2.

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Des crocs, des griffes, des poils. Deux yeux noirs emplis de rage. L’animal se cabre dans d’atroces souffrances alors que son corps encore en partie humain se transforme. Les os craquent, la peau se déchire. Chaque cellule en métamorphose provoque une douleur insoutenable. La lune éclaire sinistrement le jardin. Elle est pleine, aussi ronde que le ventre d’Ambre quelques années plus tôt.

« Louis, c’est moi ! Stop ! » La patte du fauve s’abat sur son meilleur ami, sans le reconnaître.

***

Arrachée de l'inconscience par les secousses d'un joggeur affolé qui lui secouait vivement l’épaule. Elle voyait ses lèvres former des mots, mais impossible de comprendre ce qu’il disait. Sa tête était affreusement lourde et elle avait la bouche pâteuse. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Mais d’ailleurs, où était-elle ? Elle essaya de se rappeler ce qu’il s’était passé avant qu’elle ne s’évanouisse dans cette forêt, mais son cerveau refusait tout simplement de fonctionner. Plus elle tentait de comprendre comment elle s’était retrouvée ici, plus la migraine frappait son crâne endolori. Le dernier souvenir qu’elle avait, c’était son kayak se retournant dans les rapides. Etait-ce ce qu’il s’était passé ? Elle avait chaviré, s’était cognée la tête contre un rocher de la berge pour venir ensuite s’échouer ici ? Mais dans ce cas, où était la rivière ? Pourquoi se trouvait-elle au milieu d’une clairière inconnue ? Face à ces questions sans réponse, elle décida de se focaliser sur l’homme qui l’avait réveillée.

« Est-ce que tout va bien ? S’il te plait, parle-moi ! J’ai appelé les secours, ils ne devraient pas tarder ! Je suis désolé, je n’ai rien à te donner pour te couvrir, mais tu peux prendre mon t-shirt. »

A ces mots, le jeune homme ôta son haut vert pour le lui tendre. Elle l’attrapa sans comprendre.

« Tu devrais te couvrir ou tu vas prendre froid… Qui sait depuis combien de temps tu es dans cette tenue ! »

C’est alors qu’Aurore prit conscience de sa nudité. Plus aucun vêtement ne venait couvrir sa peau, pourtant elle n’avait pas froid. Elle s’empourpra vivement et enfila aussitôt le t-shirt plein de sueur. Il était cependant trop court et elle fut affreusement gênée de ne pouvoir cacher plus son corps. Comprenant sa gêne, le jeune homme se retourna en s’excusant. De ses effets personnels, il ne lui restait que son collier fétiche dont le pendentif représentait une lune et un soleil entremêlés. Elle porta sa main à la chaine d’argent et se rendit compte qu’elle lui brûlait. Tout ceci n’avait aucun sens !

Ils entendirent les pas rapides des secouristes avant de les voir. Ils étaient trois, deux portant une civière et le dernier un kit de premier secours rouge. Les premiers examinèrent Aurore pendant que l’autre interrogeait le jeune sportif. Après diagnostic, Aurore ne souffrait d’aucune blessure mais ils insistèrent pour l’emmener à l’hôpital faire des analyses complémentaires. Le coureur accompagna l’équipe, afin de rester avec la jeune fille déboussolée.

Les examens finis, un médecin en blouse blanche vint annoncer à Aurore qu’elle avait subi un traumatisme, causant une amnésie partielle mais que celle-ci devrait se dissiper d’ici quelque temps. Il lui demanda s’il pouvait prévenir quelqu’un et la jeune fille lui dicta le numéro de portable de ses parents. Une demie heure plus tard, Sylvia et George débarquaient en trombe dans la chambre d’hôpital.

« Mon dieu ! Mon lapin !! J’ai cru que nous t’avions perdue ! s’écria Sylvia, entre deux sanglots.

- Tu nous as fait une peur bleue ! Deux jours que tu as disparu ! continua George, en faisant les cent pas. »

Aurore ne comprenait plus rien. Deux jours ? C’était impossible voyons… Elle voulut parler mais ses nerfs lâchèrent et elle se mit à pleurer. Pendant que Sylvia et George serraient leur fille dans leurs bras, son jeune sauveteur ne savait plus où se mettre. Il finit par se racler la gorge nerveusement pour signaler sa présence. Les parents se retournèrent en même temps, les yeux embués de larmes et vinrent enlacer le jeune homme vêtu d'une blouse d'hôpital.

« Merci… Merci infiniment d’avoir trouvé notre fille ! »

Thomas commença alors à expliquer comment il avait découvert Aurore évanouie dans la clairière.

« Je faisais mon jogging matinal, comme tous les jeudis. Mais cette fois, j'ai continué un peu plus loin que d'habitude. Puis, j'ai trouvé votre fille. Je l’ai tout de suite vue, roulée en boule au centre de la clairière. J’ai ralenti ma course et je me suis approché. Quand j’ai finalement pris conscience de la situation, j’ai complètement paniqué, je l’ai secouée mais elle ne se réveillait pas, alors j’ai appelé les secours et en les attendant j’ai retenté de la réveiller. Elle a fini par ouvrir les yeux et la suite vous la connaissez. »

La famille Lenoir restait muette, sous le choc.

« Aurore, chérie, tu n’as aucun souvenir de ce qu’il s’est passé ? La police nous a dit que tu étais nue… J'ai eu si peur qu'on t'ai… les mots moururent sur les lèvres de Sylvia.

- Non maman, il ne m’est rien arrivé. Ne t’inquiète pas. Je n’ai aucun souvenir si ce n’est que je faisais du kayak et que j’ai chaviré.

- Mais… mon lapin, la rivière était à 30 km de là où l’on t’a retrouvée ! »

Aurore fixa sa mère, les yeux remplis d’incompréhension.

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