. S’il paraissait maître de lui-même, maniant l’ustensile avec précision et habileté, sa mâchoire creusée pas la contraction des muscles trahissait la rage qui bouillait à l’intérieur de lui-même.

— J’ai fait avec ce que j’ai pu, il n’y a pas grand-chose dans tes placards. Rien de frais en tout cas. J’ai pris ton pain rassis pour faire de la mozzarella in carrozza. Tu devrais acheter des fruits et des légumes pour changer, lui conseilla-t-il d’un ton acerbe en retournant l’en-cas pour frire la chapelure sur l’autre face.

Mais la jeune fille demeurée figée près de lui, le dévisageant de ses yeux écarquillés. Elle était estomaquée par l’indifférence qu’elle croyait déceler dans son comportement.

C’amma fà ? Qu’est-ce que je peux faire d’autre ? Je lui ai proposé mille fois de lui apprendre à manier les revolvers, je lui ai dit de ne pas s’aventurer seul dans la ville… Je lui ai dit d’arrêter de s’en faire pour toi..., après tout, tu es une grande fille. Tu n’avais pas besoin de chaperon. Voilà, maintenant il est mort. Dès qu’il a été repéré, il a été traqué par une légion de tueurs, qui avaient l’air drôlement bien coordonnés avec ces saletés de flics. J’ai moi-même pu me glisser entre les mailles du filet, directement au cœur de la souricière, mais c’était trop tard.

Quand je suis arrivé, ils étaient tous regroupés autour de son cadavre, ils se fichaient de lui. Bien entendu, je leur ai fait définitivement passer l’envie de rire. Mais je n’ai rien pu faire d’autre pour lui.

S’appuyant sur le plan de travail, Marco marqua une pause dans son monologue, prenant un grande inspiration.

—Ces piezze ‘mmerda l’ont truffé de plomb. Ils s’en sont mordus les doigts, parce que ce soir, je leur ai rendu au vingtuple leur forfait. Ça ne sert à rien de pleurer maintenant, c’est inutile. Il faut le venger.

Et il s’attabla avec son plat, le dévorant à belles dents.

— Tu en veux un morceau ? proposa-t-il en relevant un court instant le regard vers Flavia, toujours interdite.

Celle-ci secoua la tête en signe de refus et regagna sa chambre.

Force était de constater qu’il avait raison de réagir ainsi, gardant la tête froide. Sans apitoiement inutile, il avait pris les bonnes décisions, et avait commencé à agir immédiatement.

Elle sécha sur son visage les dernières traces du chagrin qui lui serrait toujours le cœur et enfila nuisette et robe de chambre avant de rejoindre l’homme.

Ce dernier avait déjà rangé la cuisine, qui ne portait plus de trace de son repas nocturne et s’apprêtait à repartir. Mais la jeune fille commençait tout juste à retrouver un peu de courage et cette nouvelle défection lui parut intolérable.

— Reste cette nuit, s’il te plaît, lui demanda-t-elle en tâchant de contenir le feu qui tentait de se frayer un chemin jusqu’à ses joues.

Marco se retourna à moitié, levant un sourcil moqueur.

— Tu vas te faire remarquer si tu pars à cette heure-ci. Il n’y a personne dans les rues et on ne sait pas s’il existe ou non un risque que tu les croises. Reste dormir ici, réitéra-t-elle pour dissiper les doutes sur la raison de sa demande. Tu partiras demain matin, quand les rues seront à nouveau bondées, tu te noieras dans la foule, se justifia-t-elle. Je ne te demande pas de coucher à nouveau avec moi.

L’homme posa ses poings fermés sur les hanches, réfléchissant à cette suggestion.

— Bien, tu as raison. Je dormirai sur le canapé, conclut-il en replaçant sa veste sur le portemanteau.

— Je t’apporte une couverture et un coussin, annonça la jeune fille en faisant un geste vers la penderie toute proche.

— Non, c’est bon, répondit-il en déboutonnant sa chemise pour la suspendre, elle aussi afin de ne pas la froisser en dormant tout habillé.

C’était la première fois qu’elle était pleinement confrontée à la nudité, même partielle de son amant de passage.

Elle ne put s’empêcher de détailler son buste large aux pectoraux développés, recouverts de poils noirs frisés, sur lesquelles les tétons formaient de petites taches plus claires. Mais en une fraction de seconde, elle s’arracha à cette dangereuse contemplation et se réfugia précipitamment dans sa chambre, lui souhaitant d’une voix sourde de passer une bonne nuit.

Soupirant bruyamment, il s’allongea et ferma les yeux pour trouver un peu de repos. Cependant, le martèlement rapide de touches d’ordinateur irrita ses oreilles. Il aimait le silence, et ce soir, il avait particulièrement besoin de calme.

