Cià Cià, Guaglionà*

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Ramassée en boule sur son lit, Flavia sanglota plusieurs heures. Les larmes s'étaient taries sur ses joues mais sa poitrine se soulevait toujours convulsivement. Son esprit était perclus de chagrin, ressassant les dernières heures passées en compagnie de Marco. Il la haïssait, il la méprisait. Évidemment, elle n'était pour lui qu'une trainée qui trouvait son plaisir en s'offrant indistinctement à qui le voulait.

Son sursaut de fierté n'avait duré que le temps de s'enfuir loin de lui, ses forces l'avaient abandonnée dès qu'elle avait refermé derrière elle la porte de sa chambre.

La vue de son lit avait provoqué l'explosion, ce lit où elle avait vécu des étreintes passionnées dans les bras de ses amants. Des amants qui ne l'avaient pas aimée d’ailleurs, c'était paradoxal à en pleurer. Son destin était-il de revivre sans cesse les mêmes déceptions ? N'y avait-il d'autre horizon pour elle que le désespoir ?

Cela venait d'elle, à n'en pas douter. Incapable, donc indigne d'être aimée. Sa force n'était que de façade. Au moindre obstacle, elle trébuchait irrémédiablement, avant de s'effondrer. Ses résolutions avaient fait long feu, annihilées en une seconde par les ténèbres qui résidaient au fond des yeux du tueur. Son seul contact l'embrasait, et près de lui, elle était à nouveau cette gamine ingénue, sans défense face à la férocité du monde. Guaglionà, il l'appelait ainsi, car il avait percé à jour son inconsistance. Elle se sentait fade, insignifiante, c'était normal qu'elle côtoie en permanence le néant, aussi vide que l'était son être. Elle y finirait engloutie, c'était la seule certitude qu'elle avait.

L'heure du diner était dépassée sans qu'il ne vienne s'enquérir d'elle, elle l'avait remarqué en jetant un coup d'œil sur son téléphone. Rien de plus normal au fond, songea-t-elle tristement. Qu'espérait-elle, au juste ?

Heureusement, son corps, mis à rude épreuve, sombra d'épuisement dans un sommeil providentiel.

Plongée dans les limbes, elle ne perçut pas le léger grincement de la porte qui s'ouvrait, le visage du tueur passant prudemment dans l'entrebâillement. Il l'observa ainsi un long moment. Étendue sur le côté, la taille cambrée en arrière, et la tête renversée sur le côté, elle évoquait toute l'ambiguïté d'une statue qui l'avait fasciné dans un ouvrage d'art pendant les rares moments passés sur les bancs de l'école. Son nom était resté gravé dans sa mémoire, la femme piquée par un serpent.

Sous l'apparence d'une courtisane qui s'offrait, c'était en réalité le cadavre d'une femme convulsée que l'artiste avait façonné. Tout comme elle, on n'aurait su déceler si la jeune fille souffrait ou si elle jouissait. Sous la lumière aveugle du plafonnier, elle haletait. Était-ce la chaleur, la souffrance, ou autre chose qui l'opprimait ? Quittant le visage, les yeux du tueur glissèrent sur le corps assoupi.

Le tissu léger de la robe adhérait à sa poitrine. Humecté par la transpiration, il révélait les pointes roses des tétons, se creusait avec le ventre qui expirait, en découvrant les fines jambes jusqu'aux cuisses.

Celles-ci s'entrouvraient, on devinait le mont de Vénus et son duvet vaporeux. Le poing de l'assassin se crispa sur le chambranle, il était lové là il y a à peine quelques heures et il brûlait de s'y réfugier à nouveau.

Il aurait aimé soulever délicatement le voile de coton pour parcourir chaque parcelle de sa peau diaphane, la sentir enfin nue contre lui. Au lieu de la violenter, il aurait dû l'enlever et la déposer là. Ils auraient pris leur temps pour se découvrir, même sans se toucher. Il aurait enroulé ses cheveux dans ses doigts pour attirer sa nuque vers lui et ses lèvres auraient longuement exploré les siennes. Puis il lui aurait fait l'amour, avec voracité peut-être, mais sans brutalité. À cette idée, il soupira bruyamment, la mâchoire serrée. Cette attirance était insensée, elle s'éloignait tant de son idéal que ça lui en semblait presque contre-nature.

