28.
Pourquoi cela ne marche-t-il pas ? Il avait pourtant tout étudier : les loups garous, le virus, les cycles lunaires, la transformation, tout ! Son corps refusait tout simplement d’être infecté… Il est là, allongé à même le sol, cette douleur sourde maintenant familière dans chacun de ses membres. Sa chemise est trempée de sueur. Le loup blanc derrière lui déploie ses ailes en piteux état avant de les rabattre contre ses flancs et de se coucher le plus loin possible des rayons qui éclairent la pièce.
***
Nikita ouvrit les yeux d'un seul coup. Gabriel, il fallait qu'il trouve Gabriel ! Son dos lui faisait atrocement mal et il s'étonna d'être sous forme humaine. Il se remit sur pied et écarquilla les yeux. Devant lui s'offrait le carnage le plus sanglant. Comme Aurore quelques minutes plus tôt, il découvrit les différentes victimes du combat, cherchant son frère parmi elles. Il fut soulager en le découvrant assis à même le sol, souillé de rouge de la tête aux pieds.
« Gabriel ! Oh mon dieu, j'ai eu si peur!»
Gabriel se laissa enlacer par son jumeau, apathique.
« C'était lui. C'était lui. C'était lui, répètait-il, inlassablement.
- Ca va mec ? Qu'est ce que tu marmones ? C'est ton sang, ça ?! Dit moi que c'est pas ton sang ! »
Gabriel planta son regard dans celui de son frère. Ses yeux étaient exhorbités par l'horreur. Il agrippa le bras de son frère, plantant ses ongles dans la peau nue. Il serra si fort que Nikita laissa échapper un cri de douleur.
« C'était lui, Niki. Pourquoi ? Que nous a-t-il fait ? »
Comprenant à quoi son frère faisait allusion, Nikita le serra encore plus fort dans ses bras.
« Je sais pas, Gab... J'en sais rien, bordel... Mais ce que je sais, c'est que ce salaud est mort. Luciole l'a cramé, non ? Ca pue la carcasse grillée et y a un putain de cratère vers la porte !
- Non... murmura Gabriel.
- Quoi ? J'entends rien... Dis-moi, Gab...
- Luciole... »
Aurore se hissa hors du trou et se trouva nez à nez avec les jumeaux enlacés. Nikita eut un mouvement de recul, puis reconnu dans la chevelure de la jeune fille nue, la robe du loup qu'il avait sauvé du labo.
« T'es plutôt pas mal, toi.
- Pardon ?
- Non je disais que t'étais plutôt... pas mal... même si, là, je dois avouer que tu fais grave flipper avec ton regard de folle.
- Tu sais ce qu'il s'est passé ici ? C'est... moi qui ait fait ça ?
- Toi ? Non... Toi t'étais inconsciente quand on t'as trouvée avec Luciole. Elle est où d'ailleurs ? T'as pas vu une femme brune, un peu amorphe, par hasard ? »
Aurore pointa du doigt le cratère qu'elle venait de quitter, le sens de ces paroles ne l'ayant pas encore percutée. Nikita laissa son frère et sauta dans le trou.
« Oh merde ! Luciole ! Ca va ? T'as l'air mal en point... Hey, meuf ! Tu m'entends ? Luciole ! Luciole !! Oh non... Luciole, t'as pas le droit de mourir ! Regarde moi, regarde moi bordel! Tu m'écoutes ? T'as pas le droit ! Ok ? Rentre toi bien ça dans le crâne, vieille peau. T'as pas le droit...»
La voix du garçon était devenue chevrottante à mesure qu'il secouait son amie. Puis elle s'était brisée dans un sanglot quand il avait prit conscience de la mort imminente de son amie. Elle lui sourit, étirant ses lèvres fines dans une grimace comique et souffla quelque mots :
« Je me suis bien amusée. »
Le cri perçant de Nikita résonna dans la pièce pendant de longues secondes. Il pleura de rage, serrant le corps sans vie de celle qui les avait aidés sans même les connaître. Il resta ainsi pendant une éternité, ses membres engourdis par cette position inconfortable. Quand il sentit la main d'Aurore posée sur son épaule, il hissa délicatement Luciole dans ses bras et remonta son cadavre déjà froid avec une extrême tendresse. Aurore et les deux frères se prirent mutuellement la main, cherchant dans la chaleur de l'autre un réconfort qu'ils ne trouvaient plus en eux.
A leur gauche, il eut du mouvement. Un loup gris-bleu se tenait chancelant sur ses pattes, les flancs perforés. Les yeux de Gabriel se révulcèrent et une voix puissante tonna dans leur esprit à tous.
« Vous ne pouvez rien contre moi. J'ai une mission à accomplir et tant que ce sera le cas, je serais invinsible. Gabriel, Nikita, il est encore temps de me rejoindre. »
Le fauve boita jusqu'à la sortie, passa devant eux et sortit. Ses blessures guéries n'étaient déjà pour lui qu'un lointain souvenir.
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