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Les deux nourrissons dorment. L’un est calme et l’autre semble avoir le sommeil agité. Leurs petites mains s’agrippent. Les deux jumeaux dorment désormais paisiblement, l’un contre l’autre.

***

Le visage cagoulé, il ôtait une à une les plumes de l'animal affalé sur le sol glacé. Les yeux embués d'alcool, il divaguait. Il finit par mettre à nue la peau rose de la bête à force d'en enlever le plumage. Elle trésaillit faiblement, puis redevint inerte. L'homme repoussa sa chaise de métal en raclant le carrelage bruyamment. Il se dirigea vers la verrerie sur la paillasse.

« Celui-ci sera le bon. Je te vengerai, mon amour. Les garçons sont prêts. Il ne reste que moi. »

Il scotcha une étiquette sur la fiole de sang qu'il tenait dans la main : « Garou-ailé – Juillet 2018 » et il la plaça machinalement avec les autres de sa collection. Il s'assit à son bureau et sortit du tiroir un journal de bord élimé. Il resta un moment interdit devant le cahier, sans oser l'ouvrir. Finalement, il ôta l'élastique et ouvrit l'ouvrage relié de cuir noir. Il tourna quelques pages, prit un stylo dans la poche de sa blouse et commença son rapport.

23 Juillet 2018,

Le spécimen est sous sédatifs, toujours inconscient. Ses signes vitaux sont stables. La réponse occulaire est lente mais présente. Le sérum est en cours de préparation. Il ne manque plus qu'à ajouter le plasma du spécimen et de laisser agir. Demain, je m'injecterai le sérum final.

L'homme referma doucement le journal et le rangea à sa place. Las, il sortit à pas lourds du labo, laissant derrière lui Mattia en état léthargique dans sa geôle. Il passa devant les autres cages, où les trois individus décharnés ressemblaient déjà à des cadavres. Dans la dernière des cellules, un homme à la peau d'ébène faisait les cents pas. Il s'arreta net à la vue de son séquestrateur. Ses yeux verts, animés d'une rage sourde cherchèrent à déstabiliser son ennemi, en vain. Celui-ci continua son chemin sans ralentir.

David se mit à faire des pompes, réfléchissant une énième fois à un plan d'évasion. Il s'avança vers les barreaux et toucha encore l'un d'eux. La vive brûlure sur son doigt lui indiqua qu'ils étaient toujours en argent et qu'aujourd'hui serait son 28ème jour de captivité. Il regarda sa peau meurtie, chronométrant les secondes nécessaires à la guérison. Au bout de la 783ème seconde, le Capitaine Sérian renonça. Il dut se résoudre à admettre que non seulement les brûlures d'argent guérissaient à vitesse humaine mais aussi que son seul espoir de sortir vivant d'ici, c'était que quelqu'un lui vienne en aide. Ce fut la première fois qu'il regretta de n'avoir aucun ami susceptible de s'inquiéter de son sort.

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