À ce moment, l'endormie s'agita, agrippant les draps. Éteignant vivement la lumière, Marco se retira.

Flavia ouvrit les yeux, désorientée. Elle ne savait plus où elle était. Ses mains tâtèrent le lit autour d'elle, étonnées de le trouver aussi large. Dans la confusion, elle s'imaginait toujours être à Rome, dans son petit appartement. La lumière revint en même temps que ses souvenirs, elle se recroquevilla sous le coup de massue. Qu'elle était heureuse dans ses rêves, où Marco était enfin un amant tendre et attentif ! Quel dur retour à la réalité, là où son comportement ne différait en rien de celui du Boss !

L'étau lui enserrait à nouveau la poitrine, alors pour se changer les idées, elle saisit un livre qui trainait dans sa table de chevet depuis des lustres.

Les Fleurs du Mal, un recueil de poésie du français Charles Baudelaire qu'elle avait feuilleté mille fois par le passé. Elle en connaissait chaque mot, chaque pause, chaque enjambement, et chaque rejet.

Elle l'ouvrit, mais elle n'avait pas besoin de lire pour en ressentir la puissante mélancolie. D'une voix tremblante, elle récita le martyre de la jeune femme assassinée par son amant. Faisant volte-face, l'auteur vilipendait ensuite la femme fatale, démon tentateur amenant la destruction. C'était certainement ainsi que la voyait l’homme qu'elle aimait.

Ravalant ses larmes, elle tourna la page, même si ses yeux ne voyaient plus. Un nom se forma, brouillé d'abord, puis le contour des lettres se précisa. Il était là, le Léthé, personnification de l’oubli, le fleuve des enfers que traversaient ceux qui avaient expié leurs péchés pour gagner une nouvelle vie.

"Pour engloutir mes sanglots apaisés

Rien ne me vaut l'abîme de ta couche

L'oubli puissant habite sur ta bouche,

Et le Léthé coule dans tes baisers "

L'oubli, voilà quel était le contrepoison. Il lui était apparu comme évident depuis le début. C'était si simple que ça lui arracha un sourire triste.

Comment y arriverait-elle cette fois ? Comment parvenir à rester forte dans l'adversité ? Devait-elle se droguer comme Maddalena pour insensibiliser son âme ?

Oublier, oublier, elle le répétait maintenant comme un mantra. Elle le répéta, comme une prière, jusqu'à ce qu'éreintée, elle ne s'endorme à nouveau.

Comme si son imprécation avait fonctionné, plus rien ne la troubla cette nuit-là.

Il n'y avait plus que les ténèbres autour d'elle, mais celles-ci la réconfortèrent, contre toute attente. Pour la première fois de sa vie, elle préférait le vide à la douleur que lui avait infligée Marco.

Une chaleur d'enfer régnait toujours sur la Campanie, et si les nuits offraient un répit de fraicheur, le lever du soleil ramenait invariablement la fournaise.

La jeune fille se leva donc baignée de sueur et le ventre contracté par des crampes lancinantes. Elle n'avait rien ingurgité la veille au soir, et son estomac se rappelait douloureusement à elle.

Pour satisfaire la faim qui la tenaillait, elle enfila rapidement un déshabillé fleuri, vestige de son adolescence. Elle eut un moment d'hésitation en franchissant la porte de sa chambre. Un délicieux parfum s'était répandu dans toute la demeure.

Marco se trouvait certainement en bas, sa présence remua quelque chose en elle, mais la sensation lui sembla atténuée, comme si elle était parvenue à l'enfouir.

Et alors ? se gourmanda-t-elle. Et elle claqua la porte bruyamment comme pour prévenir qu'elle était là. Peut-être comprendrait-il le message et aurait-il la décence de s'en aller ?