Se levant promptement, il se dirigea pour demander à sa logeuse d’un soir de faire moins de bruit. Celle-ci s’était allongée sur le ventre sur son lit et pianotait furieusement sur le laptop pour s’avancer dans son travail.

Ce devoir ennuyeux lui avait semblé un parfait expédient pour oublier la présence si près d’elle de l’objet de toutes ses convoitises, qu’elle brûlait d’aller rejoindre pour un second acte passionné. Elle aurait tellement aimé l’observer pendant qu’il la baisait, pour savoir s’il la désirait comme elle le désirait…

Qu’est-ce qui l’avait donc motivé à accéder à sa folle demande ? Cette question l’obnubilait alors qu’elle compilait les textes dont elle aurait besoin pour faire son discours au colloque qui se rapprochait. Pour s’en détourner complètement, elle avait glissé sur ses oreilles le casque de son walkman, une antiquité qu’elle trainait depuis son adolescence.

Les notes emplirent le vide autour d’elle, sans parvenir à chasser les pensées qui la harcelaient.

Marco, si près d’elle.

Fabio, loin pour toujours.

Elle commença à fredonner les paroles pour se concentrer dessus, sa voix se joignant au chœur masculin.

« For only the darkness can understand

Where all that it aroused may perish

You who carry the burden of the world

On your sorrowful shoulders

On the way to your end

You have suffered too many betrayals

And into your closed mind

No one ever enters in »

Pendant une seconde, immergée dans la mélodie, elle parvint à s’extraire des sentiments de tristesse et de passion. Jusqu’à ce qu’elle comprenne le message que les chœurs masculins lui assénaient.

« Car seules les ténèbres peuvent comprendre.

Où tout ce qu'elles ont excité peut périr

Toi qui portes le fardeau du monde

Sur tes épaules douloureuses

En route vers ta fin

Tu as subi trop de trahisons

Et dans ton esprit fermé

Personne n'entre jamais »

Voilà qui était clair. Fermer son esprit, à l’amour et à la peine, cette résolution se rappelait à elle à point nommé.

Elle ouvrit le fichier qui contenait son intervention et se lança dans la rédaction de sa présentation.

Mais les écrits du poète latin la renvoyaient sans cesse à l’homme qui devait être en train de dormir dans la pièce adjacente.

Elle était bien loin de s’imaginer qu’il était là, juste derrière elle, figé devant son corps alangui.

Les yeux de lave froide du caporegime suivaient les lignes les jambes dénudées, en caressant du regard les courbes élancées qui s’achevaient sous le coton de la nuisette.

L’envie d’y enfoncer ses doigts pour l’arracher lui vint, mais il la chassa aussitôt. Vraiment, cette sorcière avait l’art d’envoûter les hommes, mais il ne se laisserait plus tenter.

Il revint s’allonger sur le canapé, fermant les yeux pour ne plus penser à la jeune fille étendue à la fois si près et si loin de lui.

Le sommeil fut long à venir, à plusieurs reprises, il faillit se lever et repartir, uniquement arrêté dans son élan par la menace qui sillonnait la ville, au-dehors. Mais il ne la reverrait plus, à chacune de leurs entrevues, elle jetait un trouble incoercible dans son esprit, et cela empirait avec le temps. Rien n‘était plus mauvais pour ses affaires.

Au bout d’un long moment à fixer l’obscurité et à se retourner dans tous les sens, pris d’un agacement sans nom, il finit par s’endormir.

Pendant ce temps-là, Flavia achevait la première partie de son travail, l’introduction était entièrement rédigée et le plan définitif était construit. L’insomnie lui avait même permis de détailler certains développements qu’elle voulait mettre en avant. Bref, pour un exposé oral, c’était de loin suffisant. Bien entendu, son intervention ferait ensuite l’objet d’une publication, mais elle aurait tout le temps de l’étoffer.

Sachant qu’elle ne pourrait opérer dans son état de fatigue de relecture efficace, elle choisit de faire une pause. L’horloge marquait cinq heures du matin, le soleil ne tarderait pas à poindre ses premiers rayons.

Si elle voulait être fraîche le lendemain, il lui fallait dormir un peu, et elle n’y parviendrait pas si elle n’était pas entièrement plongée dans l’obscurité.

Elle se dirigea donc vers la cuisine pour chauffer un bol de lait, espérant que ça l’aiderait à s’assoupir. Mais dès qu’elle sortit de la chambre, elle fut happée par la vision du corps de Marco, à demi nu, un bras glissé sous la tête. Ses sourcils froncés laissaient transparaître une irritation qui semblait le poursuivre même dans ses songes. Cette expression renfrognée était si habituelle pour la jeune fille qu’elle ne la dissuada pas de s’asseoir à côté de lui, cédant à un mouvement incontrôlable.

