25.

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Nikita sent l’odeur de l’humus avant d’ouvrir les yeux. Il sent aussi l’odeur de son frère, encore endormi à ses côtés. Le soleil filtre timidement à travers la canopée des arbres environnants. Gabriel se relève difficilement. Il a mal partout mais aucune blessure n’est visible sur sa peau. Seules quelques bleus sont présents au niveau des piqûres sur son avant-bras. « On est libre… » Gabriel hoche la tête en réponse à la déclaration incrédule de son jumeau. Les deux garçons se retournent d’un seul être, lorsqu’une branche craque dans leur dos. « Marko ! Dieu soit loué, tu es là ! »

***

« Et bien et bien, que vois-je ? Il semblerait que je sois découvert... C'est embêtant... Je ne voulais pas que vous découvriez ça comme ça... »

Marko resta au niveau de la porte et observa ses filleuls d'un regard indéchiffrable.

« Je vois que vous avez fait connaissance avec Aurore, les garçons. Je pense que vous pouvez la remercier. C'est grâce à elle que je vais pouvoir venger votre mère. Pardon... Que nous allons pouvoir venger la mort de votre mère. Viens, Gabriel, et dis à ton frère d'arrêter de grogner comme un animal enragé, je ne vous ai pas élevé comme ça. »

Il s'avança de quelque pas, fixant son filleul d'un regard affectueux.

« Alors mon garçon, qu'attends-tu ? Tu as perdu ta langue ? C'est vrai que tu n'as jamais été le plus bavard... Ton frère faisait toujours plus de bruit, toujours plein d'énergie, prêt à faire des bêtises. Mais toi... tu savais le calmer, tu savais le gérer. »

Il fut un instant perdu dans ses pensées, un sourire nostalgique aux lèvres. Il s'arrêta, sentant Gabriel pendu à ses lèvres et reprit son discours, visiblement improvisé.

« Je ne sais pas par où commencer... J'ai imaginé de nombreuse fois vous révéler la vérité. Non. Attends, voilà, je sais : Gabriel, je te demande pardon. C'était nécessaire. J'avais besoin de vous. Pour votre mère. Je ne voulais pas vous faire de mal, mais j'ai perdu le contrôle... Laisse moi t'expliquer. Tu dois m'aider, tu dois convaincre ton frère de venir avec moi. Nous n'avons plus le temps. Je vous expliquerai tout après, je te le promets, mais pas maintenant. Tu dois me faire confiance. Je t'aime. Je vous aime comme mes fils ! Ô Gabriel, tu lui ressembles tellement... »

A cet instant, Nikita s'élança d'un bond en direction de Marko, ses griffes prêtes à lui trancher la gorge. L'homme resta immobile et d'un revers, envoya son filleul se briser les côtes contre les barreaux de la cellule où David était caché, contredisant d'un geste ses paroles. Nikita laissa échapper un couinement de douleur, Marko regarda sa main avec admiration, comme s'il découvrait sa force pour la première fois. Puis dans un court moment de panique, il se précipita vers le jeune loup, vérifiant qu'il était toujours en vie. Toujours agenouillé près de Nikita, il poursuivit son discours.

« Gabriel, ton frère n'a jamais su comment bien se tenir. Comme votre père, d'ailleurs. J'ai toujours eu du mal à le faire obéir... Mais c'est ce qui fait son charme ! Non ? »

Il caressa le pelage de son filleul, murmura un pardon à son oreille et se tourna vers Gabriel.

« Ecoute moi, sans vous, je ne peux pas venger ta mère. C'est pour ça que tu dois venir. Il t'écoutera. Moi... Il sait... Il se souvient. »

Gabriel ne comprenait plus rien. De quoi parlait-il à la fin ? Tout ce qu'il voyait, c'était son frère, respirant faiblement, ses os brisés le faisant sûrement souffrir atrocement, et ça, c'était intolérable. Surtout que celui qui lui avait fait ça était son parrain, sa famille, et qu'il se permettait de balancer ces paroles mielleuses, une main dans le pelage de Nikita ! Il parlait de vengeance, de leur mère, qu'il avait besoin de lui, d'eux, mais Gabriel n'en avait que faire. Nikita... C'était bien plus que son frère qui agonisait sur le béton froid, c'était une partie de lui même.

« Ne t'avises plus jamais de poser la main sur lui, espèce d'ordure ! tonna Gabriel, les dents serrées.

- Gabriel... Laisse moi t'expliquer... Ensemble nous allons pouv ... »

Marko frisonna, ferma les yeux un instant, la douleur aiguë lui vrillant les tempes l'empêchant de finir sa phrase.

« Aaargh, sors de ma tête ! »

Gabriel vit son parrain se tenir le crâne, le secouant de droite à gauche, puis s'arrêter net, les yeux au sol. Il releva lentement la tête, un sourire carnassier aux lèvres, toute trace d'humanité ayant quitté ses yeux désormais rouges.

« Que la fête commence. »

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