Mais quand elle arriva dans la cuisine, la table était dressée, garnie de tasses et d’un pastiera fait maison. Le tueur avait tout nettoyé et rangé méticuleusement, il dégustait à présent un café bien serré appuyé au plan de travail. Elle ne put se défendre de lui jeter un coup d'œil à la dérobée. Il était impeccablement vêtu, mais d'une élégance simple, et rasé de près.

L'air de Rome lui avait fait du bien, il y avait gagné en sobriété. Il ne restait rien de la caricature de Lucky Luciano qu'il avait été, pensa-t-elle, bientôt contrariée de s'être ainsi intéressée à lui. D'ailleurs, elle tourna aussitôt les talons pour regagner sa chambre, en affectant le mépris le plus affiché.

— Mange.

L'ordre avait fusé dans son dos alors qu'elle s'apprêtait à quitter la pièce. L'autorité qui émanait de la voix l'arrêta dans son élan.

— Mange. Tu n'as rien avalé depuis hier midi, réitéra l'homme calmement.

La jeune fille n'avait ni le désir ni la force d'engager le fer en ce moment. Elle pouvait tout simplement l'ignorer et s'en retourner d'où elle venait en attendant qu'il quitte la place. Mais sa rancœur parla pour elle.

— Je n'ai pas faim, répondit-elle sur un ton qui oscillait entre agressivité et bouderie.

L'homme n'en parut nullement affecté.

— Nous partons à Naples dans une demi-heure, puis nous rentrerons directement à Rome. Tu ne vas pas rester si longtemps sans manger, surtout par une chaleur pareille.

Flavia avait une furieuse envie de le contredire à nouveau mais une telle suggestion relevait de la sagesse la plus évidente.

Levant les yeux au ciel, elle s'attabla et se servit le breuvage noir qui fumait dans la cucumella.

Ferait-elle honneur à la pâtisserie qu'avait concoctée son ancien amour ? Elle s'en serait bien dispensée mais elle avait diablement faim et ne put se retenir de goûter la pâte sucrée à la ricotta. Pourquoi avait-il préparé ce dessert réservé à la célébration de la résurrection du Christ ? Espérait-il une forme de renaissance ? Telles étaient les réflexions qui la taraudaient alors qu'elle savourait, les yeux rivés à son assiette, la farce aux mille arômes de cannelle, de fleur d'oranger et de fruits confits.

— En fait, il vaut mieux que je te ramène ici après l'enterrement et que tu restes là, recommanda l'homme, qui observait sa comparse dévorer son petit-déjeuner.

Celle-ci fronça les sourcils en levant les yeux vers lui. Pourquoi voulait-il l'écarter ? Encore une manifestation de sa défiance à son égard, elle en était convaincue.

— Et pourquoi resterais-je ici, rétorqua-t-elle, incisive, on n'a toujours pas trouvé là où se terre le Boss ?

Son interlocuteur tiqua légèrement mais reprit rapidement son sang-froid.

— Je peux m'en occuper seul. Tu en as assez fait, il vaut mieux que tu restes ici, répéta-t-il en plantant son regard de charbon dans celui vert d'étang de sa compagne.

— Je n'ai pas fait tout ça pour rien ! s'écria-t-elle.

Elle fulminait maintenant. Une parole infâme lui vint aux lèvres. Elle la prononça lentement en se redressant, altière, froidement.

— Je m'enverrai tous les hommes du Boss s'il le faut. Scemanfù*, éructa-t-elle dans sa langue natale. Cette fois, l'attaque porta. Marco s'avança vers elle, le visage déformé par une explosion de fureur. Il était véritablement effrayant, à bouillonner ainsi de colère.

Il serra les poings, sa bouche s'entrouvrit, prête à riposter. Mais au moment où son courroux allait se déchaîner, les mots lui restèrent coincés dans la gorge. Quelque chose l'empêchait de répliquer, sans qu'il sache précisément quoi.