Agissant de son propre chef, la fine main effleura la toison frisée de l’homme du nombril aux pectoraux. Cet excès de virilité ne s’accordait pas avec l’idéal masculin qu’elle s’était forgé, plus proche de l’apparence androgyne de Malaspina, mais son attrait lui paraissait irrésistible.

Ah, qu’elle aurait aimé y enrouler ses doigts, pour flatter les muscles rigides qu’ils recouvraient suavement. Avait-il perçu l’observation dont il faisait l’objet ? Il grogna en faisant un geste comme pour chasser l’intruse.

Oubliant sa première intention, elle regagna son lit, et après avoir quand même relu son ouvrage, elle sombra enfin dans un sommeil sans rêves. À l’extérieur, l’aube commençait à éclairer la ville, et les rues s’animaient peu à peu.

Marco, toujours sur le qui-vive, fut éveillé par la rumeur naissante montant des échoppes en contrebas qui attiraient les premiers chalands.

Si la nuit avait été rude, pire était la surprise de se retrouver là. Il résolut de s’échapper rapidement, mais comme ses sens demeuraient engourdis, il ouvrit les placards pour trouver de quoi se faire un café. Un sourire étira ses lèvres : Flavia avait quand même une cuccumella, une antique cafetière napolitaine, garante d’authenticité.

À son corps défendant, ce respect des traditions lui plut infiniment. Sa satisfaction s’accentua encore lorsqu’il découvrit du café Kimbo, bien connu pour être torréfié à Naples. Finalement, cette fille se souvenait d’où elle venait, elle n’avait peut-être pas tout à fait mauvais fond.

Après avoir rempli le réservoir d’eau, il ajouta le fin café dans le filtre sans le tasser, d’un geste expert. Puis, il déposa la cafetière sur la plaque chauffante à feu modéré, pour obtenir une légère mousse et bientôt la pression fit monter dans le collecteur le breuvage adulé de tout napolitain qui se respectait. Un sifflement strident se répandit dans tout l’appartement et meurtrit les tympans de la jeune endormie. Elle s’étira péniblement, et jeta un coup d’œil à son téléphone, constatant désagréablement que la matinée était avancée et qu’elle n’avait tiré nul repos de sa courte nuit.

D’où venait ce bruit ? Elle se rappela alors de la présence du tueur, et s’approcha sur la pointe des pieds de la cuisine d’où provenait le vacarme.

L’homme avait revêtu sa chemise, il était aussi frais et apprêté que s’il avait passé la nuit la plus paisible au monde. Son profil altier se découpait sur la faïence qui habillait les murs, occupé à se servir un café comme s’il s’était agi d’une mission délicate.

—Tu en veux un ? lança-t-il à l’adresse de Flavia sans même se retourner vers elle.

— Je veux bien, merci, susurra-t-elle, continuant à l’observer.

Il remplit une tasse, qu’il posa sur la table près d’elle. Un silence gêné s’installa, alors qu’ils dégustaient le mélange amer d’arabica et de robusta. Ils se faisaient face, debout, après s’être rincé les papilles à l’aide d’un verre d’eau, ainsi que c’était la tradition dans leur région d’origine.

Marco était comme ce café, songeait Flavia, ténébreux, âcre, vigoureux, envahissant. Le mafioso croisa son regard, mais le sien restait impénétrable. Elle s’absorba un long moment dans les prunelles sombres, sans réaliser à quel point elle était provocante. De son côté, il la dévisageait sans mot dire, si fluette mais si appétissante. La confrontation s’éternisait, elle détaillait maintenant ses lèvres épaisses qu’elle avait goutées la veille, prise d’une furieuse envie d’y revenir. Ils résistaient l’un à l’autre, peut-être pris par la frénésie qu’infusait dans tout leur être le puissant nectar.

Alors que la tension atteignait son paroxysme, il abattit sa tasse bruyamment sur la table de la cuisine.

— Je peux y aller maintenant, je te laisse. On se tient au courant s’il y a du nouveau. Ne te fourre pas dans une situation périlleuse, je ne peux pas mettre en danger la mission pour toi, énonça-t-il lentement avant de tourner les talons.

Flavia ne sourcilla pas devant la mise en garde, ni devant la dernière déclaration de son amant. Le contraire l’eut étonnée. Il n’aurait pas plus d’égards pour elle que les autres, rien n’avait changé.

— Je suis une grande fille, je sais ce que je fais, répondit-elle en tâchant de se montrer la plus froide possible.

L’homme releva le menton et son regard la toisa une dernière fois. Pouvait-il se montrer plus méprisant ? se demanda-t-elle, alors que la porte d’entrée se refermait sur son amour déçu.

Serrant les dents, la poitrine oppressée, elle se remit au travail. Elle non plus n’avait pas oublié ce qu’elle avait à faire.

Elle serait à l’image du tueur, implacable, jusqu’à ce que tout se termine. Elle vengerait Fabio, Malaspina, Leandro, puis elle trouverait enfin la paix.

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