Désolation, désespoir et chaos, voilà les premiers mots qui étaient parvenus à l’esprit du jeune Arthur lorsqu’il entra dans l’enceinte de la cité de Conradin. Ce jour-là, le temps était maussade, presque orageux. La pluie avait transformé le chemin principal en une mare de boue, le rendant quasiment impraticable et une odeur de bois brûlé et de chair en décomposition ne faisaient qu’ajouter une touche morbide au décor.

La porte, autrefois massive et offrant un certain sentiment de sécurité, était en partie en ruine et les quelques pierres restantes semblaient avoir du mal à trouver un équilibre. Cela faisait deux semaines que le jeune garçon avait déserté la ville. Il était en fait, l’une des rares personnes à être encore de ce monde, échappant au massacre qui avait coûté la vie à de nombreux citoyens.

Le jeune homme descendit de son cheval d’un saut sur le côté et s’approcha de ce qui restait de la place principale. Le jour de l’attaque avait été choisi avec soin. Le mercredi, les marchands avaient l’autorisation du Maire pour exposer leurs biens à l’extérieur, ramenant de nombreux clients vivant à l’extérieur de la cité. Il y avait toujours trop de monde et pas assez d’espace pour se déplacer librement dans les rues. L’attaque était imminente, tout le monde le savait, mais cela n’avait pas suffi pour demander une sécurité supplémentaire et lorsque l’armée de démons arriva, leurs effectifs avaient été bien plus nombreux.

Arthur s’était pourtant juré de ne plus jamais revenir ici, d’oublier son existence même, voulant jusqu’à renier sa vie passée dans cette ville. Mais tourner la page après un drame de ce genre n’était pas aussi simple. Devant assister au mariage de sa sœur aînée, il avait dû se vêtir de noir pour assister à un enterrement grossier des membres de sa famille n’ayant pas été retrouvé parmi le nombre de victimes.

Il tituba dans les ruelles pendant quelques heures, le regard vague, ses pensées tournées vers des souvenirs lui semblant désormais si lointain, presque irréel, à pleurer ses proches.

De retour à son cheval, il attrapa une curieuse bouteille contenant un liquide rosâtre, s’affala sur le bas-côté de la route, dos à un énorme rocher et se mit à boire sans interruption. Avec l’alcool qui commençait à prendre le dessus, un nouveau moment de nostalgie se montra. Qu’allait-il faire de sa vie ? Lui qui voulait à tout prix aider son père à tenir la forge. Il n’en restait que des ruines. Il allait devoir se trouver un nouveau but et devenir Chevalier afin de se venger, lui semblait être une fin envisageable.