La mâchoire crispée, il la considéra un long moment en silence. Le duel de regards s'installa. De son côté, Flavia se demandait si elle n'était pas allée trop loin mais elle tint bon. Il était hors de question de baisser les yeux face à lui désormais, ni face à quiconque.

— Qu'est-ce que ça peut bien te faire, de toute façon ? siffla-t-elle, vénéneuse. La tension était à son comble, mais elle ressentit le besoin de la faire retomber, car elle ne savait si elle pourrait tenir encore bien longtemps, malgré toute sa hargne.

Allons-y, trancha-t-elle, avant de se retourner pour ranger ses couverts.

L'homme l'observa encore quelques minutes, l'indignation faisant lentement place à la perplexité.

— Comme tu veux, concéda-t-il avant de la quitter précipitamment pour préparer ses affaires en vue du départ.

Enfin seule, elle fut contrainte de s'appuyer à la table pour se retenir de flancher, prise d'une soudaine faiblesse. Elle ne savait pas si elle pourrait soutenir souvent ce genre de confrontation.

Tout n'était pas si simple, elle l'avait amèrement réalisé par le passé. Il ne suffisait pas de former des résolutions pour s'y tenir, elle avait tant de fois bafoué ses promesses… à commencer par celle que lui avait imposée Leandro, l'enjoignant à ne plus jamais prendre contact avec la mafia. C'était également la volonté de Malaspina...

Lui, Leandro, Marco, tous ces hommes qui ne l'avaient pas aimée... Pourquoi faisait-elle ça pour eux, au juste ? Prise dans le tourbillon des évènements, elle avait perdu pied, et elle s'était perdue elle-même. Tout se brouillait dans sa tête, les mafieux se confondaient tous dans son esprit troublé.

À part Fabio... oui, elle ferait ça pour lui. Il était comme elle un pauvre enfant broyé par le destin, songeait-elle en enfilant la robe noire qu'elle avait portée à l'enterrement de sa mère. D’un geste rapide, elle réajusta le large bracelet manchette qu'elle ne quittait jamais et qui lui servait à dissimuler la cicatrice de la mutilation qu'elle s'était infligée et enroula autour de ses épaules un long châle sombre. Il était temps de partir, maintenant.

Après avoir verrouillé soigneusement toutes les fenêtres de la bâtisse, elle tira péniblement la lourde porte sculptée. En la refermant, elle eut l'impression de laisser derrière elle ses derniers espoirs, mais elle fit jouer d'un coup sec la clé, scellant sa destinée loin de l'amour.

La Delta attendait, déjà en marche et prête à partir. Pour éviter de croiser les yeux de Marco, la jeune fille se retrancha derrière ses lunettes de soleil.

En quittant son domaine, elle contempla une dernière fois la tonnelle de glycine rougeoyante. Certainement, elle ne la reverrait plus jamais fleurir. Marco avait raison d'une certaine manière, elle ne pouvait pas laisser son héritage disparaître. Elle devrait s'occuper de transmettre par testament la propriété du manoir à la famille de son amie d'enfance Chiara. Le choix était raisonnable : ceux-ci étaient les plus à même de tout remettre en état avec leur entreprise de bâtiment. Elle les savait dignes de confiance : ils ne vendraient pas cette résidence pleine de mémoire aux promoteurs qui voulaient la raser pour construire en lieu et place un lucratif lotissement.

Le majestueux portail disparut au détour de la route. Sa poitrine se comprima douloureusement à cette séparation sans retour, cependant, elle contint les larmes qui lui embuaient les yeux. Ce n'était pas le moment de se laisser aller, d'autres adieux l'attendaient.

Elle aurait aimé pouvoir se concentrer sur autre chose, mais la vision du paysage familier qui défilait à l'extérieur faisait naitre une semblable nostalgie, elle reporta toute son attention sur ses mains qui chiffonnaient la jupe. Elle ne vit donc pas les hauts immeubles décrépits de la banlieue approcher.

Alors que leur voiture s'engageait sur la rocade qui menait au centre-ville de Naples, le vibreur du téléphone s'enclencha dans la poche de la chemise du tueur.

Marco le sortit et y jeta un rapide coup d'œil. Immédiatement, il fit une embardée et s'engagea dans une déviation à droite.

— Où vas-tu ? demanda Flavia, intriguée par ce changement de direction. Où a lieu la cérémonie ?

— La messe a lieu à Santa Maria Egiziaca a Forcella, répondit-il laconiquement.

— Mais nous n'allons pas dans la direction de Forcella ! Tu n'as pas pris la bonne sortie, s'inquiéta-t-elle.

— Nous ne pouvons pas y aller, Lorenzo me prévient que les clans adverses ont tout bouclé dans le quartier. La nouvelle de ma venue à l'église a été éventée, les traitres sont légion désormais. Il y a des guetteurs postés partout, ils vont me tomber dessus... et ils vont te démasquer par la même occasion, voire pire.

— Mais je m'en fiche, je veux y aller ! Je veux faire mes adieux à Fabio ! se plaignit-elle, uniquement préoccupée par la mémoire du jeune mafieux.

Sans faire de cas de ces protestations, l'homme se tourna vers la passagère. S'il paraissait calme, les légers plis qui creusaient ses joues trahissaient son irritation. Elle avait depuis appris à reconnaître ce genre de signes.

— Réfléchis, on ne va pas mettre par terre tout ce pour quoi il s'est battu. Tu veux renoncer à abattre le Boss ? Parce que si nous y allons, tout sera perdu, nos efforts auront été vains.

À ces mots, la jeune fille se rejeta sur son siège, vaincue par l'argument. Vaguement boudeuse, elle demeura mutique pendant tout le voyage de retour, un peu vexée de n'avoir pas réfléchi à toutes les conséquences de ses réclamations. Sa réaction avait été puérile, elle aurait dû comprendre toute seule qu'ils ne pouvaient faire autrement que rebrousser chemin. C'était également le fait d'une écervelée d'en vouloir au tueur pour sa décision de bon sens. Mais peu à peu, elle en revint à sa première préoccupation, ses pensées furent chassées par la tristesse de n'avoir pu assister aux funérailles de son ami. Lui et elle avaient tant souffert d’être abandonnés qu'elle tenait à l'accompagner jusqu'au bout, cette fois, même si c'était au fond dérisoire.

Maintenant, elle se trouvait égoïste. En réalité, pleurait-elle sur lui ou sur la perte de la seule personne qui tenait à elle ? Dorénavant, plus personne ne la protégerait, songea-t-elle, navrée, en détournant soigneusement le regard du conducteur. Encore une réflexion immature, se fustigea-t-elle, oui, elle ne pouvait plus compter sur personne. C'était le sens de la vie pour tout un chacun, de se prendre en main et se montrer responsable de ses actes.

Elle en était là de ses méditations quand le véhicule s'immobilisa sur la via Savelli, d'où ils étaient partis la veille. La boucle était bouclée, c'en était à croire que tout ce qui s'était passé ces dernières vingt-quatre heures n'avait été qu'un rêve. Mais la lancinante désillusion du jour passé persistait néanmoins, elle le constata amèrement.

La voix de Marco, surmontant le vrombissement du moteur, la tira de sa mélancolie.

— Encore une fois, laisse-moi m'occuper de tout ça, l'exhorta-t-il en la fixant avec une gravité qu'elle ne lui avait jamais vue.

Cette expression la remua jusqu'au tréfonds de son être, mais elle se ressaisit aussitôt.

— Pas question. C'est moi qui logerai une balle dans la tête à l'infama, déclara-t-elle avec une farouche détermination, avant d'ouvrir la portière. Puis, elle disparut dans la ruelle sombre. Le vent d’octobre la gifla mais elle ne broncha pas, indifférente au froid glacial qui régnait sur Rome. La parenthèse caniculaire s’était refermée.

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* Cià Cià, Guaglionà: Adieu, gamine, en napolitain.

** Scemanfù : je m'en fous en napolitain. Se prononce..." je m'en fous", héritage du passé français de la ville.

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